L'arrivée des véhicules électrique accentuera cette évolution de 4% En France, il existe tout un système qui régule le traitement des déchets La production de lithium est passée de 13.000 tonnes en 2000 à 22.800 tonnes en 2008, soit une évolution de près de 8% de croissance annuelle en moyenne. L'arrivée des véhicules électriques accentuera cette évolution de 4% supplémentaires chaque année. À l'horizon 2020, la production mondiale aura triplé par rapport à 2007. Le prix suit également la tendance, puisqu'il a été multiplié par 10 entre 2002 et 2008. Son prix aujourd'hui est de 3o DH/kg. D'autre part, les réserves mondiales ne sont pas éternelles. Elles sont de l'ordre de 30 millions de tonnes tout au plus, dont 70% sont concentrés au Chili, en Argentine et en Bolivie. Un chiffre ridicule. Et pour preuve, si l'on passait à 100% de véhicules électriques, ces ressources nous permettraient de «tenir le coup» pendant 75 ans seulement. La demande en lithium, qui évolue de manière exponentielle, les ressources qui s'amenuisent à grande vitesse et les prix qui s'enflamment, rendent le recyclage primordial. En France, il existe par exemple tout un système qui régule le traitement des déchets automobiles tels que les batteries. La directive européenne révisée de 2006 sur le recyclage des piles et accumulateurs usagés apporte un cadre pour le traitement de ce type de déchets. La directive (2006/66/EC) stipule qu'il faut recycler annuellement au moins 25% des piles et accumulateurs portables d'ici à 2012 et 45% en 2016. Elle attribue au producteur, et non plus au détenteur, la responsabilité de la collecte et du traitement des piles et accumulateurs usagés qu'il a mis sur le marché. En parallèle, elle interdit la mise en décharge et l'incinération des piles et accumulateurs automobiles et industriels. Une première mondiale prévue pour 2011 En France, la plupart des garagistes disposent de bacs de collecte dans lesquels les clients peuvent déposer gratuitement leurs batteries automobiles usagées. Pour la première fois au monde, une usine dédiée au recyclage des cathodes des batteries au lithium verra le jour. Prévue pour 2011, l'usine pilote sera construite au Japon et permettra le recyclage et la récupération des métaux tels que le lithium. C'est la ville de Tsuruga qui accueillera les travaux de construction effectués par Nikko Tsuruga Recycle, filiale de Nippon Mining & Metals. À terme, l'usine est censée produire quelque 6 tonnes de nickel, 10 tonnes de cobalt, 6 tonnes de manganèse et 10 tonnes de carbonate de lithium mensuellement. Les Japonais l'ont déjà compris, il est plus rentable de recycler le lithium que de le produire. En décalage ? On serait bien tenté de le dire, en lorgnant du côté de l'Algérie voisine et d'autres pays qui se sont déjà rendu compte du danger que constituent les piles et accumulateurs électriques usagés. Au Maroc, il existe déjà des textes juridiques régissant la gestion globale de ces types de déchets dits dangereux. C'est bien. Mais au lieu de tirer dans le tas pour finalement tout rater, ce qui serait encore mieux, ce serait de disposer d'un cadre juridique spécifique aux déchets les plus nocifs, chaque déchet ayant ses propres réalités et ses propres impacts environnementaux. Autrement dit, on ne peut pas mettre dans le même panier les déchets médicaux, par exemple, et les piles et batteries usagées. La mise en place en avril prochain d'une charte de l'environnement permettra sans doute au royaume de rattraper son retard quant à cette question, et de réajuster les textes présents. D'autre part, pour le Maroc, cette mise à niveau s'impose vu que, parmi les nouveaux défis du monde actuel, figure la voiture électrique. Le royaume serait peut-être amené dans les prochaines années à en accueillir sur ses routes, ou encore à abriter des usines de montage ou de fabrication de batteries pour véhicules électriques. Cela supposera bien sûr qu'on aura depuis longtemps dépassé le problème de la prise en charge et du recyclage de ces déchets. Un recyclage qui pourtant, développé à un stade industriel, constitue une niche d'emplois à exploiter. Mais pour arriver à tout cela, il faudrait également que les offres de services privés se développent chez les principaux prestataires du domaine de l'environnement et de la propreté. Les autorités locales, qui ne disposent pas en général des moyens et dispositifs nécessaires, ne trouvent pas encore d'interlocuteurs. Il est clair que ces opérateurs privés, comme il a été souligné dans l'article ci-contre, attendent pour leur part qu'il y ait une certaine organisation du segment, avant de ramener au Maroc les mêmes offres en vigueur dans les pays du Nord. On est donc encore loin de mettre un terme à cette pollution «silencieuse».