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Entretien avec Mohammed Beavogui, DG du FIDA* «Nous sommes témoins de réussites qui montrent qu'il est possible pour l'agriculture africaine de se développer»
Le Forum pour la Révolution verte africaine s'est terminé le 4 septembre dernier à Accra au Ghana. Après le Professeur Dov Pasternak, Le Soir échos a contacté un deuxième spécialiste du développement agricole africain, Mohammed Beavogui. Directeur général du Fonds International pour le développpement agricole (FIDA) pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre, il évoque dans cet entretien les perspectives économiques de la révolution verte africaine, il évoque dans cet entretien les perspectives économiques de la révolution verte africaine. propos recueillis par céline girard Quel regard portez-vous sur l'organisation et le rôle d'un tel Forum ? Quels sont les enjeux d'une agriculture durable, promue par la révolution verte ? Le principal objectif d'une agriculture durable est d'augmenter la production alimentaire sur le long terme, en améliorant la sécurité alimentaire. Cela implique des initiatives dans le domaine de l'éducation et de la formation. Il faut utiliser des motivations économiques et développer de nouvelles technologies. Le but est d'assurer un approvisionnement stable des besoins, en assurant l'accès des groupes vulnérables aux réserves alimentaires. L'agriculture durable permet également la création d'emploi et de revenus, tout en assurant la protection de l'environnement et la préservation des ressources naturelles. Quelles difficultés l'Afrique rencontre-elle pour développer une agriculture durable ? Les principaux obstacles en Afrique sont : l'accès insuffisant aux ressources et aux technologies de production, la participation insuffisante des communautés locales, la faiblesse des infra-structures, l'inadéquation des cadres légaux de régulation, le manque de recherche et enfin, l'absence d'égalité entre les sexes. Il faut également considérer les changements climatiques, causés principalement par le réchauffement de la Planète. Au cours des trente dernières années, les sécheresses et les inondations ont augmenté, générant de mauvaises récoltes et la perte de cheptel. Un des problèmes majeurs pour la révolution verte réside dans la concertation des efforts entre actionnaires, gouvernements, paysans, ONG et secteur privé. Cette réunion des efforts est nécessaire pour contourner tout ce qui empêcherait l'augmentation de la productivité dans les petites exploitations. Mais malgré tous les obstacles, nous sommes témoins de réussites qui montrent qu'il est possible pour l'agriculture africaine de se développer. Quelles places occupent le secteur privé et le secteur public dans l'agriculture africaine ? Les systèmes d'agriculture en Afrique de l'Ouest et Centrale évoluent rapidement vers un système libéral, où le rôle du secteur privé devient de plus en plus important. En parallèle, les cultures des petites exploitations sont de plus en plus commercialisées. Les réussites observées indiquent que les réponses des gouvernements doivent passer par la mise en place de politiques d'infrastructures et d'institutions en adéquation avec les besoins agricoles. Par exemple, de nombreux gouvernements sont en train de créer un environnement propice à l'agriculture en général, et aux petits exploitants plus spécifiquement. Pour cela, il faut augmenter, pas à pas, les budgets alloués à l'agriculture, conformément à la déclaration de Maputo. Cela facilitera la mise en place des politiques agricoles, d'une meilleure régulation, d'infrastructures et de mesures de protection de l'environnement. Quels sont les besoins les plus importants pour le développement de l'agriculture sur le continent africain? Faut-il mettre l'accent sur la coopération entre les pays ou entre le privé et le public, sur l'augmentation des fonds, ou sur une plus grande prise en charge politique ? Tous ces éléments sont très importants et sont interdépendants. Ensemble, ils peuvent créer une solution durable. Une grande variété d'institutions est impliquée dans la promotion d'une agriculture durable : le secteur public du développement, mais aussi les instituts de recherche, les ONG, les organisations de paysans, et le secteur privé. Chacun apporte des perspectives différentes, des forces et des ressources qui permettent de relever le défi. * Fonds international pour le développement agricole»