Depuis le début de l'épidémie, en mars dernier, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé pas moins de 12.220 décès dus à la grippe A H1N1dans 208 pays. Si toute nouvelle année est synonyme de nouveauté, une constante demeurera en 2010. Incontestablement maladie de l'année, la grippe A poursuivra son évolution et atteindra très probablement son pic épidémique au début de cette année, explique l'OMS. Depuis la déclaration du premier cas au Maroc, le 10 juin 2009, importé du Canada par une étudiante marocaine, la grippe s'est répandue de manière «régulière» jusqu'à devenir pandémie. En effet, les cartes réalisées par l'OMS, qui dressent périodiquement un état de la situation de l'épidémie à l'échelle mondiale, démontrent qu'en l'espace de quelques mois, le monde s'est grippé. Après le continent américain, l'Europe a pris la relève. À ce jour, le continent africain semble en effet épargné par la pandémie comparativement aux autres pays. Au 30 décembre 2009, le nombre de personnes atteintes par la grippe A au Maroc, s'élevait à 2.935 cas, 53 décès ayant été déclarés. Concernant le volet vaccination, la situation demeure floue. 80 millions de doses ont été distribuées jusqu'à présent, et 65 millions de personnes ont été vaccinées dans le monde. Au Maroc, la campagne de vaccination, lancée le 9 décembre dernier pour les personnes fragilisées par une maladie chronique, a ensuite été étendue à l'ensemble de la population depuis mercredi dernier, 30 décembre. En effet, seuls les nourrissons âgés de moins de 6 mois, ainsi que les femmes enceintes ne sont pas concernés. Le ministère de la Santé annonce que 450.000 Marocains, principalement des asthmatiques et des diabétiques, (premiers concernés par la campagne) ont été vaccinés. Les «grippo-sceptiques» sont nombreux Pourtant, si la gravité de la maladie est avérée, en particulier du fait de la rapidité de sa propagation, les Marocains hésitent encore à se faire vacciner. Les autorités rassurent comme elles peuvent, en diffusant des spots sur les radios et les télévisions nationales, et en sensibilisant par des affichages dans les administrations. Enfin, l'OMS assure que, s'il ne protège pas à 100%, le vaccin «diminue fortement le risque de maladie». Quand bien même un lien serait déclaré entre le vaccin anti-grippal et le syndrome de Guillain Barré, effet secondaire supposé, celui-ci n'entraîne le décès que dans 5% des cas. La récupération est la plupart du temps complète. Pour rappel, le syndrome de Guillain Barré est une «maladie auto-immuno- inflammatoire du système nerveux, qui se traduit par une paralysie des membres inférieurs». Rien n'y fait, les «grippo-sceptiques» demeurent nombreux. Un mois après le lancement de la campagne de vaccination au Maroc, la confiance n'est toujours pas établie, en particulier du fait des effets éventuels du vaccin contre la grippe pandémique. Pour rappel, les listes des centres de vaccination de chaque région du royaume sont affichées dans l'ensemble des établissements sanitaires, des communes et arrondissements, et sont également disponibles sur le site www.sante.gov.ma. Les lieux de vaccination sont répartis entre 419 centres de santé et hôpitaux en milieu urbain et 839 dispensaires et centres de santé en milieu rural. Ajoutées à ces centres fixes, 600 équipes mobiles de vaccination sont en place en vue de couvrir les populations des zones rurales enclavées. Le ministère de tutelle mobilise pour cette campagne ses professionnels de la Santé, dont 7.200 infirmiers et 2.300 médecins. Une mutation à risques? Selon l'OMS, une mutation du virus a été détectée au Brésil, en Chine, au Japon, au Mexique, en Ukraine et aux Etats-Unis. Cette mutation va-t-elle changer la sévérité de la pandémie? Les virus grippaux mutent sans arrêt, raison pour laquelle des séquences de leur génome sont régulièrement réalisées. Cependant, comme l'a relevé l'OMS fin novembre, «aucun lien entre le petit nombre de patients infectés par le virus muté n'a été trouvé». Par ailleurs, l'organisme souligne, à l'instar des autorités norvégiennes, françaises et italiennes, que «le virus muté reste sensible aux médicaments antiviraux». Rassurant! Au final, les études scientifiques à ce propos révèlent que la mutation du virus n'est pas systématiquement synonyme de sévérité, et donc encore moins de mort. Sa survenue dans différents pays depuis plusieurs mois incite cependant à maintenir la vigilance actuelle sur le génome du vaccin. En effet, l'OMS soutient qu'une mutation plus sévère du virus H1N1, transmissible ou résistante aux traitements n'est malheureusement pas à exclure dans les mois qui viennent.