Le déficit de la liquidité bancaire s'est poursuivi durant la semaine passée. En hausse de 4,1%, Il s'établit désormais à -111 MMDH. Cette tendance observée depuis deux semaines est due à la demande croissante en cash auprès des banques. Cela fait plus de deux semaines que le besoin de liquidité bancaire se creuse au niveau du marché monétaire. La raison paraît évidente chez les analystes du marché bancaire, qui estiment que cette situation est due au besoin croissant en monnaie fiduciaire chez les banques. «À l'approche de Aïd al-Adha et des vacances d'été, les banques sont de plus en plus sollicitées en matière d'argent liquide. Ce qui fait qu'elles recourent beaucoup plus à la banque centrale pour se refinancer», explique un analyste. Cette tendance était encore plus visible la semaine dernière. Selon BMCE Capital Research (BKGR), «le creusement du déficit de la liquidité bancaire s'est poursuivi, et ressort en hausse de 4,1% pour s'établir à -111 MMDH au moment où les avances 7 jours de la banque centrale baisse de près de -4,4 MMDH». Dans le détail, les placements du Trésor la semaine passée ressortent en hausse avec un encours quotidien maximal de 39,8 MMDH au 12 juin, contre 36,6 MMDH précédemment. Dans ces conditions, le taux moyen pondéré (TMP) se stabilise à 3%, tandis que le MONIA (Moroccan Overnight Index Average: indice monétaire de référence au jour le jour, calculé sur la base des transactions de pensions livrées ayant comme collatéral les bons du Trésor) avance à 2,93%. Baisse des taux sur le marché primaire Au cours de la semaine écoulée, et face à une demande de 12 MMDH, le Trésor a procédé à des levées sur les lignes 5 ans et 15 ans pour des montants respectifs de 2,6 MMDH et 2,5 MMDH aux taux limites de 4,1250% et 4,9649%. Ces opérations ont induit des baisses des taux primaires de 10,8 points de base (pbs) pour la ligne 5 ans et 9,8 pbs pour la ligne 15 ans. Pour expliquer cette baisse de taux, un analyste affirme que «les investisseurs estiment que dans sa prochaine réunion du 20 juin, Bank Al Maghrib se fixera soit sur un statu quo, soit sur une hausse de 25 points de base du taux directeur. Cette dernière est, en effet, déjà intégrée dans les taux primaires. De plus, les investisseurs estiment qu'il n'y a plus de risque de fortes hausses des taux». Automatiquement, le Trésor – comme il a déjà ajusté la courbe – a plus de facilité à lever auprès des investisseurs qui estiment que les taux rémunèrent convenablement les risques sur lesquels ils s'engagent. «Sur le cours, le moyen et le long terme, le Trésor a désormais plus de facilité de levée», confirme notre interlocuteur. Marché secondaire : les taux progressent Pour ce qui est du marché secondaire, la majorité des lignes affichent des taux en progression. En effet, selon les chiffres avancés par BKGR, les plus fortes variations ayant été enregistrées sur les maturités à court, moyen et long terme, à savoir la ligne 13 semaines, 52 semaines, 2 ans et 5 ans qui ont augmenté respectivement de 2,3, 1,3, 15,3 et 3,4 points de base. À ce sujet, un expert du marché financier note que «sur le marché secondaire, les taux ne reflètent plus les niveaux auxquels prêtent les opérateurs. Puisqu'une nouvelle méthodologie de calcul de la courbe des taux de référence a été adoptée en mars dernier. Aujourd'hui, c'est plus pour permettre un lissage en matière de valeurs liquidatives des OPCVM». Sur la prochaine période, Bank Al-Maghrib devrait augmenter significativement son intervention sur le marché monétaire avec l'injection de 54,1 MMDH sous forme d'avances à 7 jours contre 34,9 MMDH la semaine passée. Pour le marché obligataire, et à quelques jours seulement de la réunion du conseil de BAM qui devrait, a priori, se conclure sur une augmentation du taux directeur de 25 pbs déjà intégrée dans l'arbitrage des investisseurs, le Trésor devrait réussir à stabiliser les niveaux des taux primaires. Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO