À l'heure où le monde entier s'apprête à solenniser la journée du 23 avril par des lectures publiques, des rencontres avec des écrivains, des expositions, des jeux et des spectacles, nombre de pays plébiscitent les personnes qui travaillent dans ces lieux de lecture, où le livre siège. Parce qu'ils forment et informent, leur mission est essentielle à la diffusion du livre et leur consécration n'est qu'un simple retour sur ce qui constitue le cœur de l'activité de ces soldats de l'ombre. Au Maroc, où le livre constitue le parent pauvre de la culture sinon de l'édition, seule une petite poignée d'initiatives commémorent ce jour. Dans le circuit des instituts français du Maroc, c'est le même son de cloche qui (ne) retentit. À Tanger comme à Meknès où les premiers jours du mois d'avril ont connu respectivement le Salon international de Tanger des livres et des arts et la Cigogne volubile (Livre pour la jeunesse), aucune action culturelle n'est prévue pour glorifier le livre en ce jour qui lui est consacré. Lire...dans l'avenir Du côté de l'institut Goethe de Casablanca, l'invitation est déjà lancée pour une journée portes ouvertes tout public. Germanophones ou arabophones, la bibliothèque du Goethe Institut s'apprête à recevoir tout au long de la journée des lectures et des présentations. «Faire découvrir notre fonds documentaire, échanger des idées et quitter le confort des couloirs des bibliothèques et (ré)initier à la lecture, que ce soit en format papier ou par voie électronique». Tel est le programme qui se tient jusqu'à 18h, expliqué par Baghor Rachid, directeur de la bibliothèque au sein des instituts Goethe et habitué à organiser des rencontres à l'occasion de cette journée. À l'institut Cervantès de Casablanca, aucune mémoire n'est engagée pour l'anniversaire de la mort du célèbre romancier, poète et dramaturge espagnol. Dans la foulée du programme de cette journée, «un concours d'écriture et de poésie est programmé au profit des élèves de l'institut, avec à la clé des quizs et des récompenses», explique Laura Gutiérrez Tejon, chargée de la programmation culturelle. D'autres cas de prise de conscience ; cette fois-ci en dehors de l'action étrangère au Maroc. C'est le cas des Amis du café littéraire, un groupe d'écrivains, de journalistes et de critiques qui se réunit mensuellement à Rabat et à Casablanca pour échanger autour de la littérature. Parce que la journée mondiale du livre coïncide ce mois-ci, Mohamed Nédali a été l'invité d'honneur mardi dernier au club de tennis de l'USM à Casablanca pour parler de son qua trième ouvrage et par delà, de la lecture et du livre dans l'état actuel des choses au Maroc. Dans le même sens, un débat a eu lieu hier avec Abdelfattah Kilito, ce spécialiste des littératures arabes, à la Librairie Kalila Wa Dimna à Rabat. «Il faudrait sans doute plus d'une journée par an pour consacrer le livre. Il n'en demeure pas moins nécessaire d'encourager toute initiative qui s'inscrit dans cette célébration», clame la journaliste Kenza Sefrioui qui anime ces rencontres. Il y a plus de quarante ans Proclamée par la conférence générale de l'UNESCO journée mondiale du livre et du droit d'auteur, en célébrant la journée du 23 avril dans le monde entier, l'UNESCO s'efforce de promouvoir la lecture, l'industrie éditoriale et aussi, la protection de la propriété intellectuelle à travers le droit d'auteur. L'idée de cette date symbolique trouve son origine en Catalogne (Espagne) où la tradition veut qu'une rose soit offerte pour tout achat d'un livre. Cette pratique a connu le succès d'une reconnaissance, mais surtout le soutien qui a été apporté par les milieux intrinsèques au livre en particulier et au droit d'auteur par conséquent. Auteurs, éditeurs, libraires, éducateurs et bibliothécaires d'abord de la région catalane, ensuite du monde entier avec le support d'institutions publiques et privées, d'organisations non gouvernementales et médias ont recruté dans chaque pays des commissions nationales pour l'UNESCO. L'explosion du monde numérique et virtuel annonçant l'éclosion de nouvelles possibilités de création font que toutes ces œuvres sont de plus en plus à portée de main et par conséquent la violation des droits d'auteurs, un droit qui existe depuis plus de deux cent ans.