De l'avis de tous, Doukkala-Abda est une région stratégique grâce à ses potentialités agricoles. Des potentialités qu'elle vient d'ailleurs de présenter lors du SIAM. Ainsi l'activité dans la région, qui est exploitée sur une superficie agricole utile d'1 million d'hectares et de 151.000 ha irrigués, est favorisée par d'importantes infrastructures (Connexion avec l'autoroute et le chemin de fer, proximité des aéroports de Casablanca et de Marrakech, 3 ports dont le grand port de Jorf Lasfar et différentes zones industrielles). La direction régionale de l'agriculture a subdivisé la production de la région en 4 grandes parties. Concernant les produits destinés à l'agro-industrie, la contribution de la région à la production nationale de betteraves à sucre représente 38%, le lait 22% et les céréales 14%. Ce qui démontre son importance. Le secteur de la betterave à sucre est encadré par l'usine sucrière de Sidi Bennour. Une commission régionale permet la création d'emplois en amont et en aval dans toutes ses étapes de production. L'usine Cosumar, la plus importante du Maroc, produit dans les 14.000 tonnes par jour au moment des récoltes. Elle produit 33% de sucre au niveau national. «Par ailleurs, de nouveaux opérateurs industriels ont fait leur apparition à Doukkala-Abda», explique Abderrahmane Naili, directeur de la DRA. Des usines de Marrakech, de Béni Mellal et de Casablanca viennent s'approvisionner en lait dans la région. Doukkala produit également dans les 700.000 tonnes de légumes sur près de 32.000 ha de cultures maraîchères orientées vers les grandes zones de commercialisation sur les marchés de gros de Casablanca et de Rabat, et permettent aussi d'approvisionner les marchés locaux et les souks hebdomadaires. La région produit également 47.600 tonnes de viandes rouges avec une importante valeur ajoutée. Elle dispose de 59 abattoirs pour cette activité. La commercialisation de la production s'effectue essentiellement vers Casablanca, Agadir et Marrakech. Pour la production de la viande blanche, notamment la dinde, la région dispose de 150 unités sur 1.100 unités que compte le pays. La direction régionale de l'agriculture a aussi mis en place 50 organisations professionnelles spécialisées dans les produits du terroir, la vigne Doukkali, la câpre de Safi, les figues, etc... D'autres produits sont commercialisés par les coopératives comme le couscous ou le miel. Pour améliorer la productivité agricole, la DRA a mis en place dans le cadre du Plan Maroc vert, le programme de reconversion des systèmes d'irrigation de la région Doukkala-Abda en systèmes d'irrigation localisée dans le cadre du PNEEI (Programme national d'économie d'eau en irrigation). Ce dernier prévoit d'une part la reconversion d'une superficie totale de 89.700 ha, répartie en 39.500 ha en reconversion collective, dont la réalisation est initiée par les pouvoirs publics à travers la réalisation des équipements externes, tandis que 50.200 ha sont prévus en reconversion individuelle, dont la réalisation réside dans l'initiative propre des agriculteurs, moyennant un accompagnement du financement à travers les subventions du Fonds de développement agricole (FDA). La réalisation du programme est prévue sur une période allant de 2008 à 2020 pour un coût global s'élevant à 5,3MMDH, y compris les équipements internes, qui sont à la charge des agriculteurs, toujours dans le cadre du FDA. Concernant la reconversion collective, son lancement a porté sur une première tranche s'étendant sur une superficie de 11.816 ha. Cette superficie est répartie d'une part sur 1.100 ha déjà réalisés au niveau du secteur de Boulaouane dans le cadre d'un partenariat avec l'ORMVAD, l'Agence du bassin d'Oum Erbia et l'Association des usagers de l'eau agricole (l'AUEA) de Boulaouane, et d'autre part, sur 10.700 ha lancés en 2011 dans le cadre d'une tranche financée par la Banque mondiale et la Banque africaine de développement. Des réseaux à l'intérieur des exploitations agricoles Le coût total de cette dernière tranche en cours d'exécution s'élève à 795 MDH. Dans ce sillage, il est prévu la réalisation de deux stations de pompage, le renforcement de trois autres existantes et la réalisation de cinq stations de filtration principales. Le programme a aussi mis en place des réseaux de conduites sur une longueur totale de 350 kms ainsi que l'installation de prises d'irrigation individuelles équipées de compteurs d'eau, d'organes de régulation, de matériel de filtration secondaire et de réseaux d'irrigation à l'intérieur des exploitations agricoles. En plus des réalisations physiques, il est prévu un accompagnement des agriculteurs et de leurs partenaires en vue d'un meilleur accès aux technologies, au financement et aux marchés, à travers notamment le processus d'agrégation. Les résultats escomptés sont notamment l'amélioration de l'efficience de l'irrigation de 50 à 90% pour permettre une valeur ajoutée nette de 160 MDH par an. Dans son ensemble, le Plan agricole régional a délimité 96 projets pour un investissement global de l'ordre de 10,5 MMDH. Il est réparti entre deux grands piliers (P1 et P2). Le premier compte 83 projets. Il concerne l'agriculture avec des projets d'investissements privés. Le second, avec 13 projets est dénommé «agriculture solidaire». Il y est question d'opérations d'épierrage, de remembrements, de plantations et de différentes actions sociales. Plan de sauvegarde de la zone Chtouka L'extension des superficies fourragères pour le bétail est au programme. Le levier préconisé est l'amélioration de la race des génisses et des systèmes d'alimentation. L'objectif est de faire passer le nombre de génisses de race pure de 28% actuellement à plus de 50%. Les impacts prévus par les différents plans de développement agricole sont les suivants, la valeur ajoutée qui est de 4,1 MMDH, à valeur d'aujourd'hui, passera à 8,1 MMDH avec une variation de 112%. En matière d'emploi, la situation présente passera (selon les projections) de 15,8 millions de journées de travail à 25,9 millions (soit une augmentation de 64%). Par ailleurs, les projets potentiels de P1 et P2 seront accompagnés par la mise en œuvre d'autres actions à caractère transversal comme la sauvegarde de la zone de Chtouka au nord de la ville d'El Jadida par la mobilisation des eaux à partir de l'Oued Oum Er-Rabiî pour l'irrigation de 3.000 ha. Q/R Abderrahmane Naili Directeur régional d'Agriculture (DRA) Doukkala-AbdaLes ECO : Quel est le potentiel agricole de Doukkala-Abda ? Abderrahman Naili : La région Doukkala-Abda est parmi les plus riches du Maroc. Nous avons tenu à présenter le maximum de produits lors du SIAM. La production est essentiellement orientée vers le thème du commerce. Bien évidemment, les plans de développement du Maroc vert permettront de développer davantage les produits essentiellement destinés à l'exportation. Il faut noter la diversité des produits (maraîchers, industriels, fruitiers et de terroir) aussi bien de la province d'El Jadida, de Sidi Bennour, de Safi ou de Youssoufia. Dans le domaine de la floriculture, la région produit 33 millions d'unités (fleurs), dont 27 millions d'unités sont exportées vers la Grande-Bretagne, avec un chiffre d'affaires de l'ordre de 132 MDH. Le maraîchage est aussi exporté à hauteur de 15.000 tonnes, dont les principaux produits sont la tomate, le haricot, la pomme de terre et le poivron, vers différentes villes d'Europe. Les câpres également permettent de réaliser un chiffre d'affaires important de près de 147 MDH. Y a-t-il des incitations pour attirer les investisseurs ? Nous avons mis toute une panoplie de mesures pour inciter les investisseurs à s'installer dans la région. Ils sont attirés par les atouts offerts, tels la superficie agricole de Doukkala-Abda, dont le périmètre irrigué de 96.000 ha et les zones industrielles de grande capacité favorisées par d'importantes infrastructures de circulation. Pour dire le poids de la région au niveau agricole, il faut savoir que plus de 3.000 agriculteurs et opérateurs ont fait le déplacement au Salon de Meknès. Nous avons pris en charge le déplacement de quelque 360 professionnels du secteur. Cela montre bien la volonté de la région de communiquer sur ses produits et sur ses potentialités, pour se développer. Pour attirer les investisseurs, il faut impérativement véhiculer l'information. Dans ce sillage, pour attirer les opérateurs de l'agro-industrie, la direction joue le rôle de facilitateur et selon les nouvelles orientations, nous tenons à orienter les investisseurs et les aider à s'installer dans la région. Cela permet de développer l'activité économique et de créer de l'emploi.