Le développement de la filière de l'apiculture est en bonne voie. L'exécution de la feuille de route que la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'apiculture (FIMAP) a signée avec le gouvernement, avance doucement, mais sûrement. Cette année, la filière apicole s'attend à une hausse de la production de 40%, alors qu'elle a évolué de près de 20% en 2012 . «Les premiers résultats commencent à se faire sentir. L'impact des nouveaux outils mis en place est automatique», affirme M'hamed Aboulal, président de la FIMAP. Ces avancées ne sont que le résultat des efforts déployés pour remédier aux difficultés de la filière, dont la production devra passer, selon le contrat-programme, à 16.000 tonnes en 2020 (3.500 tonnes en 2010). Parmi ces principales contraintes, il convient de rappeler le nombre limité d'organisations professionnelles de la filière, le niveau insuffisant de la productivité des ruches, la faible portée des programmes de recherche et de formation des apiculteurs, la non-organisation des circuits de commercialisation du miel, ainsi que le faible niveau de technicité de la majorité des apiculteurs. S'y ajoute le problème des races d'abeilles qui sont devenues peu productives par manque de programmes de sélection et d'amélioration génétique, conjugué à la menace de disparition de l'abeille saharienne. «La race de l'abeille sahraouie existe seulement au Maroc et en Algérie, il faut la sauver et cela en collaboration avec la FAO. C'est notre partenaire privilégié, il nous a accompagnés dans la création en 2012 de l'Union maghrébine de l'apiculture, dont le Maroc assure le secrétariat général pour une période 4 ans. Nous allons travailler à renforcer notre réseau, et élaborer une stratégie pour la collecte de fonds», a indiqué le président de la FIMAP. Outre le lancement du processus d'élargissement de la base des adhérents des organisations professionnelles membres de la FIMAP, de la mise à niveau des ressources humaines (formation, encadrement, perfectionnement et voyages d'échange...) et de la mise en place d'un système d'information et de sensibilisation, la Fédération de l'apiculture s'est attaquée à la protection sanitaire pour lutter contre la maladie des abeilles, en collaboration avec l'ONSSA (Office national se sécurité sanitaire et alimentaire). Il n'en demeure pas moins que beaucoup reste à faire pour la promotion de la consommation et de la qualité du miel. Aujourd'hui, la consommation locale est limitée à près de 200 g/hab/an. Pour atteindre l'objectif de 400 g par habitant fixé par le contrat-programme, la réglementation régissant la filière apicole, est à mettre en œuvre. Même sur les marchés extérieurs, le miel est exporté en petites quantités. Les producteurs de miel marocains se trouvent dans une impasse d'ordre technique. Il leur est impossible d'exporter le miel marocain vers le marché européen sans certificat sanitaire, lequel tarde à être validé par l'ONSSA. Normes européennes obligent, tout produit d'origine animale, y compris le miel, nécessite la présentation de certificats sanitaires pour pouvoir atterrir et être commercialisé sur le marché européen. «La balle est dans le camp des organisations professionnelles» M'hamed Aboulal, Président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l'apiculture (FIMAP) Les ECO : Deux années se sont écoulées après la mise en œuvre de la feuille de route du secteur. Votre filière a-t-elle gagné en organisation? M'hamed Aboulal : La filière est effectivement en train de se structurer. Les organisations professionnelles éparpillées sur 14 régions se renforcent. Chacune d'elles est dotée d'un propre programme. Cette approche nous permet d'adapter notre outil aux spécificités des régions qui ont profité de nombreuses journées de sensibilisation et d'informations sur le contrat programme signé avec l'Etat. Des formations ont été également dispensées pour répondre aux besoins des apiculteurs dans les différentes régions. Il reste à préciser que la collaboration de certaines directions régionales de l'agriculture fait défaut. C'est le cas notamment de celle de la région du Gharb. La FIMAP ne peut pas relever, à elle seule, le défi de l'amélioration des performances de la filière apicole. En plus du contrat-programme, pourquoi la FIMAP a-t-elle signé des conventions spécifiques avec le ministère de l'Agriculture, la Direction du développement des filières et les directions régionales de l'Agriculture? Effectivement, la Fimap est la seule à avoir signé ce genre de conventions, dans le cadre d'une démarche participative. C'est une manière de créer des comités par région, pour avoir un système de communication permanent. C'est grâce à l'appui continu du ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, que notre filière affiche des avancées en matière de nombre d'apiculteurs qui adhèrent au projet de développement de l'apiculture, dans le cadre du Plan Maroc Vert. Nous avons un engagement de multiplier le volume de la production par 20 à l'horizon 2020. Pour atteindre cet objectif, les capacités sont à renforcer et les recherches sont à multiplier dans la mesure où l'abeille locale a subi un problème génétique. Comment agit la FIMAP pour améliorer les races au niveau génétique? Des thèmes de recherche sont déjà définis pour résoudre cette problématique. Nous avons participé également, à côté du ministère de l'Agriculture, de bailleurs de fonds et du Haut-commissariat aux Eaux et forêts, à l'élaboration d'un nouveau cahier des prescriptions spéciales (CPS) des ruches. Avec la mise en œuvre de ce CPS à partir de cette année, la production ne pourra que s'améliorer. L'objectif est de protéger le consommateur de toute tentative de fraude. Dans ce sens, il s'agit essentiellement de limiter les importations de miel de Chine à des prix dérisoires. Au niveau local, des efforts sont à déployer pour garantir un produit de qualité. Certes, il y a des avancées en matière de protection du consommateur, mais il faut que les lois soient appliquées. D'ailleurs, pour faciliter la commercialisation du miel au niveau du marché local, des systèmes de labellisation sont à mettre en place pour un meilleur contrôle de la production au niveau des différentes régions. 2013 est donc une année faste pour la filière apicole? C'est l'année du renforcement des organisations professionnelles. C'est également l'année du lancement des programmes de recherche avec des instituts tels l'IAV Hassan II et l'INRA. Dans ce sens, notre fédération envisage d'organiser un séminaire international en 2014 sur le miel et l'environnement. l