Les Echos quotidien : Le film « Al Qods, Bab Al Maghariba » signe votre retour sur la scène cinématographique nationale. Pourquoi tant d'années d'absence ? Abdellah Masbahi : C'était voulu. Après 50 ans passés dans l'univers du cinéma, je voulais prendre du repos. Pendant cette période, je me suis posé plusieurs questions sur ce que je pouvais apporter au cinéma marocain. J'avoue que ce n'est pas facile pour moi dans la mesure où j'ai vraiment atteint mes objectifs tracés dès le début, notamment en ce qui concerne la réalisation de films marocains et par la suite internationaux. Comme vous le savez, j'ai mis en scène plusieurs acteurs marocains, égyptiens, libanais ou encore tunisiens. Sans oublier mon film sur l'Afghanistan, sous l'occupation russe, censuré depuis sa production en 1984. Pourquoi la question palestinienne comme sujet principal de votre film ? C'est une question qui me préoccupe énormément. D'ailleurs, l'idée de réaliser ce film date des années 60. Le conflit israélo-palestinien n'est pas propre au peuple palestinien mais à tous les Arabes, même s'il est devenu aujourd'hui un dossier parmi tant d'autres. Sinon, je parle de toutes les actions prises par les Marocains pour soutenir la Palestine depuis l'ère de El Mansour Dahbi. Concrètement, quel regard portez-vous sur le cinéma marocain ? On a troué la mémoire de notre cinéma puisqu'on a ignoré tous ces vétérans en ne cessant de répéter que le 7e art au Maroc commence avec cette nouvelle génération de réalisateurs. C'est complètement faux. Le cinéma national a débuté avec ces gens qui ont fait de grandes écoles dans les années 50 et 60 et qui ont réussi à remporter des prix à l'époque. Je ne mets pas en doute les efforts entrepris par le directeur du CCM, mais je pense que c'est vraiment un cinéma d'amateurs. Normalement, nous devons avoir aujourd'hui une vraie industrie cinématographique et là je tiens à préciser que c'est le nombre des films produits chaque année qui prouve qu'on est sur la bonne voie.