Pour l'enfant, le préscolaire est le premier «contact» avec le monde extérieur. C'est en principe un cycle d'éducation précoce à part entière avant le primaire, ciblant les enfants de 4 à 6 ans. Il est donc à différencier totalement des crèches. Au Maroc, la situation de l'éducation préscolaire se trouve à la croisée des chemins. En général, cet enseignement est dispensé par trois types d'établissements: les katatib ou écoles d'enseignement privé traditionnel, les jardins d'enfants appartenant à l'enseignement privé moderne et les structures ouvertes au sein de quelques écoles primaires publiques. Selon les statistiques du ministère de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique, pour l'année scolaire 2009-2010, les katatib accueillent à eux seuls environ 66,5% des enfants préscolarisés, les «jardins d'enfants et les maternelles» situés dans les milieux urbain et périurbain totalisent 25,7% et les structures publiques les 7,8% restants. Disparité Les statistiques indiquent que sur 100 élèves du préscolaire traditionnel, 27 sont des filles. Ce pourcentage atteint les 47% dans les jardins d'enfants et maternelles. «Par répartition géographique de l'offre préscolaire par catégorie, les statistiques laissent apparaître une certaine disparité. En effet, il a été relevé que 30% des zones économiques du Royaume concentrent 60% des inscrits dans le préscolaire traditionnel et 25% des régions recensent 51% des effectifs du préscolaire moderne» relève Hammou Amzil. Ceci devrait pousser à prendre des mesures efficaces pour développer le système d'une manière équilibrée», ajoute le coordinateur national du projet E1.P1. Pour développer ce système éducatif, tout un travail de consolidation est à effectuer en matière d'organisation pédagogico-administrative et de qualification des ressources humaines opérant dans le secteur. Malgré l'ambition affirmée par la Charte, l'offre préscolaire, quasi exclusivement privée (kouttab et établissements modernes), demeure aujourd'hui limitée et inégalement répartie en quantité et en qualité sur l'ensemble du territoire. Plusieurs difficultés et obstacles ont été constatés, à commencer par la sous-préscolarisation, notamment en milieu rural. En effet, seuls 45% des enfants de 4-5 ans sont préscolarisés (23,5% pour les filles en milieu rural) et 80% d'entre eux le sont dans les kouttab, dont le contenu éducatif ne constitue pas une véritable offre préscolaire moderne. Les moyens de financement et de prise en charge restent encore très insuffisants, en particulier dans les zones rurales. Le manque d'infrastructures et d'équipements de base est encore flagrant. Actuellement, seulement 35.000 classes préscolaires accueillent environ 700.000 apprenants. Alors que la population véritablement scolarisable est de près de 1,2 million d'enfants. D'autres constats concernent la trop grande diversité des curricula du préscolaire au niveau du choix des contenus et des activités et au niveau des méthodes et matériels didactiques : la diversité des profils et l'insuffisance des qualifications professionnelles des éducateurs et des éducatrices en exercice, l'absence de coordination entre les différents intervenants publics et privés dans ce domaine. Ce dernier constat justifie l'irrégularité et l'instabilité des effectifs enregistrés du préscolaire, année par année, comme le démontrent les diagrammes réalisés par le MEN pour l'année scolaire 2009-2010. Et ce, malgré l'augmentation du nombre des ouvertures de structures préscolaires effectuées par ces mêmes intervenants. Infrastructures, équipements et éducateurs Un modèle selon un cahier des charges est dans le pipe pour la mise à niveau de l'offre de l'enseignement préscolaire existante. Des chantiers importants pour le développement des infrastructures, des équipements, des matériels didactiques et des ressources humaines. Une formation continue requalifiante à destination des éducateurs en exercice est primordiale. L'objectif est d'assurer une mise à niveau de leurs compétences afin d'homogénéiser l'enseignement préscolaire dispensé dans les établissements existants. Cette formation est destinée aussi bien aux ressources humaines opérant dans les structures du préscolaire traditionnel privé (kouttab) qu'à celles opérant dans les établissements modernes privés, est-il précisé. A cet effet, le ministère prévoit la création de 9 nouveaux centres de ressources. Ce sont des structures pédagogiques qui jouent un rôle important dans la fabrication du matériel pédagogique préscolaire et l'appui pédagogique aux structures préscolaires environnantes. 250 inspecteurs et inspectrices du primaire Pour l'encadrement, le ministère de l'Education nationale prévoit le renforcement du dispositif d'inspection du secteur préscolaire par la désignation en interne de plus de 250 inspecteurs et inspectrices du primaire, sur la période 2009-2012. Ces inspecteurs et inspectrices, dont la polyvalence sera assurée au moyen d'une formation complémentaire aux spécificités du préscolaire, seront entièrement dédiés à la gestion pédagogique de celui-ci, est-il déclaré. D'autres mesures sont prévues pour la normalisation du préscolaire, par le biais de l'élaboration d'un cadre référentiel qui viserait l'homogénéisation de la vision à adopter par tous les intervenants nationaux publics et privés.