Formé par un groupe de sept amis cubains, «Asere» revisite la salsa cubaine, en injectant des sons plus contemporains et innovants. Rencontre avec la nouvelle génération de la musique de La Havane, à l'occasion du festival «Alegria» de Chefchaouen. C'est un mot très utilisé aujourd'hui à Cuba. Son origine est africaine, il vient des tribus Yoruba au Nigeria. C'était un salut aux dieux. Mais à Cuba, avec le processus de transculturation, c'est avec l'arrivée des esclaves africains de cette région que le mot est arrivé à Cuba. Puis il a commencé à se transformer et signifie aujourd'hui «brother» en anglais ou «mon pote» en français. A Cuba, nous disons «Asere». Vous insufflez un renouveau dans la musique cubaine. Comment avez-vous travaillé sur cette évolution musicale ? En 1997, nous nous sommes réunis avec l'idée de créer une nouvelle vision du son cubain. Nous ne voulions pas rester dans les modèles imposés. Nous voulions rénover la musique, sans être pour autant trop singulier pour les mélomanes. L'idée est venue de former «Asere». Nous avons cherché à créer nos propres compositions, créer un son intelligent pour parler de notre actualité cubaine. Quelles sont vos sources d'inspiration ? Dans notre groupe, quasiment toutes les personnes du groupe sont des compositeurs. C'est une chance que nous avons. Nous parlons de choses sociales mais aussi de l'amour. Nous faisons des choses poétiques et métaphoriques. C'est un jeu avec le public pour qu'il puisse interpréter lui-même les chansons. C'est la première fois que vous venez au Maroc, à l'occasion du festival «Alegria» de Chefchaouen. Quelles sont vos impressions ? Quand nous sommes arrivés au Maroc, nous avons baisé le sol. Nous, les Cubains, nous sommes originaires de l'Espagne et de l'Afrique. La cause africaine est très présente pour nous. L'influence arabe est arrivée à Cuba, même si c'est dans une moindre mesure. C'est un plaisir d'être ici, nous voulons apprendre un peu de la musique d'ici et peut-être qu'à l'avenir, notre musique incorporera des sons que nous avons entendus ici. Nous respectons beaucoup les maîtres de Buena Vista Social Club, Compay Segundo. Mais nous souhaitons avoir notre propre voix, notre propre musique. Quel regard portez-vous sur la situation cubaine actuelle ? Cuba est un pays qui, d'une certaine manière, a fait l'utopie la plus belle du monde, avec la révolution cubaine. Comme toute révolution, le pays a besoin d'être rénové. Le gouvernement est en train de comprendre cela, bien que cela puisse paraître lent à certains. A Cuba, l'horizon est en train de s'ouvrir, particulièrement pour les jeunes. Dans l'art, heureusement, tout se passe bien, nous pouvons sortir de Cuba très facilement. Nous allons voir comment va évoluer cette utopie au XXIe siècle. Quels sont les messages véhiculés par la musique et les arts ? Les arts doivent faire comprendre aux gens qu'il est temps de changer. Les gens doivent comprendre aujourd'hui qu'il faut aller vers la paix, ne plus poser de barrières. Nous sommes les mêmes personnes, malgré nos différences, nous sommes égaux et les gens doivent comprendre cela.