L'ensemble des analystes s'accordent sur la nécessité d'adopter une stratégie de diversification, tout en tenant compte du potentiel de liquidité des titres. Des bancaires, cimentières, ainsi que des distributeurs font partie de la sélection des «Echos quotidien» pour l'année 2011 Sur quelles valeurs faut-il miser en ce début d'année ? Certes, pour les plus avertis des investisseurs en Bourse, le choix a été fait bien avant l'entame du nouvel exercice. Cependant, face au mouvement de prise de bénéfices qui sévit ces dernières séances sur le marché, plusieurs boursicoteurs se trouvent aujourd'hui dans l'expectative. D'autant plus que cette conjoncture boursière de ces derniers temps fait en sorte que les disponibilités de liquidités se renforcent, suite notamment aux plus-values dégagées sur les performances boursières de 2010. Dans ce sens, Les Echos quotidien s'est prêté à l'exercice fétiche des analystes de la place, en sélectionnant les valeurs les plus prometteuses de l'année 2011, sur la base des portefeuilles recommandés par les sociétés de Bourse. Il y a cependant lieu de préciser que les portefeuilles les plus récents sont ceux de BMCE Capital Bourse et de Crédit du Maroc Capital. Pour les autres sociétés de Bourse retenues, les portefeuilles de Dar Tawfir, Integra Bourse ont été publiés suite à la publication des résultats semestriels des sociétés cotées, tandis qu'Attijari Intermédiation a une stratégie d'investissement courant de juillet 2010 à fin mars prochain. Dans les trois derniers cas, les portefeuilles restent valides pour au moins les trois prochains mois. Ces grosses capi incontournables On peut d'emblée dire que certaines valeurs phares de la place, fortes de leurs capitalisations boursières et de leur liquidité sont incontournables dans les portefeuilles 2011. L'ensemble des sociétés de Bourse s'accordent en effet à mettre en valeur BCP et Attijariwafa bank. Les deux banques, dont le parcours boursier 2011 est des plus performants du marché, sont en effet recommandées par l'ensemble des analystes de la place. Et pour cause, BCP avait profité de l'annonce de sa fusion avec la BP régionale de Casablanca, opération qui devrait lui permettre de consolider les bénéfices de cette dernière dès mars prochain. «La BCP a de fortes ambitions tant au niveau local que régional nourries de larges possibilités de développement», soutient-on au sein de CDMC. Ceci devrait être d'autant plus encourageant pour les investisseurs lorsque l'on sait que BCP dispose d'une assise financière tellement confortable qu'elle lui permet de saisir, en cas de besoin, toute opportunité d'affaires qui se présentera. Pour le cas d'Attijariwafa bank, c'est sur son leadership sectoriel que se basent les analystes pour la recommander dans les portefeuilles. Cette situation permet en effet à la banque de se positionner comme l'une des filiales les plus lucratives de SNI et partant, de l'ensemble des actionnaires. Sans oublier l'intention de l'équipe de Mohamed Kettani de poursuivre la ruée africaine en 2011, avec notamment l'implémentation dans deux nouveaux pays que sont la Guinée Equatoriale et le Burkina Faso. Par ailleurs, le duo BCP et AWB est également talonné par les deux autres stars de la cote que sont Addoha et Maroc Telecom. Accordant une attention particulière au critère de la liquidité dans sa logique d'investissement, BMCE Capital Bourse ne pouvait passer outre les deux valeurs les plus échangées du marché. D'autant plus que pour le cas d'Addoha particulièrement, la valorisation du titre ressort bien au-dessus de son cours boursier. À titre d'exemple, à la clôture de la séance de vendredi dernier, le cours de l'action du promoteur immobilier s'établissait à 107,50 DH. Quant à la valorisation faite par les analystes, notamment ceux de CDMC, elle ressort aux alentours de 170 DH. De son côté, Maroc Telecom devrait conforter son statut de véritable machine à cash, profitant à la fois de son internationalisation et des perspectives sectorielles au Maroc. Par ailleurs, si les investisseurs se sont habitués ces dernières années à voir les quatre valeurs précitées revenir en force dans les recommandations des analystes, il n'en est pas forcément de même pour les deux cimentières Holcim et Lafarge. Pourtant, en 2011, voire pour les deux à trois prochaines années, ces deux mastodontes du secteur du BTP risquent bien de faire parler d'eux. En effet, après des années 2009 et 2010 assez difficiles, le secteur du ciment devrait amplement profiter de la relance du logement social promise par le gouvernement. Dans ce sens, Lafarge Ciments et Holcim semblent être les opérateurs qui se sont le mieux préparés à cette relance. D'un côté, Lafarge Ciments vient de lancer une nouvelle unité de la production, laquelle dispose d'une capacité de production de 80.000 tonnes. D'un autre, et selon les analystes de BMCE Capital Bourse, «Holcim devrait continuer à tirer profit du potentiel des régions ouest et sud-centre», suite notamment à la consolidation de sa participation dans le capital de Holcim AOZ (filiale portant l'usine de Settat) à hauteur de 60%. Les small & mid caps ne sont pas en reste ! Sur un autre registre, longtemps sous le feu des projecteurs en période de crise, les petites capitalisations de la place se sont légèrement fait oublier en 2010 lorsque la Bourse de Casablanca a repris des couleurs. Cela dit, 2011 devrait remettre sur le devant de la scène certaines d'entre elles, particulièrement celles «qui sont négligées par le marché malgré leurs stratégies de développement prometteuses et la bonne visibilité offerte par leurs plans d'affaires», confirme-t-on au sein de CDMC. Dans ce sens, il est incontestable que Cosumar attirera particulièrement l'attention des investisseurs. Seul représentant du secteur agroalimentaire dans les portefeuilles de la majorité des sociétés de Bourse, le titre devrait faire l'objet d'une prochaine OPV de la part de la SNI. En effet, Cosumar est l'une des premières filiales qui devrait être cédée dans le cadre de la stratégie du holding et partant, devrait au préalable attiser toutes les convoitises. En parallèle, les fondamentaux économiques du seul opérateur sucrier jouissent d'une bonne solidité, confortée par le programme de mise à niveau et de modernisation des installations ainsi qu'avec des ambitions d'internationalisation devant donner une nouvelle ampleur au groupe. Par ailleurs, et à l'instar de Cosumar, Aluminium du Maroc fait également partie des small caps attendues aux plus hautes marches du podium en 2011 grâce notamment au renforcement de ses installations. Certes, le contexte sectoriel dans lequel évolue la société est fortement concurrentiel. Cependant, ALM s'apprête à créer une nouvelle filiale en joint-venture avec le groupe espagnol Alberico, opération qui devrait booster à la fois les réalisations commerciales de la société mais également optimiser son processus de production. Dans ce contexte, Aluminium du Maroc serait une valeur phare du marché boursier en 2011. Enfin, dans le secteur de la distribution, Auto Hall et Disway, même opérant dans des secteurs différents, affichent des perspectives prometteuses. La première devrait en effet profiter de la troisième bonne campagne agricole de suite qui s'annonce, par la reprise de la carte Fiat dans plusieurs villes du royaume ainsi que par le succès de ses voitures Ford pour booster ses réalisations commerciales. De son côté, Disway semble avoir atteint une taille critique après la fusion de Matel PC Market et Distrisoft pour enfin s'imposer en tant que mastodonte du secteur informatique au niveau régional, voire continental. C'est dire que pour l'année 2011, et à l'instar de l'ensemble des analystes de la place, Les Echos quotidien prône un portefeuille diversifié, par secteur et par grandeur de capitalisation, en tenant compte de la liquidité des titres, afin de tirer pleinement profit du bon exercice boursier qui s'annonce. Quid d'Ennakl ? Plusieurs sociétés de Bourse l'ont placée dans leurs portefeuilles cibles, pourtant, elle parait aujourd'hui comme la valeur la plus risquée du marché. En effet, les analystes ayant publié, jusque-là, la liste de leur valeurs cibles l'ont fait avant l'avènement des événements de Tunis. De ce fait, plusieurs d'entre eux ont cru au potentiel d'Ennakl, or depuis les choses ont bien changé et le cours de la valeur s'est fortement dépréciée. Pour l'heure, seule Integra Bourse s'est prononcée sur Ennakl post-émeute de Tunis, la recommandant à la conservation au-delà de deux ans. À l'heure où nous mettions sous presse, les investisseurs avaient toutes les raisons de calmer leurs craintes quant au concessionnaire tunisien. D'un côté, la société a annoncé la reprise normale de son activité depuis le 17 janvier. D'un autre, vu la fuite de Mohamed Sakher Materi, ex PDG de la société, Noureddine Hamdi, armé de 30 années d'expérience dans l'entreprise, a pris les rênes de la société afin d'assurer la continuité, en attendant ce que pourrait décider le gouvernement tunisien concernant les parts de la société détenues jusque-là par le gendre du Président déchu. Dans ces conditions, trois scénarios se proposent aux investisseurs. Le premier, prudent, est d'éviter de se positionner sur le titre en attendant d'obtenir une meilleure lisibilité du sort de la société. Le deuxième scénario est plus destiné aux investisseurs qui optent pour la prise de risque. Acquérir des actions d'Ennakl après la levée de sa suspension, à un prix bas, pourrait être une bonne affaire, car le cours de l'action risque bien de retrouver des couleurs dès que le sort de la société sera défini en Tunisie. Enfin, le troisième scénario concerne principalement ceux qui détiennent déjà cette valeur dans leur portefeuille. Dans ce cas de figure, il est clair que garder sa position sur Ennakl serait le moyen le plus judicieux pour éviter de subir la moins-value issue de la dépréciation subie par le cours ces dernières semaines.