Le terrorisme nucléaire représenterait l'une des plus grandes menaces à la sécurité dans le monde. Ce postulat, purement sécuritaire, a été la conclusion-vérité des représentants d'une cinquantaine de pays (dont le Maroc et l'Algérie) qui ont pris part, mardi et mercredi derniers à Washington, au Sommet sur la sécurité nucléaire (Nuclear security summit). Pour se prémunir contre cette menace, les Etats présents se sont prononcés sur un ultimatum de taille : sécuriser de manière effective, d'ici quatre ans, l'ensemble des installations et matériaux nucléaires et radioactifs se trouvant sous leur contrôle. Deuxième résolution contenue dans ce plan d'action, réunir au plus vite quelque 10 milliards de dollars, comme contribution internationale, pour financer de manière plus efficace cette lutte. «Les Etats-Unis se joignent à nos partenaires canadiens afin de réunir 10 milliards de dollars pour étendre notre coopération fructueuse et renforcer la sécurité nucléaire dans le monde», a déclaré mardi le président américain, Barack Obama. Le chef de l'Exécutif américain n'oubliera pas, à l'occasion, d'enfoncer le clou en ajoutant que les efforts qui seront entamés par les Etats participants au sommet sont d'une urgence extrême. «Des réseaux terroristes comme Al-Qaïda essaient d'obtenir des matériaux pour les utiliser dans la fabrication d'une arme nucléaire», a-t-il argué, se référant certainement aux rapports des agences de renseignement travaillant sous sa houlette ou celle des pays amis. Agiter les bras, crier au loup Pourtant, le risque de voir une arme de destruction massive tomber entre des mains malveillantes ne date pas d'hier. Déjà en 1967, lors du coup d'Etat militaire en Grèce et de la guerre de Chypre gréco-turque, les Américains ne se sont pas seulement contentés d'afficher leur crainte pour leurs bombes nucléaires stockées en Europe. Ils se sont dépêchés de retirer les bombes des avions de combats turcs et grecs, tenus en alerte constante, sur ordre de l'OTAN (Organisation du traité de l'Atlantique Nord). D'ailleurs, il faut savoir que les Etats-Unis et les pays européens membres de l'OTAN sont les plus concernés par ce sommet sur la sécurité nucléaire : les Etats-Unis déploient aujourd'hui, un peu partout dans le monde, un important stock de bombes nucléaires tactiques. Les stocks sont concentrés dans des bases militaires américaines, notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, au Japon, en Turquie et en Corée du Sud. À moins de deux années du prochain sommet sur la sécurité nucléaire qui se tiendra en 2012 en Corée du Sud, les Etats-Unis, comme leurs alliés, ont exprimé aujourd'hui un doute sur la sécurité de leurs sites et des matériaux nucléaires y installés. Ce doute est confirmé quand on regarde «la facilité» avec laquelle l'ONG Greenpeace peut accéder à des informations sur des convois transportant des déchets nucléaires. Rien de plus facile ! Peter Zimmerman et Jeffrey Lewis, respectivement professeur au King's College de Londres et enseignant à Harvard, écrivaient en 2006, dans «The Bomb in the Backyard», que «Oussama Ben Laden n'a pas réussi à lancer une attaque nucléaire. Mais ce n'est pas parce qu'il ne le peut pas». L'affirmation est terrifiante et les deux hommes, de très sérieux chercheurs de surcroît, savent de quoi ils parlent. Pour eux, avec de l'uranium enrichi, une poignée de surplus militaires disponibles sur Internet et une petite équipe de terroristes, Ben Laden «pourrait assembler une bombe atomique». Simple scénario, l'Algérie, producteur d'énergie nucléaire depuis la fin des années 80, est aussi un pays où les poches terroristes persistent toujours, notamment celles de l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique). Les deux réacteurs nucléaires algériens, ES-Salam (construit en secret avant qu'il ne soit découvert en 1991 par un satellite de reconnaissance de l'US Air Force) et Nour, présentent donc une sérieuse cible pour la mouvance terroriste qui perpètre presque chaque mois une attaque sur des sites ou des personnes relevant de l'Etat algérien.