Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes. Dans 50 ans, ce sera les 2/3 de la planète qui sera citadine. Comment gérer les changements irréversibles qu'entraîne cette croissance urbaine dans un monde globalisé? Pour l'agence onusienne en charge de ces questions, il est urgent de militer pour des villes plus vertes, plus actives dans la lutte contre le changement climatique et moins créatrices d'inégalités sociales. C'est sur cette problématique que se penche actuellement le Forum urbain mondial. Organisé conjointement par ONU Habitat et le gouvernement du Brésil, cette 5e édition se tient actuellement à Rio autour du thème «Doit à la ville, combler le fossé urbain». Minimiser la croissance de la pauvreté dans les villes, améliorer l'accès des urbains pauvres aux services de base, tout en réussissant un développement urbain écologique, voilà le défi des villes du 21e siècle. Urbanisation durable Cette rencontre est une opportunité pour le Maroc de présenter son expérience en la matière. Taoufiq Hejira a d'ailleurs fait le déplacement au Brésil pour l'occasion, accompagné de différents représentants des villes du pays. Si le Royaume a encore des efforts à faire en matière d'égalités de développement entre ses villes, ses efforts ont cependant été salués. Rabat fait ainsi partie des 25 premières villes sélectionnées dans le cadre des «100 meilleures villes ». Cette initiative, lancée par les Nations Unies en marge du Forum, consiste à partager les expériences de villes durables avec le même niveau de développement. Casablanca est également montrée en exemple. Une table ronde sur les best practices de financement de l'accès aux infrastructures de base dans les bidonvilles (électrification, eau potable, égouts, etc.), a été organisée par une entreprise américaine spécialisée dans le financement du développement. Le cas de deux villes ont été étudiés: Ahmedabad en Inde et Casablanca. Expertise marocaine dans la gestion des bidonvilles Le programme «Villes sans Bidonville» a fait du Maroc l'un des pays en développement avec le plus bas pourcentage de population vivant dans des bidonvilles. Près de 50% des bidonvilles du pays ont en effet disparu entre 2000 et 2010. Le Maroc fait ainsi partie, avec la Tunisie et l'Egypte, des trois pays d'Afrique qui sont parvenus à réduire le plus leur proportion d'habitants vivant dans des bidonvilles. Au cours des 10 dernières années, 2,5 millions de Marocains ont vu leurs conditions de vie s'améliorer dans les bidonvilles. Depuis le lancement de l'INDH en 2005, la politique en matière de bidonvilles ne concerne plus seulement le relogement de population mais également l'amélioration de l'accès aux services de base pour les populations des bidonvilles. C'est le programme INMAE mis en place par la Lydec. Il s'agit de raccorder 125.000 foyers aux trois services de base (eau, électricité et assainissement) à horizon 2009-2010. Urbanisation, croissance et disparités économiques Le Forum urbain mondial est l'occasion pour ONU Habitat de lancer son rapport biennal «Etat des villes du monde». D'après l'édition 2010/2011, les 50% de la population qui vivent en zone urbaine consomment plus des 2/3 de l'énergie mondiale et contribuent à la production des 2/3 des déchets de la planète. Or entre le Nord et le Sud, les niveaux d'urbanisation diffèrent, sans compter qu'à l'intérieur de chaque ville, tous les groupes sociaux ne profitent pas de la même façon de ce que la ville a à offrir. C'est ce que l'on appelle la « fracture urbaine ». Le rapport examine plusieurs exemples, et parmi eux, la zone Tanger-Tétouan, où des économies régionales fortes enregistrent un taux d'accroissement de la population urbaine supérieure à la moyenne nationale. Toutefois, le degré d'urbanisation, que ce soit d'un pays ou d'une région, est un indicateur de sa richesse. Plus un pays est urbanisé, plus les revenus individuels sont élevés. Le lien entre développement économique et urbanisation est donc évident, à condition que les revenus soient également répartis. C'est ce que calcule le coefficient Gini. Il varie de 0 à 1, où 0 signifie l'égalité parfaite (tout le monde a le même revenu) et où 1 signifie l'inégalité totale (une personne a tout le revenu, les autres n'ont rien). Le coefficient Gini du Maroc est à 0,377, d'après les chiffres de l'ONU pour la période entre 1990 et 1998. Pour cette même période le PIB marocain a connu une augmentation de plus de 3%. La richesse du Maroc augmente donc, mais le pays ne connaît pas pour autant une meilleure répartition des richesses.