Après le rachat d'International Power par GDF Suez, les deux concurrents deviennent des partenaires. Comment Nareva procèdera-t-elle pour financer ses projets ? Apremière vue, l'adjudication du marché du parc éolien de Tarfaya au consortium composé de Nareva Holding et International Power peut être perçue comme une «victoire» pour le groupe ONA (société mère de Nareva) aux dépens du groupe GDF Suez, leader du consortium ProCME, Suez Energy Int Théolia. Les deux groupements étant short-listés depuis plus d'une année pour remporter ce fameux marché. Mais il suffit de contempler les news du business mondial durant le mois d'août pour se rendre compte du contraire. La «victoire» de l'ONA n'est en effet qu'un gentlemen agreement qui arrange aussi bien les affaires du holding royal que de son concurrent français. Tout simplement parce que le groupe GDF Suez vient de racheter le 10 août, International Power, qui était jusque-là une entreprise publique anglaise. L'opération permet à GDF Suez de se positionner au deuxième rang des producteurs mondiaux de l'énergie. Après s'être livré une bataille acharnée pendant plus d'une année pour remporter le marché de Tarfaya, ONA et GDF Suez se sont retrouvés partenaires dans un même consortium. Le choix de l'ONE, adjudicataire du marché, devenait donc facile. Au lieu de privilégier un soumissionnaire par rapport à l'autre, autant choisir le consortium qui les regroupe. Une fin heureuse pour une bataille où tous les coups étaient permis. A tel point que des médias français avaient annoncé prématurément la victoire de GDF Suez avant que l'ONE n'intervienne pour couper court aux rumeurs. L'ouverture des plis relatifs à ce marché a été retardée, sous prétexte que les protagonistes voulaient revoir leurs offres. Mais toutes ces chamailleries font désormais partie de l'histoire. Les deux groupes sont désormais partenaires dans un projet hautement important pour l'un et l'autre. Dans le cas du groupe ONA, via sa filiale Nareva, le parc éolien de Tarfaya s'intègre parfaitement dans la multitude de projets éoliens prévus dans la région Laâyoune-Boujdour-Sakia El Hamra. En effet, Nareva est engagée dans la réalisation de parcs éoliens à Akhfennir et Foum El Oued. Le projet de Tarfaya s'intègre parfaitement avec ces deux chantiers et permet à Nareva de se doter d'un grand potentiel de production dans le littoral atlantique sud. Les sites d'Akhfennir et Tarfaya sont chacun dotés d'une capacité de production de 200 MW, avec une possibilité d'extension à 300 MW pour Tarfaya. Nareva sera largement en mesure de remplir les contrats de fourniture d'énergie qu'elle a conclus ces deux dernières années avec de gros consommateurs d'électricité tels que Samir, Sonasid ou l'ONCF. En plus, elle deviendra fournisseur de l'ONE pour l'alimentation du réseau électrique national. Et ce n'est pas tout. Le filiale énergétique du groupe ONA sera même en mesure de conclure de nouveaux contrats de fourniture d'énergie avec d'autres opérateurs locaux et pourquoi pas internationaux. Pour GDF Suez et sa nouvelle filiale International Power, le projet de Tarfaya leur permet d'intervenir en force dans la stratégie décanale du développement de l'éolien au Maroc. Une intervention qu'elle réalise avec le partenaire de référence à l'échelle nationale, qui plus est filiale du holding royal ONA-SNI. GDF Suez ne s'arrêtera certainement pas au projet Tarfaya et cherchera à développer d'autres sites, seule ou en partenariat avec Nareva. Le lobbying de l'Etat français est visible dans cette nouvelle conquête de GDF Suez. Il suffit de voir la déclaration finale de la réunion de haut niveau maroco-française où les deux parties ont dévoilé leur «intention de partenariat» dans l'éolien comme c'est le cas pour le solaire. Néanmoins, ces perspectives d'investissement se heurtent à la problématique de financement. Rien que pour le projet de Tarfaya, les deux partenaires doivent mobiliser 3 milliards de DH. A cela s'ajoutent, pour Nareva, 3,5 milliards de DH à lever pour réaliser le projet d'Akhfennir. Dans ce contexte de crise de liquidité, ces montants faramineux sont-ils toujours aussi faciles à mobiliser auprès des banques marocaines ? Serait-il question que Nareva ait recours au marché financier (introduction en bourse, émission d'emprunt obligataire…) pour diversifier ces sources de financement ? La filiale de l'ONA chercherait-elle à financer ses projets à l'international ? Des questions qui ne tarderont pas à trouver des réponses.