Le cinéma va mal au Maroc car si beaucoup se plaignent de la qualité et de la quantité des films, la problématique ne s'arrête pas là. Les salles au Maroc sont quasiment en voie de disparition. De là vient l'initiative de "Save Cinemas In Morocco". Une association qui s'est donné pour but de les sauver. Rencontre avec Tarik Mounim, président de «Save Cinemas In Morocco» pour en savoir plus sur la problématique. Les ECO.ma : Au bout de 4 ans d'existence, quel bilan faites-vous de vos actions ? Tarik Mounim : Le repositionnement des salles de cinéma dans l'inconscient des Marocains est crucial et c'est pour cela que nous avons mis un point d'honneur à communiquer sur l'état des cinémas pour informer les gens de la situation actuelle. Nous avons également fait un effort pour répertorier et classer toutes les salles. In fine, nous avons joué notre rôle de société civile. Nous avons réalisé un diagnostic, qui est d'ailleurs utilisé par divers institutions dont le Centre cinématographie marocain (CCM). Il était important que l'on fasse un bilan accompagné de données concrètes. Ce qui est important aussi, c'est d'animer ces salles. L'action que nous avons organisée pendant les journées du patrimoine le 6 et 7 avril derniers rentre complètement dans cette démarche. Nous avons pu faire un pas en avant en réintégrant ces salles dans la question du patrimoine. Nous avons également effectué un travail avec les propriétaires de ces cinémas. Nous leur avons expliqué l'importance réelle que revêt ces lieux chargés d'histoire tout en les aidant dans les démarches de promotion et l'importance des rénovations. Nous avons aussi créé une dynamique lors du festival du cinéma à Marrakech pour faire profiter les citoyens de l'événement et les reconnecter avec les salles de cinéma. Nous avons le sentiment que les autorités pensent que le patrimoine est un fardeau surtout lorsqu'il s'agit d'entretien et de sauvegarde. Ce que nous essayons d'appuyer comme idée, c'est qu'au contraire, ce dernier peut rapporter une valeur ajoutée considérable à notre pays. Qu'en est-il alors de la situation des cinémas à Casablanca ? Casablanca est la ville qui a la plus grande proportion de salles de cinéma. Elle disposait de 52 salles, soit d'une salle dans chaque quartier. Les Marocains maintenant passent tous les jours devant ces salles devenues méconnaissables. Aujourd'hui à Casablanca, 15 salles de cinéma sont fermées. Nous avons des éléments précis sur celles-ci. Leurs histoires, leurs caractéristiques. La plupart d'entre elles sont dans un état total d'abandon. Il faut savoir que ces salles de cinéma sont les poumons de chaque quartier, de chaque ville. Quand l'une d'entre elles ferme, c'est tout le quartier qui en paie le prix. Comment les propriétaires des salles ont pris l'initiative du ministère de Communication concernant la numérisation des systèmes de projection des salles ? La démarche est indispensable. Les salles sont contraintes de changer de systèmes de diffusion. Si cela ne se fait pas, les cinémas vont mourir puisqu'ils n'auront plus de films à projeter. Le CCM a été mis devant le fait accompli. Si cette démarche ne se fait pas, c'est la mort assuré. Néanmoins, les propriétaires des cinémas ne sont pas prêts à faire le pas. Le cahier des charges mis en place pour bénéficier de l'aide de l'Etat est compliqué et très coûteux au moment où la plupart des salles ne font plus de chiffres depuis belle lurette. D'autant plus que cette solution ne leur garantie pas le retour du public dans leurs salles obscures...