Les Echos quotidien : Après avoir remporté le Grand prix du Festival international du court métrage à Tanger et participé à la sélection officielle du Festival de Dubaï, votre film «Courte vie» concourt dans la compétition officielle du Festival du film national. Allez-vous prendre part à d'autres manifestations ? Adil Fadili : Tout à fait. Outre les festivals que vous avez cités, le film participera dans les prochains mois au Festival de Sao Paulo au Brésil et à celui de Clermont-Ferrand en France, considéré comme l'un des festivals du court les plus célèbres au monde. D'autres festivals encore sont intéressés par mon film. «Courte vie», dont le budget s'élève à 800.000 DH (ndlr : dont 300.000 DH représentent l'aide du Centre cinématographique marocain), vient de voir le jour et je pense qu'il aura une longue vie devant lui ! Vous avez travaillé jusqu'à maintenant pour la télévision. Comment s'est opéré le passage du petit écran au grand ? Je pense que la réalisation pour le cinéma est le cheminement logique des choses. J'ai été lauréat d'une école de cinéma en France, en 1989. Depuis mon retour au Maroc en 1995, j'ai essayé de toucher le maximum de personnes en réalisant des téléfilms ou encore plus récemment des séries. Toutefois, il faut préciser que j'ai essayé depuis toujours de ramener le cinéma vers la télévision, c'est-à-dire de faire des productions télévisuelles avec une vision purement cinématographique. Par ailleurs, «Courte vie» a nécessité plus d'un an de travail. Je ne voulais pas faire un travail bâclé, mais plutôt prendre tout mon temps pour livrer un film «correct». Qu'est-ce qui vous motive le plus pour aborder tel ou tel sujet dans vos films ? Ma seule motivation est de raconter des histoires, de fabriquer un univers imaginaire et d'attendre la réaction de l'autre. Je ne fais pas partie de cette catégorie de réalisateurs qui ne cessent de confirmer que leur objectif est de passer des messages à travers leurs films. Je n'ai jamais pensé à cela, puisque je ne détiens pas la vérité. Mon objectif est de créer un débat intéressant, qui pourrait nous être utile à tous. Que pensez-vous des cinéastes qui portent plusieurs casquettes à la fois : scénariste, producteur et parfois acteur ? Je pense que c'est tout à fait normal, vu que nous n'avons pas une vraie industrie cinématographique. Malheureusement, nous n'avons pas de scénaristes, ni de dialoguistes. Le réalisateur est donc souvent amené à remplir ces tâches pour combler ce vide. Vous savez, pour mon prochain long métrage, j'ai décidé de ne pas faire appel à un producteur parce que j'ai envie d'avoir ma liberté et surtout de prendre le temps nécessaire pour réaliser ce film. Je ne veux pas avoir derrière le dos un producteur qui va me «ligoter». Justement, pouvez-vous nous parler de votre prochain long métrage ? Ça sera un remake de «Courte vie». Je vais bien entendu, changer le titre, mais je garderai le même sujet. Je suis en ce moment en phase d'écriture. Comme je viens de vous l'expliquer, je prendrai tout mon temps pour mettre en place ce projet. Concrètement, que pensez-vous des films projetés dans le cadre de la 12e édition du FNFT ? Je n'ai pas vu tous les films, mais je peux vous dire qu'il y a une volonté de bien faire les choses. Les sujets sont très variés, chose qui ne peut être que de bon augure pour notre cinéma. Je tiens aussi à préciser que la qualité est secondaire pour le moment. Ce qui prime, c'est cet engouement pour faire des films. C'est dans la quantité qu'on trouvera la qualité Quel regard portez-vous sur le cinéma marocain, d'une manière générale ? Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Nous avons de jeunes comédiens, réalisateurs et techniciens, qui auront certainement leur mot à dire dans les années à venir. Si on continue sur cette lancée, notre cinéma atteindra un niveau international d'ici peu. Mais attention ! Cela ne veut pas dire qu'on a tout fait. Un long chemin reste à parcourir, si nous voulons vraiment nous imposer sur le plan international. Outre le remake de «Courte vie», êtes-vous sur d'autres projets ? Il y a la deuxième saison de la série policière «Brigade», qui a eu du succès auprès des téléspectateurs. Je prépare également un spectacle avec ma sœur Hanane. Ces deux projets seront finalisés cette année. Je suis convaincu que j'ai beaucoup de choses à partager avec le public. J'ai envie d'expérimenter plusieurs genres cinématographiques, notamment le polar et le film historique. Les cinéastes marocains doivent oser, pour que notre cinéma se développe.