À peine 1,2 milliards d'investissements dans les médias audiovisuels en une année. En 2010, 2M bat le record et fait beaucoup mieux que les chaînes de la SNRT. Quant aux radios, les recettes s'élèvent à 200 millions de DH. La mise en place d'une nouvelle mesure d'audience radiophonique devrait s'accompagner par une redistribution des cartes sur ce marché très disputé par les stations privées Avec un total de 1,2 milliards de DH de dépenses publicitaires pour l'année 2010, qui est le leader des médias audiovisuels au Maroc ? À en juger aux derniers chiffres de l'année confiés par une grande régie de la place, ce n'est plus une hypothèse, mais un fait confirmé. En réalisant un chiffre d'affaires de 710 millions de DH, c'est sans grande surprise que 2M s'affiche championne des investissements publicitaires. L'année 2010 aura donc été plus que florissante pour la chaîne de Aïn Sebaâ, tant au niveau des rentrées publicitaires, qu'en ce qui concerne l'audimat, à tel point que 2M aura même réussi à faire le double des rentes de son aînée et concurrente, la SNRT. Toujours pour le même exercice, la grande sœur de la télévision nationale a réalisé un chiffre d'affaires publicitaire de 230 millions de DH à peine, avance le patron de cette régie publicitaire. Avec de tels résultats, on se demande vraiment si l'achat de parts supplémentaires dans le capital d'Euronews était judicieux, voire même nécessaire, dans la stratégie de la holding, d'autant plus que malgré les nombreux efforts que la SNRT semble déployer au cours de l'année pour redorer le blason de sa chaîne phare, Al Oula, l'audience a toujours du mal à suivre. Résultats, pas d'audience, pas de publicité, donc peu de moyens. Pourtant, la SNRT ne semble pas en manquer, puisqu'une grande partie de ses programmes est réaliseé et produit en externe. Totalement paradoxal, la chaîne qui a choisi de miser sur l'autoproduction (sauf peut-être pour la fiction), à savoir 2M, est beaucoup plus rentable. Sans parler de la position «hybride» de la chaîne qui, malgré son statut de chaîne publique, vit essentiellement de la publicité. Et les radios ? Côté radios, les derniers indicateurs sont étonnants. En effet, c'est Luxe Radio, l'une des plus jeunes stations privées, qui décroche la tête du classement des investissements publicitaires dans le secteur en décembre dernier. Du moins à en juger par les chiffres d'une société spécialisée dans la pige publicitaire. La station thématique qui se positionne dans l'art de vivre obtient 29% de part de marché. Qui l'aurait cru ? À croire que Luxe radio aura finalement tout compris (ou presque) au marché radiophonique, puisqu'elle devance largement ses aînées, avec 19% de part de marché pour Hit Radio qui arrive en deuxième place, suivie de Médi1 (10%), Radio 2M (7%), Atlantic Radio, puis de Aswat (6%), Casa FM (5%), Radio Mars (4%), Med Radio et SNRT Radio nationale (3%). Dans le bas du classement, on trouve Cap Radio avec à peine 2% de part de marché. Globalement, 200 millions de DH ont été investis dans le média radio, soit moins de 10% de la totalité des investissements publicitaires annuels dans l'audiovisuel. La radio n'est donc pas au mieux de sa forme. Pourtant, on croyait que les annonceurs allaient miser sur ce média, surtout avec l'arrivée des stations privées. Pour l'un des acteurs clés du secteur, c'est une question de «pédagogie». Les annonceurs, particulièrement les PME, ne sont pas encore conscients de l'intérêt qu'il y a pour eux (et pour le marché) à communiquer sur les médias audiovisuels. Comment les en convaincre dans ce cas ? Pour les opérateurs, le Cirad est le nouveau messie du marché radiophonique, celui qui apportera, par les chiffres, la vérité sur l'audience des radios nationales. À l'image de la télévision, l'audimat devrait nettement bouleverser les investissements publicitaires. «Nous assisterons à une redistribution des cartes», préconise l'une des têtes de ce groupement, dans le secteur depuis plus de 20 ans. Notons qu'à la création du GIE des radios, toutes les stations privées et publiques se sont associées au projet à l'exception de Luxe Radio qui émis beucoup de réserves concernant notamment le panel retenu. Pour sa part, Sawa a repoussé son entrée pour des raisons «juridiques». Sophia Akhmisse