Lors du 49e anniversaire de la Marche Verte, le Roi Mohammed VI a annoncé une restructuration inédite des institutions dédiées aux Marocains résidant à l'étranger (MRE). En plus de reconnaître leur rôle crucial pour l'économie et l'identité ntionale, le Souverain a précisé les mesures visant à mieux les encadrer, simplifier leurs démarches et stimuler leurs investissements au Maroc. Le discours prononcé par le Roi Mohammed VI à l'occasion de la Marche Verte a mis en lumière l'importance des Marocains résidant à l'étranger (MRE) pour le Maroc. En les qualifiant de «patriotes» engagés dans la défense des intérêts du Royaume et son développement, le Souverain a souligné leur contribution essentielle. Il a ainsi annoncé une restructuration en profondeur du cadre institutionnel, visant à mieux répondre à leurs attentes et à encourager leur rôle dans l'économie nationale. Des mesures institutionnelles pour mieux encadrer les MRE Le Roi Mohammed VI a souligné la nécessité d'une «mobilisation permanente» de tous les citoyens marocains pour défendre l'intégrité territoriale du pays, un objectif auquel les MRE contribuent activement, grâce à leur engagement au-delà des frontières. Face aux défis nouveaux, le Souverain a déclaré sa volonté de transformer en profondeur la gestion des affaires de cette diaspora, estimée de 6 à 6,5 millions de personnes d'individus à travers le monde par le CESE. Désormais, l'approche marocaine vis-à-vis de ses ressortissants à l'étranger s'appuiera sur deux entités clés, pensées pour répondre aux nouveaux défis et aspirations des Marocains résidant à l'étranger. D'une part, le Conseil de la Communauté marocaine à l'Etranger (CCME), institution autonome, deviendra le cœur de cette stratégie, en jouant un rôle essentiel de cadre de réflexion et de force de proposition. Le Roi Mohammed VI a ainsi insisté sur l'urgence d'adopter la nouvelle loi régissant le CCME, afin de rendre cette structure pleinement opérationnelle dans les meilleurs délais. D'autre part, la Fondation Mohammedia des Marocains résidant à l'étranger, une nouvelle instance dédiée, fera office de bras opérationnel. Sa mission sera de coordonner et d'exécuter la stratégie nationale destinée aux MRE, en prenant en charge le Mécanisme national de mobilisation des compétences. Ce dernier ouvre la voie aux experts marocains installés à l'étranger, tout en offrant un accompagnement aux porteurs de projets désireux d'investir dans leur pays d'origine. Ce modèle, fondé sur une meilleure coordination et une prise en compte des attentes spécifiques des MRE, vise aussi à assurer un encadrement culturel, linguistique et religieux pour l'ensemble des générations vivant à l'étranger. Par ailleurs, des efforts significatifs seront consacrés à la simplification et à la digitalisation des procédures administratives, afin d'offrir aux MRE un accès plus rapide et aisé aux services publics marocains. Un potentiel de croissance à optimiser Le discours royal intervient à un moment où les MRE manifestent un intérêt croissant pour participer au développement du Maroc, répondant ainsi aux défis économiques et sociaux du pays. Les Marocains résidant à l'étranger sont devenus au fil des années une source de revenus stable et indispensable pour le Maroc. En 2024, les transferts de fonds de cette diaspora atteignent déjà 91,52 milliards de dirhams à fin septembre, un montant que Bank Al-Maghrib prévoit en hausse pour l'ensemble de l'année, avec une estimation de 117,34 milliards de dirhams, et jusqu'à 123,7 milliards en 2025. Cette contribution massive constitue l'une des principales sources de devises pour le Maroc, permettant de soutenir l'économie nationale, en particulier en période de crise. Pour aller au-delà de l'aide financière et transformer ce lien en levier de développement économique, le Royaume mise sur le potentiel des MRE en matière d'investissements directs. Actuellement, à peine 2% de ces fonds sont destinés à l'investissement productif, tandis que 75% soutiennent principalement les familles au pays, une tradition solidement ancrée qui se renforce en période de difficultés, comme l'a démontré la crise du Covid. Si les MRE investissent déjà, les flux sont majoritairement orientés vers l'épargne (15%) et l'immobilier (8%), laissant le secteur productif encore largement sous-exploité. Ainsi, en s'appuyant sur leurs compétences et leurs expertises acquises à l'étranger, les MRE pourraient devenir des acteurs stratégiques dans des secteurs comme les nouvelles technologies, l'industrie, ou encore le tourisme. Cette perspective alignerait le Maroc sur les efforts de nombreux pays de la région qui mobilisent leur diaspora pour renforcer leurs économies respectives. Une transformation nécessaire pour une diaspora plus engagée Cependant, pour que cette ambition se concrétise, un soutien fort et des incitations attractives sont nécessaires. L'introduction de la Fondation Mohammedia, qui vise à simplifier les démarches administratives et à structurer un accompagnement adapté, devrait répondre à cette attente. La gestion du Mécanisme national de mobilisation des compétences permettra également d'identifier et de valoriser les talents marocains à l'étranger, en leur offrant des opportunités d'investir et de développer des projets dans leur pays d'origine. L'annonce du Roi Mohammed VI marque un tournant décisif dans les relations entre le Maroc et sa diaspora. En mettant en place un cadre institutionnel plus cohérent et en se donnant les moyens de répondre aux besoins spécifiques des MRE, le Royaume aspire à renforcer l'attachement de ces derniers à leur patrie. Les mesures annoncées, associées à des perspectives d'investissements diversifiés, ouvrent des opportunités qui, à terme, pourraient transformer l'apport de la diaspora au développement national. Faiza Rhoul / Les Inspirations ECO