Comment la technologie crée-t-elle le «nouveau» journalisme? Manque de proximité, de subjectivité, voire manipulation. Autant de reproches faits aux médias traditionnels qui, grâce aux développements technologiques, assistent à la naissance d'un «nouveau» journalisme, le journalisme citoyen. Un effet incontournable des progrès que connaissent les nouvelles technologies de l'information, à en croire le dernier rapport du Dubai Press Club. Mais le journaliste citoyen va plus loin que de simples articles postés sur un blog. Le rapport de Shayne Bowman et Chris Willis, «We Media: How audiences are shaping the future of news and information» (Comment le public change l'avenir des médias et de l'information), explique le but de ces cyber-citoyens : «fournir les informations indépendantes, fiables, précises, diverses et appropriées nécessaires à une démocratie». Une indépendance et une fiabilité pour lesquelles le lecteur est prêt à passer du rôle de récepteur à celui d'émetteur actif, devenant lui-même un média, choisissant ainsi l'actualité qui l'intéresse (proximité) et la manière dont il la traitera (recherche d'objectivité). Les citoyens font l'actu Ce phénomène qui envahit la Toile n'a pas échappé aux médias traditionnels qui recherchent constamment de se rapprocher du public. Et de souligner que la proximité est devenue le mot d'ordre de nos radios et télévisions. Aussi, quoi de plus proche des citoyens qu'un journaliste citoyen. Le nouveau média qui avait pour objectif de contourner l'information traditionnelle se retrouve donc, aujourd'hui, à alimenter celle-ci. Parmi les deux principales plates-formes mondiales de journalistes citoyens, à savoir Agoravox, Citizenside, CNN s'est largement introduite dans le milieu. En effet, la chaîne d'information américaine a créé iReport, permettant ainsi aux internautes de poster en ligne «leur» actualité. Mais elle n'est pas la seule. Dans le monde arabe, la chaîne à capitaux saoudiens et émiratis «Al Arabiya» et qatarie «Al-Jazeera» encouragent également les consommateurs à soumettre leurs récits et témoignages. Pour Mona Al Marri, présidente du Dubai Press Club, «le journalisme citoyen devrait complémenter le journalisme courant et donner plus de profondeur et de l'ampleur au contenu médiatique». Un avis que les médias d'information sur le Web ne partagent pas tout à fait. Mohamed Ezzouak, fondateur du portail d'information Yabiladi, souligne qu'il y a une différence à faire entre les médias d'informations hébergés sur la Toile et les journalistes citoyens qui ne sont pas des professionnels. «L'inconvénient de ce type de médias est qu'il n'y a pas de contrôle, l'information n'est pas recoupée. Du coup, s'il y a erreur, elle n'apparaît qu'après diffusion».