À l'aube de son introduction en bourse prévue en décembre 2023, CFG Bank se dévoile sous le regard scrutateur de l'analyse pré-IPO. Valorisée à près de 3,85 MMDH, la banque mise sur une stratégie de croissance agressive et cible un positionnement haut de gamme. CFG Bank, née en 2015 de la fusion de plusieurs institutions financières marocaines, s'apprête à entrer en Bourse après avoir obtenu le visa de l'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC). Cette opération, qui devrait avoir en ce mois de décembre, constitue l'une des plus importantes IPO de l'année à la Bourse de Casablanca. À travers une augmentation de capital de 594 millions de dirhams représentant 15,6% de son capital, CFG Bank est valorisée à près de 3,85 milliards de dirhams, soit 110 dirhams par action. Cette valorisation résulte de la combinaison de deux méthodes, à savoir l'actualisation des flux futurs de dividendes et la référence à des transactions comparables. Pour étayer cette valorisation, CFG Bank met en avant ses perspectives de forte croissance, tablant sur une progression annuelle de 17% de ses encours de crédits sur la période 2024-2027. Cette stratégie offensive repose sur le positionnement haut de gamme de la banque, ciblant une clientèle aisée, et sur sa spécialisation sur des métiers à risque modéré (crédit immobilier, leasing, banque privée…). Ces atouts devraient permettre à CFG Bank de maintenir une rentabilité élevée dans les années à venir, avec un return on equity (ROE) supérieur à 12%. De quoi générer des flux de dividendes conséquents pour ses futurs actionnaires. La banque vise ainsi une distribution de 50 à 60% de son résultat net social, soit un rendement estimé entre 1,1% et 1,2% en 2023, voire jusqu'à 3% les années suivantes. À la veille de son entrée sur le marché boursier, CFG Bank présente un price earning ratio (PER, coefficient multiplicateur appliqué au bénéfice net d'une entreprise pour obtenir la valeur de celle-ci) pour 2024 de 15,4x contre 14,2x pour le reste du secteur bancaire marocain. Mais, rapporté à son potentiel de croissance des bénéfices bien supérieur, le titre CFG Bank présente un ratio PEG (price/earnings to growth) ajusté du risque attractif de 1,06 contre 2,32 pour l'ensemble des banques cotées. Ainsi, si l'IPO de CFG Bank présente un risque à court terme lié à des niveaux de valorisation élevés, le potentiel de création de valeur pour l'actionnaire sur le long terme semble important. Grâce à son positionnement stratégique sur des segments porteurs, la banque possède des atouts pour réussir son introduction en Bourse. Structure de l'offre d'IPO de CFG Bank L'opération d'IPO de la banque est structurée en trois tranches, destinées à différentes catégories d'investisseurs. La première tranche (50% de l'offre) concerne le grand public, la seconde (35,8%) s'adresse aux investisseurs institutionnels et qualifiés, alors que la troisième tranche (14,2%) est dédiée aux salariés et dirigeants de CFG Bank. Un minimum de souscription de 3 millions de dirhams (27.273 actions) est exigé pour la tranche 1 avec des allocations au prorata des demandes. Pour la deuxième et troisième tranche, aucun minimum de souscription par investisseur n'est exigé. Le volume de l'offre est de 214.970.250 DH réparti sur 1.954.275 actions pour la deuxième tranche, alors qu'il est de 85.029.670 DH réparti sur 772.997 actions pour la troisième. Des plafonds plus restrictifs sont imposés aux investisseurs les plus importants, pour éviter une concentration excessive du capital. Cette structure vise un équilibre entre l'actionnariat retail, les institutionnels actifs sur les valeurs bancaires, et l'implication des équipes dirigeantes. L'opération pourrait permettre d'atteindre un flottant de 15,6%, et même le renforcer à terme. Mehdi Idrissi / Les Inspirations ECO