C'est hier qu'ont pris fin les travaux de la Commission mixte de la pêche Maroc/Union européenne, tenus à Rabat. Une réunion qui s'est déroulée dans un contexte particulier, marqué par un débat houleux au sein de l'Union européenne. Lequel débat concerne justement l'accord de pêche Maroc-UE, signé en 2006. Certains eurodéputés avaient soulevé la question de l'aide au secteur de la pêche locale dans le Sahara et se sont dit «inquiets» quant au respect par le Maroc de cette clause. Officiellement, cette question n'a pas été abordée lors de la réunion de Rabat. «Comme à l'accoutumée, les deux parties ont étudié des questions techniques relatifs à l'accord», nous confie une source au ministère de l'Agriculture et des pêches maritimes. Le Maroc entend-il réagir au débat soulevé au sein du Parlement européen ? «Pourquoi faire ?», s'étonne cet officiel. Pour lui, tant que les instances dirigeantes de l'Union européenne n'ont pas directement interpellé le gouvernement marocain, il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Ainsi, le Maroc n'entendrait pas réagir. En tout cas pas officiellement. Rappelons qu'à l'origine, le débat avait été enclenché par la question d'une députée verte européenne posée à Carmen Fraga Estevez, la présidente de la Commission de la pêche du Parlement européen, lors de sa réunion le 28 janvier à Bruxelles, une question qui n'a pas obtenu de réponse. La présidente de la Commission a ingénieusement reporté le débat à la prochaine réunion de la Commission de la pêche le 23 février. La présidence du Parlement européen a évoqué un «agenda surchargé» et un «manque de temps» pour traiter un tel sujet «d'urgence relative». Autant dire gagner du temps avant d'aborder une question qui gêne. Pour cet observateur, le débat soulevé en Europe quant à l'accord de pêche intervient à quelque mois des débuts des négociations entre le Maroc et la Commission européenne pour un nouvel accord de pêche. Celui-ci, signé en 2006, devrait arriver à son terme à la fin de l'année 2010. S'achemine-t-on vers le renouvellement ou la suspension de cet accord de pêche ? Il est encore trop tôt pour le dire, d'autant plus qu'on note l'absence d'un débat national sur la question. Le Parlement est aux abonnés absents, comme il l'a été lors de la signature de l'accord en 2006. Côté chiffres, le texte de l'accord de pêche Maroc/UE prévoit une contrepartie financière fixée à 36 millions d'euros par an. De cette contrepartie financière, un appui financier annuel de 13,5millions d'euros est alloué au développement et à la mise en oeuvre de la politique sectorielle de la pêche au Maroc, en vue de l'instauration d'une pêche durable et responsable. Les possibilités de pêche, prévues dans l'accord, ont été fixées d'abord pour la catégorie de pêche artisanale, pour 22 chalutiers et palangriers de fond pour la pêche démersale et finalement d'un quota annuel de 60.000 tonnes pour la pêche pélagique industrielle. Les redevances des armateurs ont été fixées pour chaque catégorie et pourraient globalement contribuer pour un revenu additionnel annuel d'environ 3 M d'euros en faveur du Maroc.