Comment est née l'association Colokolo? Tout a commencé en 2007 à Essaouira. Nous [Dominique Valory et Pascale De La Orden], créateurs de l'association, avons quitté Casablanca pour tenter un projet de vie en monde rural avec nos 6 enfants. Puis, nous avons commencé à monter des colonies de vacances pour accueillir des enfants de Casablanca, avec des animations mêlant culture et nature. Après, nous sommes revenus à Mohammedia en 2009 où nous avons fusionné avec l'Association Etoile Verte, qui réunissait de jeunes circassiens. Notre projet s'est alors recentré autour des arts du cirque. Vos activités vont de la création de spectacles à la formation de jeunes. Comment combinez-vous ces activités? Notre association a deux directions : le travail de la troupe, où nous montons des spectacles et le travail de transmission où on apprend les arts du cirque aux jeunes. Avec diverses actions auprès d'organismes comme des orphelinats, nous transmettons, partageons et révélons de jeunes talents. Au niveau de la troupe, nos spectacles sont un mélange riche de cirque et d'arts de la rue. C'est une fusion urbaine. Notre spectacle «Melting pot» évolue en permanence, il se développe comme un cabaret, en fonction des artistes présents et de l'énergie créatrice. Votre troupe met au centre de sa création la culture urbaine. Comment s'est fait et s'est élaboré ce choix? Aucun de nous n'est un circassien du monde traditionnel, on est quasiment tous des gens des arts de la rue. Notre concept d'«Urban circus» est vraiment un cirque nouveau, un cirque de la rue. Les circassiens traditionnels se sont mélangés à une mouvance qui regroupe des artistes de divers origines, venant du théâtre, de la musique ou des arts plastiques, tel le VJ, qui évoluent dans un nouvel univers, la rue. Le VJ, Visual Jockey, travaille sur des images mouvantes. Il n'en existe que 3 au Maroc, dont Contakt VJ de notre troupe. Les images animées sont projetées sur un support et servent de décor. La spécificité ici c'est qu'il s'agit de visualiser dans la rue. C'est une exploration du cirque dont le résultat est toujours surprenant, on n'est jamais bloqué dans un univers. On promeut le droit de créer, d'exister en étant libre et d'évoluer. Notre exigence est que chacun puisse révéler son talent, son énergie. Que se passe-t-il chaque soir lors de vos performances aux Estivales de Mohammedia ? Chaque soir, Colokolo présente une nouvelle image du cirque. Notre performance est toujours animée par des nouveautés. Pendant 2 heures, on donne notre énergie, on construit ensemble quelque chose. C'est un peu d'acrobatie, un peu de jonglage et surtout beaucoup d'idées et d'énergie. En travaillant dans l'improvisation, on s'exprime dans l'action. C'est une plateforme pour réunir des talents au cours d'une performance, la troupe évolue selon les personnes, en combinant les énergies. Quels sont vos projets pour la suite ? Nous allons prochainement entrer aux Abattoirs de Casablanca, en réseau avec les associations L'Boulevard et Casa mémoire. L'idée est de lancer vers la mi-octobre des ateliers d'initiation et d'éveil, d'investir cette friche culturelle avec les arts de rue. On travaillera notamment sur des ateliers de recyclage et récupération, pour donner l'envie de faire. Fabriquer soi-même est un autre plaisir, une autre sensation. Le recyclage permet la création. Yassin, de notre troupe, crée par exemple des instruments de musique à partir de matériaux récupérés. Autrement, en décembre, nous organisons également un Festival d'art de rue de 3 jours, intitulé « Zenka », où nous souhaitons voir intervenir tous les enfants de Colokolo. Il se déroulera à Casablanca, puis à Essaouira. Sinon, on veut se donner plus de temps pour la création, basée sur les principes de liberté d'expression et de liberté de l'individu. On est chacun metteur en scène et auteur dans nos spectacles et notre auto-gestion conduit au caractère évolutif. Les portes de Colokolo sont toujours ouvertes.