Au Maroc, le théâtre comme le cinéma, ne compte que sur les tentatives gouvernementales pour encourager la production artistique, vu que le secteur privé boude la culture qu'il juge pas rentable. Mais si le cinéma est doté d'un centre cinématographique marocain, sous la tutelle du ministère de la Communication qui établit la réflexion et la stratégie pour soutenir cet art, le 3e art, le théâtre, reste lui sous la responsabilité du ministre de la Culture. Ayant depuis toujours le plus faible Budget, le département fait vivre le théâtre en suivant «une tradition» de subvention. En effet, chaque année, les ministres de la Culture, que ce soit Achâari, Himmich ou Sbihi, forment une commission pour soutenir et fournir une aide financière aux troupes théâtrales. «Il existe un décret qui encadre cette subvention. Il s'agit d'une décision qui a été prise conjointement entre le ministère des Finances et celui de la Culture, qui détermine les conditions, les critères ainsi que les genres théâtraux à soutenir», nous apprend Hassan Nafali, membre du Syndicat marocain des professionnels du théâtre. Cette année, comme l'année dernière, le Budget réservé à ces troupes se situe autour des 6 MDH. La commission quant à elle est composée exclusivement d'artistes et de spécialistes de la scène. Il s'agit en l'occurrence de Said Ameel, Naima Zaitan, Mouhamed El Jem, Mouhcine El Badaoui, Hind Sadidi, Leila Triki, Abdelhak Afandi et deMohammed Oumansour. Ces artistes, auteurs, scénographes, se réunissent et lisent les pièces des candidats pour décider au final de leur attribuer ou non l'aide. «Cette année nous avons reçu un nombre record de dossiers soit 154 dossiers. 47 ont déjà été présélectionnés. Nous allons devoir tous les visionner pour ensuite faire un choix selon l'aspect de la dramaturgie et l'aspect spectaculaire, ce qui va nous amener à subventionner les pièces qui sortent du lot», nous explique Mohammed El Jem, comédien, membre de la commission. Permettre la création d'emploi Et qui dit subvention dit aussi cahier des charges. Les troupes, une fois soutenues financièrement, doivent présenter une moyenne de dix spectacles annuels un peu partout sur le territoire national «pour que l'activité théâtrale soit équitablement repartie sur la géographie du pays», nous confirme le membre de la commission. «À coté de cette subvention, il faudra retravailler l'infrastructure culturelle dans le pays et aussi renouer avec le spectacle dans sa forme marocaine. Les nouveaux auteurs et comédiens sont dans une vision plutôt occidentalisée du théâtre, chose qui ne fera forcément pas revenir l'ancien public», ajoute-il Ce qui est à savoir, c'est que ce système profite bien aux actrices et acteurs lauréats de l'ISADAC (Institut Supérieur d'Art Dramatique et d 'Animation Culturelle), qui peinent à percer dans le domaine du théâtre et du cinéma. «Nous prenons aussi l'aspect de la création d'emploi en compte dans la sélection. Il faut dire que 70% des pièces sont écrites ou jouées par des lauréats de cette école», précise Mohammed ElJem.