78e sur 113 pays, encore un classement où le Maroc fait figure de mauvais élève. Ce chiffre, est celui d'un rapport sur les opportunités économiques offertes aux femmes, publié par «The Economist Intelligence Unit». Rien d'étonnant à ce rang, puisque le taux d'activité des Marocaines est trois fois inférieur à celui des hommes, malgré une plus grande féminisation de la population active. Selon les derniers chiffres du HCP, le taux d'activité des Marocaines s'élèvent en effet à 25,8% contre 75,3% pour les Marocains. Les indicateurs du centre de recherche rattaché au magazine britannique The Economist, décrivent ainsi la même réalité. Avec un score de 44,1 -dans un classement où le nombre 100 représente la meilleure note et 0 la plus mauvaise-, le Maroc n'a même pas la moyenne. Analyse qualitative Mais au delà des chiffres, qui attestent clairement d'inégalités existantes en termes d'opportunités économiques, ce rapport cherche à comprendre ce qui les impacte. Les opportunités économiques dépendent en effet de plusieurs facteurs tels que les lois économiques, la régulation du secteur de l'emploi, mais également les pratiques et les traditions. Ce sont ces facteurs qui permettent, ou pas, aux femmes de participer à la population active dans des conditions similaires à celle des hommes, que ce soit en tant qu'employée ou en tant que chef d'entreprise. L'un de ces leviers d'augmentation de la participation des femmes à la population active est, par exemple, le financement du congé maternité. En effet, les employeurs engageront plus facilement des femmes si le congé maternité est pris en charge par le système de santé national, plutôt que si son coût repose sur ses seules épaules. L'indice de classement prend en compte 5 indicateurs, eux-mêmes déclinés en plusieurs sous-indicateurs. La politique de l'emploi et son application, l'accès aux moyens de financement, l'instruction et la formation, le statut légal et social des femmes, et l'environnement général des affaires ont ainsi été pris en compte pour élaborer ce classement. Bon et mauvais points Ce rapport met en avant le retard du Maroc dans certains domaines mais également ses avancées dans d'autres. Ainsi parmi les facteurs qui baissent le rang du Maroc dans le classement, on retrouve le fait que le marché du travail soit discriminatoire à l'egard des femmes. Le rapport classe ainsi le Maroc, avec la Colombie, la France, le Soudan et le Vietnam, parmi les pays ayant le plus grand nombre de restrictions légales pour les femmes quant à l'accées à certains postes. Tout n'est pas négatif cependant. Concernant l'accès aux financements, le Maroc, avec l'Argentine, le Chili, la Colombie, la Hongrie, l'Inde, l'Iran, la Malaisie, le Mexique et le Pakistan fait partie des pays où le système bancaire a adopté des mesures pour élargir l'accès aux services financiers au plus grand nombre, femmes comprises. Le rapport cite les produits de «low-income-banking» (comptes bancaires pour faibles revenus), ou encore le fait que des opérateurs privés fournissent un service financier au sein des agences postales. Deuxième bon point pour le Maroc, concernant le statut légal et social des femmes. Le rapport- disponible dans son intégralité sur www.lesoir-echos.com- cite la Moudawana de 2004 qui «donne aux femmes une meilleure protection et plus d'égalité face au mariage et au divorce. La mise en pratique de ces droits s'est réalisée à travers la mise en place de tribunaux de la famille». Par manque de données chiffrées, cet indice ne prend en compte que le secteur formel. Or de nombreuses femmes, principalement dans les économies à faible revenu, comme le Maroc, travaillent dans le secteur informel. Leurs activités ne sont pas imposables et donc non-comptabilisées par les autorités, ce qui impacte négativement la croissance économique du pays. Paroles de femmes Nadia Lyoussi, directrice générale d'Agricolair Maghreb-Casa AirService «Je suis contre les discours sexistes qui parlent de la difficulté d'entreprendre pour les femmes au Maroc. Si je me base sur mon expérience, je constate que les difficultés sont les mêmes pour les hommes et pour les femmes». Habiba El Bouche, coordinatrice marketing pour le groupe pharmaceutique Copah Kph «Je pense que les temps ont beaucoup changé, principalement pour les cadres et les personnes instruites. Je ne pense pas que de nos jours le fait d'être un homme ou une femme intervient dans la décision du recruteur. Seules les compétences sont prises en compte». Ursula Bayad, cadre au Ministère de l'Equipement «Au niveau du recrutement, aucune différence n'est faite entre les sexes. Mais une fois dedans, ce sont les hommes que l'on envoie plus facilement sur le terrain, alors que c'est ce qui est le plus intéressant dans le métier. Il y a également plus de responsables hommes que femmes au sein de mon département»