Grand-messe footballistique. Après une semaine de taquineries, le 108e derby est revenu au Raja sur la petite marque de 1 à 0. Dimanche soir, Casablanca était habillée en vert. Une autre manière de fêter, avant l'heure, la Journée de la Terre. Victorieux de son rival de toujours, le Raja a non seulement empoché les trois points, mais il a aussi détrôné le WAC, pour la première fois de la saison. Certes, le Wydad a perdu la partie, mais, hors terrain, il a tout raflé. Le derby entre les deux frères ennemis s'est joué à guichets fermés. Les 48.300 billets mis sur le marché, tous écoulés trois jours avant le match, ont permis une recette de l'ordre de 2,3 millions de DH. Un record! A cela il faut ajouter le marché noir. Selon certaines sources, et à quelques heures du coup d'envoi du match, les prix ont plus que doublé. Ainsi pour accéder aux gradins, il fallait payer 100 DH au lieu de 60. Pour les tribunes d'honneur, les prix ont atteint 200 DH. Des prix certes trop chers, mais les fans des deux clubs étaient prêts à tout payer pour ne pas rater une fête pas comme les autres. A leur tête les Utlras, supporters inconditionnels des deux équipes. Ces derniers n'ont pas lésiné sur les moyens pour offrir au public des tifos dignes des grands championnats. Là aussi, le Raja a battu le WAC, avec trois tifos qui ont coûté entre 65 et 70.000 DH. «Contrairement à ce qui se dit, les tifos sont financés par les cotisations et les ventes de gadgets», explique Kamal, membre des Green Boys. Il faut dire que le derby c'est tout un business. Un des plus grands événements sportifs de l'année, le classico attire non seulement les foules de tous les coins du Royaume, mais aussi les annonceurs. Un annonceur gâté Sur le terrain, ils étaient nombreux à se bousculer pour arracher une place. Outre Ingelec (rouge) et Siera (vert) qui ont déjà choisi leurs camps, pas moins de 16 marques ont investi le terrain. «On est parti avec l'idée de vendre plus», confie Zaki Lahbabi, directeur général de TSM, agence spécialisée en marketing sportif. Rien que pour les panneaux, l'animation et les loges, le derby a rapporté environ 600.000 DH. Pour faire passer leurs messages publicitaires, beaucoup de sponsors ont opté pour les panneaux. Pourquoi ? «A cause du temps moyen de visibilité qui est de l'ordre de 7mn 36sec, alors que pour la pub à la télé il est de seulement 30 secondes», explique Lahbabi. Un choix stratégique dont l'objectif est de toucher le grand public à un moment où l'audimat explose. Pour les mêmes raisons de visibilité, la marque Dari a eu droit à un statut un peu particulier : de la pub sur le tableau d'affichage. Pour avoir ce privilège, la marque a dû mettre le paquet : entre 100.000 et 200.000 DH. Selon Lahbabi, le derby n'est qu'un événement parmi d'autres, car 90% des sponsors s'engagent, dès le début de l'année, pour une saison complète. L'offre comprend maillot et panneaux. Entre 3 et 4 millions de DH pour la première et 80.000 et 300.000 dirhams pour la seconde. D'autres, la plupart des multinationales, ont préféré plutôt la pub sur la télé. «Il y a ceux qui viennent vers la chaîne et ceux que la chaîne invite à associer leur image à ce genre d'événement», explique une source proche de 2M, sans donner de détails sur les tarifs. Pour couvrir le 108è classico, la chaîne d'Aïn Sbaâ a mobilisé les gros moyens : la toute dernière régie mobile, acquise sous l'ère de Mustapha Benali pour un montant de 20 millions de DH, selon notre source. Souvent utilisée pour l'émission Studio 2M, la nouvelle régie mobile a fait le déplacement au stade Mohammed V pour couvrir un événement sportif que Al-Jazeera Sport a tout fait ou presque pour le transmettre, mais en vain.