Les Echos : Pourquoi avoir éprouvé la nécessité de réunir plusieurs associations autour d'une même problématique ? Mina MAAD : Huit associations ont fondé le Collectif autisme Maroc au lendemain de l'Année de l'autisme proclamée par l'ex-secrétariat d'Etat chargé de la Famille, de l'enfance et des personnes handicapées en 2005. La nécessité de s'organiser en réseau autour de la problématique de l'autisme découle de la volonté des associations partenaires d'impulser un mouvement qui efface les différences et les clivages et qui réunisse autour d'une même vision de l'autisme. Quelle est la situation de l'autisme au Maroc ? Elle accuse encore un retard important sur tous les plans, notamment en dehors des grandes agglomérations. L'autisme a pendant longtemps été assimilé à l'aliénation mentale et recevait comme remède un internement en asile psychiatrique avec administration d'antipsychotiques et autres protocoles médicamenteux assommants. Des familles ont soigneusement caché ces «enfants de la honte» et les ont laissé évoluer emmurés dans un isolement absolu loin des regards. Ce n'est qu'au début des années 90 que certaines associations parentales ont osé porter la question de l'autisme sur la place publique et pointer du doigt les failles du système de santé, d'éducation et de la protection sociale. Les projets étatiques sont-ils suffisants ? Où se situent les failles ? (Prise en charge, infrastructures, etc.) L'«année de l'autisme» a été un tournant important au Maroc, puisqu'elle a créé une dynamique autour de la thématique de l'autisme. Cependant, les efforts de l'Etat sont restés très insuffisants par rapport à la demande grandissante d'une prise en charge adaptée de l'autisme. Ce sont les parents, organisés au sein d'associations qui ont cherché « des solutions » pour leurs enfants. D'autres initiatives étatiques disparates ont vu le jour, mais sans impact significatif au niveau de la qualité de vie des personnes autistes et de leurs familles. A ce jour, beaucoup d'enfants ne sont pas diagnostiqués et sont enfermés chez eux faute de structures adaptées. Quels sont les projets prévus pour l'année 2010 ? Plusieurs chantiers structurants sont prévus pour l'année 2010, notamment l'élaboration de projets de formation qui répondent aux besoins concrets des personnes autistes, une campagne de sensibilisation à l'autisme au niveau national, ainsi que des actions de plaidoyer. L'objectif est notamment que l'autisme soit reconnu comme un problème de santé publique. Les actions programmées à court terme concernent entre autres l'organisation d'ateliers thématiques pour les parents de personnes autistes et la célébration de la Journée internationale de sensibilisation à l'autisme (2 avril, ndlr) au niveau de plusieurs régions : Casablanca, Rabat, Marrakech, Tétouan et Fès.