Le bras droit de Fouad Al Himma signe sa première sortie médiatique. Il ne comprend pas la personnalisation des projets politiques et préfère le débat d'idées à la diabolisation des adversaires. Omari prône une monarchie parlementaire moderne et évolutive Ilyass Omari, inconnu il y a trois ou quatre années, est devenu la cheville ouvrière du Parti de l'Authenticité et de la Modernité (PAM). Comment y est-il arrivé en si peu de temps ? Les plus simplistes diront que c'est grâce à son ami Fouad Ali Himma (FAH). Mais la réalité c'est que l'homme a un recul politique pour avoir milité dans les rangs de la gauche radicale pendant les années difficiles, sous feu Hassan II. Avec l'avènement du nouveau règne, il a fait partie des gauchistes cooptés par FAH, afin de tourner la page des années de plomb et de réussir la réconciliation. Avec les El Oaudie, Belkouch, Benchemmas, il lance le Forum Vérité et Justice et après, l'Instance Equité et Réconciliation, avant d'être, ensemble, les précurseurs du PAM. Tout le monde sait que c'est l'homme le plus proche de FAH. Et c'est pourquoi sa sortie médiatique ne pouvait passer inaperçue. Sur les colonnes d'Al Hayat Al Jadida. Ilyass Omari dit tout haut ce que toute la classe politique pense tout bas, notamment sur la Constitution, les libertés et les engagements des politiques. Il a le mérite du franc parler. Dès l'entame de son interview, il précise que FAH n'a pas fait Ilyass Omari qui pratiquait la politique depuis des années, que ses propres opinions n'engagent pas El Himma et que les positions de ce dernier ne l'engagent en rien. Cette précision mise en évidence, il passe aux choses sérieuses. D'abord pour les événements de Tunisie, il considère que le Maroc est concerné comme plusieurs pays, y compris ceux qui se trouvent en Amérique latine. «C'est une révolution d'une jeunesse qui n'a aucune contrainte historique, elle est orientée vers l'avenir. Et je défie toutes les grandes forces politiques au Maroc, de disposer d'un projet d'avenir». Pour les enseignements à tirer, il considère que «les domaines économiques et médiatiques, sont loin de la transparence qui pourrait les qualifier. Quant à la politique, ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie ou demain en Algérie ou au Yémen, imposent au Maroc de procéder dès aujourd'hui, à une batterie de réformes politiques et institutionnelles, y compris le rôle de la monarchie. Assez de tabous». Ce que déclare Omari serait conforme à ses convictions. Il persiste et signe qu'il avait exprimé ces idées en 1994, dans un autre contexte et il en est toujours convaincu. Il invite, par ailleurs, les politiques d'ouvrir un vrai débat d'idées. Sur ce registre, il revient sur les déclarations d'Aboubakr Jamai sur le Nouvel Observateur, à propos des événements de la Tunisie et le parallèle à faire avec le Maroc. «Certains vont brandir la théorie du complot à l'égard de ces propos, au lieu de discuter le fond et de produire des contre arguments. Je suis d'accord sur les généralités comme l'étendue du pouvoir ici et là, mais je ne partage pas le même avis sur les détails. Chaque pays a ses spécificités. Il ne faut donc pas comparer l'incomparable». Omari va loin en considérant ceux qui prônent un «béni-oui-oui» absolu, comme des milieux qui ne rendent pas service à la monarchie et, plus encore, ils ne saisissent pas le sens des gestes royaux. «La pérennité de la monarchie dépend de la modernisation et du développement ...et en tant que citoyen marocain, je dis que les partis politiques et la société civile, devraient s'ouvrir sur le citoyen et déclencher le débat». Mais le virevoltant PAMiste ne se limite pas à ces dossiers à caractère institutionnel, mais répond aux accusations qui le taxent d'être l'ennemi juré, qui est toujours derrière les malheurs du PJD. Sur ce volet, il n'y va pas par quatre chemins : «Je suis très honoré de présenter un danger au projet du PJD. Je ne peux tolérer que mon pays soit antidémocratique, anti-Etat de droits et anti-modernité, même si le prix est mon assassinat». Mais sur le jeu de chaises musicales dans les Conseils des villes, où ses adversaires voient sa touche à Tanger comme à Salé, il répond que le principe affiché et déclaré du PAM, est que celui-ci soutient toute majorité ne comprenant pas le PJD et précise, sans ambigüité sa position. «Mes choix politiques et idéologiques sont contre l'islamisation de l'Etat et de la société et je lutterai intellectuellement contre ce projet». Ilyass Omari, ami intime de FAH, a donc rendu sa copie. Il se déclare monarchiste, privilégiant la voie de la modernité et des libertés, ennemi juré du PJD, anti béni oui oui. Cela a au moins le mérite d'être clair.