Les professionnels estiment que c'est une obligation est non un choix. Le coût du quintal du blé à l'import se chiffre actuellement, sans droits de douane, à 285 DH. C'est aujourd'hui que le ministre de l'Agriculture et des pêches maritimes Aziz Akhennouch dévoilera lors du conseil du gouvernement prévu cette matinée, le bilan de la récolte 2009-2010. Il soumettra à ses collègues un projet de décret modifiant les conditions d'importation de blé tendre. C'est le texte qui contient la nouvelle tarification douanière qui sera appliquée à l'importation de blé tendre. Importateurs de céréales, minotiers et boulangers attendent avec impatience cette annonce. Cela fait plus d'une semaine, selon nos sources, que l'équipe chargée de ce dossier au sein du ministère de l'Agriculture mène des réunions interminables pour préparer le texte ainsi que le bilan de la récolte. Des réunions qui se poursuivaient encore tout au long de la matinée du 25 août. Mais il n'est pas question dévoiler quoi que ce soit par rapport aux deux annonces avant la fin du Conseil des ministres d'aujourd'hui. «Le ministère de l'Agriculture n'a pas le choix. La baisse, voire l'annulation, des droits de douane sur l'importation du blé tendre est inévitable pour maintenir les prix du pain à leurs niveaux actuels», lance d'emblée une sources bien informée parmi les professionnels du secteur. Cette déclaration se base sur un calcul simple. Même si le tarif douanier appliqué pour l'importation est réduit à 0, le prix du quintal de blé importé, fret inclus, se chiffre actuellement à 285 DH. En parallèle, le gouvernement fixe le prix du quintal du blé à facturer par l'importateur au minotier à 260 DH. C'est le seul moyen de maintenir le prix du kilo de farine à 3,5 DH et par conséquent le prix de la galette de pain à 1,2 DH. Dans cette configuration, et même avec un tarif douanier de 0%, l'Etat doit subventionner l'importateur à hauteur de 15 DH, pour que ce dernier facture le blé à 260 DH au stockiste et/ou au minotier, selon nos sources. De ce fait, nos sources estiment que le tarif douanier à 0 DH est une obligation et non un choix. Cette situation est une résultante logique du contexte actuel sur le marché mondial de céréales. Pendant les années de récolte normal, le blé de la Mer noire issu principalement de Russie et d'Ukraine, était vendu à des prix relativement réduits par rapport au produit du reste du monde. Ce qui exerçait sur les cours mondiaux des pression à la baisse qui contrebalançaient les offres de prix sur les autres marchés importateurs en Europe et en Amérique du Nord. En l'absence de l'offre de la Mer noire, les prix européens et américains deviennent la référence. En plus de l'effet de spéculation, cette situation a conduit à une flambée record des prix. Auparavant, les importateurs marocains n'avaient pas de préférence pour la source du blé à acheter. Ils choisissaient en fonction de l'offre de prix. Mais ils n'achetaient pas d'Ukraine à cause des difficultés logistiques. Actuellement, leur choix est limité à deux sources. D'une part, l'Europe avec une concentration de 90% des achats sur le marché français et d'autre part les Etats-Unis. Qu'en est-il de la récolte locale ? Les spéculations autour de celle-ci compliquent la donne. D'une part, parce que les prévisions de cette année tablent sur une récolte largement inférieure à celle de l'année dernière. Même le chiffre de 80 millions de quintaux annoncé par Akhennouch est fortement contesté. D'autre part, les stockistes (propriétaires des silos) se disent obligés de recourir au blé importé pour pouvoir assurer une structure équilibrée des coûts, quel que soit le niveau de la récolte locale. Les deux types de blé (local et importé) sont mélangés afin d'équilibrer l'offre. D'ailleurs, le ministère demande aux stockistes d'acheter le quintal de blé auprès des producteurs locaux à 280 DH, selon nos sources. La différence est versée aux acheteurs sous forme de subvention. Qu'en est-il de la quantité à acheter ? Ni nos sources au sein du ministère ni les professionnels que nous avons contactés n'ont osé dévoiler de chiffres. «Cela risque d'entraîner une spéculation sur le marché. Il suffit que la moindre information filtre par rapport à la commande marocaine pour que les fournisseurs mondiaux l'utilisent pour augmenter le prix», assure un professionnel du métier. D'ailleurs, une rumeur qui avait circulé, il y a quelques semaines, sur les marché mondiaux par rapport à la commande marocaine avait entraîné, selon nos sources, une hausse de 3 dollars la tonne pour certains importateurs marocains.