Le financement automobile est un élément clé pour les consommateurs et les constructeurs. Captives, marques blanches et crédits classiques présentent des avantages et défis distincts en termes de contrôle, flexibilité, diversité et expérience client. Décryptage. Le financement automobile est un pilier central du secteur automobile, permettant à de nombreux consommateurs d'accéder à l'achat de véhicules. Toutefois, choisir entre une captive, une marque blanche ou un crédit classique peut être complexe. Lors de la table ronde organisée par le groupe Horizon Press, des experts du secteur ont éclairé ces concepts, en détaillant les avantages et les défis de chaque modèle. La captive : une intégration totale Adil Bennani, directeur général d'Auto Nejma, a fourni un éclairage historique et opérationnel sur les captives, soulignant que c'est une société de financement détenue à 100% par un constructeur automobile. Ce modèle permet un contrôle total sur le processus de financement et une intégration parfaite avec les opérations de vente du constructeur. Notons que le fait d'avoir sous la main à la fois le tarif crédit et celui de la voiture permet de faire des offres compétitives. Historiquement, les captives ont été créées pour assurer la continuité du service client et maximiser la chaîne de valeur d'un véhicule tout au long de sa vie. Adil Bennani a rappelé que dès les années 1920, André Citroën en France avait créé la première captive directe, suivie de Renault et Peugeot. Ce modèle permet de capter non seulement les ventes initiales de véhicules, mais aussi les financements des véhicules d'occasion, les services après-vente, et autres produits financiers associés. La marque blanche : flexibilité et marketing La marque blanche, en revanche, est un modèle où un organisme financier partenaire fournit les services de financement sous la marque du constructeur ou du distributeur. Ce modèle est principalement axé sur le marketing et la flexibilité. «Une marque blanche libère les imaginations. On peut tout imaginer parce que c'est ouvert», a affirmé Allal Benjelloun, directeur général de la Centrale automobile chérifienne (CAC). Le principal avantage de la marque blanche est la capacité à offrir une expérience client intégrée et cohérente tout en bénéficiant de l'expertise et des ressources d'un partenaire financier. Cela permet aux constructeurs de se concentrer sur leur cœur de métier tout en offrant des solutions de financement compétitives et adaptées. Cependant, cela peut également impliquer une dépendance à long terme vis-à-vis du partenaire financier, ce qui peut poser des défis en termes de gestion et de négociation des termes du partenariat. Le crédit classique : diversité et concurrence Cédric Veau, directeur de Bamotors, a défendu le modèle du crédit classique, où les consommateurs peuvent choisir parmi plusieurs options de financement offertes par différents organismes financiers. Ce modèle offre une grande diversité et permet de répondre à une gamme plus large de besoins clients. «Nous avons plusieurs partenaires financiers pour pouvoir répondre à l'ensemble des besoins du marché», a-t-il expliqué. L'un des principaux avantages de ce modèle est la capacité de mettre les organismes financiers en concurrence pour obtenir les meilleures conditions pour les clients. Cela peut se traduire par des taux d'intérêt plus compétitifs et des offres plus flexibles. Cependant, ce modèle nécessite également une gestion plus complexe des relations avec plusieurs partenaires financiers et une coordination accrue pour offrir une expérience client fluide. Avantages et défis comparatifs Selon les intervenants, chaque modèle de financement présente des avantages et des défis distincts. Les captives offrent un contrôle total et une intégration parfaite avec les opérations de vente, mais nécessitent des investissements substantiels et une gestion sophistiquée des risques. Pour les marques blanches, elles offrent une flexibilité accrue et une forte orientation marketing, mais peuvent impliquer une dépendance à long terme vis-à-vis des partenaires financiers. Quant aux crédits classiques, ils offrent une grande diversité et des conditions compétitives, mais nécessitent une gestion complexe des relations avec plusieurs partenaires. Driss Fedoul Président du directoire de Wafasalaf «Le financement automobile sur le marché du crédit à la consommation, si on prend l'exercice 2023, pour avoir une année pleine, on a atteint un niveau d'encours de 30 milliards de dirhams. Donc globalement, en encours crédit conso distribué avec une croissance annuelle moyenne sur les 5 dernières années qui est au moins 10%. Ce chiffre-là représente globalement 55% de l'activité crédit conso globale sur le marché, c'est-à-dire toutes activités confondues, entreprises, particuliers…» Cédric Veau DG de Bamotors «Nous avons, grâce à ces partenariats, développé de nouveaux outils, digitalisé beaucoup de process. Tout ça, finalement, se fait aussi, avant tout, au service du client qui a une meilleure expérience puisqu'il peut tout faire au même endroit. Il a une réponse encore une fois rapide. C'est assez fluide aussi dans la gestion administrative des dossiers. Et ça, c'est un des traits importants, dans les partenariats avec les sociétés de crédit. Le financement n'est pas une fin en soi, pour nous». Mehdi Idrissi / Les Inspirations ECO