Président de l'IMRI (Institut marocain des relations internationales) Rappelons tout d'abord que le G20 a été créé en 1999 suite aux crises financières des années 1990. Les réunions du G20 se tenaient au niveau des ministres, et ce n'est que le 15 novembre 2008 qu'il y a eu le 1er sommet à Washington pour gérer la grave crise financière des «subprimes». Le G20 est composé des 7 membres du G7 qui ont été rejoints par plusieurs pays émergents : Argentine, Brésil, Mexique, Chine, Inde, Russie, Indonésie, Corée du Sud, Turquie, Afrique du Sud, Australie et Arabie Saoudite. Le G20 représente 85% du PIB mondial, 75% du commerce mondial, et 66% de la population mondiale. Xi Jinping et Poutine absents La 18e réunion du G20 a eu lieu les 9 et 10 septembre 2023 à New-Delhi en Inde sous le thème «Une terre, une famille, un avenir». Alors que le président américain Joe Biden était présent à ce sommet, les présidents chinois Xi Jinping et russe Vladimir Poutine étaient absents. Plusieurs points étaient à l'ordre du jour, dont la guerre en Ukraine qui oppose l'Occident à la Russie et à certains pays émergents et en développement. En effet, les membres du G7 souhaitaient une condamnation de l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ils n'ont pas pu l'obtenir dans la déclaration finale qui a fait l'objet d'un compromis. Le texte dénonce cependant l'emploi de la force visant à obtenir des gains territoriaux. La déclaration insiste sur le respect des principes du droit international, y compris l'intégrité et la souveraineté territoriales. Elle demande également le respect du droit humanitaire international et du système multilatéral qui préserve la paix et la stabilité. Elle émet le souhait d'une paix globale, juste et pérenne en Ukraine. Enfin, elle considère inadmissible le recours ou la menace de recours à des armes nucléaires. Un autre point de discorde du Sommet du G20 en Inde a concerné la lutte contre le changement climatique, qui a fait de 2023 l'année la plus chaude pour l'humanité avec des températures de 40 à 50 degrés. Le sommet n'est pas parvenu à un appel de sortie des énergies fossiles vu l'opposition de plusieurs pays (Chine, Russie, Inde, Arabie Saoudite), tous producteurs de charbon, de pétrole ou de gaz. Il a cependant obtenu de tripler les énergies renouvelables d'ici 2030. Ceci alors que tous les rapports des scientifiques prônent la sortie le plus rapidement possible des énergies fossiles. L'Union africaine intègre le club Le sommet a traité également des questions logistiques. Sous l'impulsion du président Biden, un accord a été conclu pour établir un couloir ferroviaire et maritime reliant l'Europe, le Moyen-Orient et l'Inde. De même, le sommet a énoncé la mise en œuvre d'un transport sûr des céréales, des engrais et des produits alimentaires ukrainiens et russes en Mer noire. En effet, la Russie s'est retirée en juillet 2023 de l'accord signé sous l'égide de l'ONU et de la Turquie, pour permettre les exportations de céréales ukrainiennes à partir de ses ports de la Mer noire. Un point positif a été obtenu grâce à la pression du président indien Narendra Modi pour l'intégration de l'Union africaine au G20. Cette intégration permettra de donner une voix et une visibilité au continent africain qui connait une croissance économique rapide avec un PIB de 3.000 milliards de dollars, et qui aura une population de 2 milliards d'habitants à l'horizon 2050. En conclusion, le Sommet du G20 a été utile dans la mesure où il constitue le seul groupement, en dehors de l'ONU, réunissant les pays du Nord et du Sud. Dans le monde profondément perturbé que nous connaissons actuellement, il est nécessaire que les dirigeants se rencontrent et trouvent des solutions. Cependant, à part l'adhésion concrète de l'Union africaine au G20, les résultats de ce sommet sont assez décevants, notamment pour la lutte contre le changement climatique et la guerre en Ukraine. Malheureusement, celle-ci risque de se prolonger encore et encore.