Depuis toujours, la guerre fait partie de l'histoire de l'homme. Rapports de domination, volonté hégémonique, convoitises, les motivations ne manquent pas. Leur seul point commun est leur manque de noblesse. Avec l'avènement d'une conscience planétaire rendue possible, entre autres, par les observateurs et les journalistes. Les généraux ont commencé à intégrer dans leur équation la composante civile, l'image du conflit et ses répercussions potentielles. C'est ainsi que de grandes puissances ont perdu la bataille auprès de l'opinion publique avant de la perdre sur le terrain. La vocation du site Wikileaks est de publier des informations sensibles, pas forcément liées aux conflits armés. On se souviendra de cette vidéo montrant l'exécution sommaire de civils en Irak depuis un hélicoptère. On se souviendra encore des ravages provoqués par l'usage d'appareils téléphoniques et de photos envoyées par mail de la triste prison d'Abou Ghraib. Aujourd'hui, c'est au tour de l'Afghanistan. Seuls les plus naïfs ou ceux qui veulent se voiler la face pensent qu'une guerre peut être propre, c'est-à-dire menée avec des principes éthiques au nom de préceptes moraux. Seuls les décideurs d'un autre temps peuvent continuer de croire qu'ils contrôlent toute la chaîne de l'information à leur guise. Si en 1971, il a fallu le courage d'un tribunal américain pour contraindre à la publication de documents secrets sur la situation au Vietnam, aujourd'hui c'est Internet qui joue ce rôle. Le site Wikileaks est à l'index et sera jugé pour violation de secrets militaires, mais, au-delà de cet aspect, les faits avérés et documentés sont bien plus importants que le fait d'avoir été détournés. S'il n'y avait eu ni exactions ni compromissions, le site n'aurait rien publié. Qu'ils soient publiés ou non, ces agissements repréhensibles n'ont pas lieu d'être.