Les jeunes Marocains résidents à l'étranger s'attachent à leur patrie. C'est la grande conclusion qui ressort d'un sondage d'opinion réalisé par l'Institut BVA à la demande du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger et le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger. Il a porté sur un échantillon de 2.610 jeunes, âgés entre 18 et 34 ans, résidant dans six pays européens à savoir la France, la Belgique, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie. Les résultats de cette enquête ont été présentés, lundi dernier, lors d'une rencontre organisée à Casablanca. Le sondage révèle que même si la majorité des jeunes marocains tendent vers la naturalisation, ils veillent à garder toutefois des liens forts avec le Maroc. Ainsi, 94% des jeunes MRE continuent de se sentir Marocains. Un fort attachement à la langue arabe et à son apprentissage ressort également des résultats du sondage. 93% déclarent pouvoir pratiquer plus ou moins bien la langue arabe, dont 50% savent la parler, la lire et l'écrire. Pour ceux qui ont suivi des cours de langue arabe en Europe, ils l'ont fait à 31% dans une mosquée. L'attachement des jeunes MRE à leur patrie apparaît également dans leurs communications fréquentes du Maroc. 91% parmi ces jeunes estiment très ou assez important pour eux de garder des liens avec la famille au Maroc. Un lien qui se manifeste dans leur maintien de la solidarité avec les familles. Malgré leur jeune âge, 43% déclarent soutenir financièrement un membre de leur famille au Maroc. Ils sont aussi nombreux à visiter le Maroc. 97% des jeunes MRE déclarent se rendre au Maroc dont 69% de manière régulière une ou plusieurs fois par an. Les rares cas qui ne viennent jamais en sont empêchés par manque de connaissances au Maroc, de moyens financiers ou de temps. Les jeunes MRE veillent à renforcer leur identité marocaine. Côté vie familiale, les jeunes MREdisent avoir des relations familiales souples et paisibles. Dans des proportions allant de 42 à 50%, ils déclarent n'avoir jamais eu de dispute avec leurs parents sur des sujets variés. Ceux qui ont souvent eu de telles disputes vont de 13% au sujet de leurs relations amoureuses, à 30% au sujet de leur scolarité. La vie familiale des jeunes MRE ne semble pas différer de celle des jeunes Marocains. Autre conclusion du sondage. Une forte endogamie parmi les jeunes MRE. 84% sont mariés à une personne marocaine. Ceux encore non mariés déclarent leur préférence pour un conjoint d'origine marocaine (59%) ou musulmane (82%). L'avis de la famille sur le futur conjoint est également indispensable pour les jeunes MRE. Ils sont 47% à considérer «souhaitable» l'opinion de leur famille sur cette question d'importance, 32% estiment indispensable l'opinion de leur famille sur le choix de leur conjoint. Cependant, les jeunes MRE s'insèrent de plus en plus dans la tendance vers les mariages tardifs. Le sondage relève que presque les deux tiers des sondés ne sont pas mariés. Si les jeunes MRE veillent à renforcer leur identité marocaine, ils font preuve, toutefois, d'ouverture et d'adaptation à leurs pays de résidence. 59% détiennent déjà la nationalité du pays de résidence et 23% en ont fait ou comptent en faire la demande. 97% de l'ensemble des sondés déclarent communiquer dans la langue du pays de résidence. 84% savent la parler, la lire et l'écrire. Ils manifestent aussi un fort engagement dans la vie politique des pays de résidence. 74% des jeunes de la seconde génération, ayant le droit de voter et l'occasion de l'exercer, déclarent participer à toutes les élections ou du moins aux plus importantes dans leurs pays de résidence. Les jeunes MRE ne trouvent pas de difficulté à fréquenter des personnes de la nationalité du pays de résidence (91%). La comparaison faite par l'Institut BVA, entre ce sondage et celui de 2009, démontre que les fréquentations non marocaines ont grimpé de 10 à 12 points. Malgré leur capacité de s'adapter à leur milieu de résidence, les jeunes MRE ne cachent pas le sentiment de discrimination qu'ils ressentent. Les discriminations dont pensent avoir été victimes ces jeunes apparaissent en hausse par rapport à 2009. Aujourd'hui, 53% de ces jeunes déclarent s'être sentis victimes de discriminations, soit 4 points de plus qu'en 2009. Elles seraient plus nombreuses en ce qui concerne le travail (38%) et notamment l'accès à l'embauche (32%). Ces jeunes MRE estiment largement plus difficile de s'en sortir dans les pays de résidence lorsqu'on est d'origine marocaine, principalement sur le travail (75%) mais aussi sur le logement (60%). Ces taux chutent toutefois à 19% en ce qui concerne l'accès aux soins médicaux. Vision Le Maroc vu par les jeunes MRE Le sondage a révélé que les jeunes MRE ont, plus ou moins, une image positive de la situation au Maroc. 47% des sondés trouvent que les relations entre le Maroc et les MRE sont plutôt satisfaisantes. 46% ces jeunes estiment que la situation de la femme et des droits de l'Homme au Maroc est plutôt satisfaisante. Les jeunes MRE n'ont toutefois pas confiances dans les institutions marocaines. 32% n'ont pas du tout confiance dans la police et 26% la justice marocaine. Ils ont par contre confiance dans la police (41%) et dans la justice (44%) de leurs pays de résidence. Ces jeunes ont exprimé plusieurs attentes à l'égard de leur pays. 35% des répondants veulent être considérés comme Marocains et non comme des étranger. 24% veulent plus de facilités pour pouvoir investir au Maroc et d'y retourner définitivement. Ils demandent des aides économiques et l'aide à l'insertion à l'emploi. Ils réclament aussi l'amélioration des démarches administratives et l'amélioration des services au consulat et à la douane.