La Banque africaine de développement, la Banque européenne d'investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement mettent en avant le potentiel du secteur privé marocain qui a une véritable carte à jouer dans la reprise économique. Comme le reste du monde, le Maroc a été touché de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Néanmoins, les décisions rapides des autorités marocaines ont atténué les conséquences économiques et sociales de la pandémie, et font du Maroc une figure de proue dans la gestion de la crise sanitaire et économique en Afrique. Pourtant, le royaume peut encore faire mieux, et ce n'est pas le potentiel qui manque. C'est ce que révèle un rapport, établi conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Ce document, consistant en une première étude, qui esquisse les défis à relever et les opportunités pour les entreprises marocaines, dans le contexte de crise actuel, montre qu'un retour de la croissance économique est attendu, soutenu par le rebond des exportations vers l'Union européenne, une bonne saison agricole, un retour partiel des touristes, et la stabilité des envois de fonds des Marocains résidant à l'étranger. Mieux encore, dans ce contexte, le secteur privé marocain a une véritable carte à jouer dans la reprise économique du royaume. Et dans cet ordre, l'inclusion financière, le développement des zones rurales et l'intégration du pays dans les chaînes de valeur mondiales constituent les ingrédients nécessaires à une sortie de crise par le haut. Pour renforcer la résilience de l'économie marocaine et réussir à tourner la page, le rapport recommande d'impulser une nouvelle dynamique de développement des zones rurales et d'approfondir l'ancrage du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales (CVM). Dans ce sens, il appelle à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie nationale d'inclusion financière en renforçant, notamment, le rôle clé des établissements financiers non bancaires, comme les institutions de microfinance et les sociétés de crédit-bail. L'objectif est d'enrichir l'offre en instruments financiers pour permettre aux entreprises de petite taille de financer leurs projets d'investissement. Le rapport souligne, par ailleurs, la nécessité d'améliorer l'intégration économique et l'ouverture commerciale des zones rurales, avec un effort particulier à entreprendre concernant l'inclusion des femmes, des jeunes et des personnes peu qualifiées. Cela doit se réaliser parallèlement au développement des chaînes de valeur locales et au soutien renouvelé dont devrait bénéficier le secteur privé en milieu rural. Enfin, l'analyse indique qu'il est tout aussi capital que l'économie marocaine diversifie ses produits pour approvisionner de nouveaux marchés à l'export. Les entreprises contributrices aux CVM bénéficieraient ainsi de meilleurs débouchés à l'international, d'un accès plus large à de nouvelles technologies étrangères et aux meilleures pratiques de gestion. Facilitée par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), une intégration commerciale plus approfondie en Afrique subsaharienne devrait, également, bénéficier aux investissements privés au Maroc. Il faut noter que la présentation du rapport a été suivie d'une discussion de haut niveau entre des personnalités du secteur privé, autour des représentants des trois banques multilatérales de développement et ceux de la Commission européenne. Les échanges ont notamment porté sur les recommandations visant à protéger le secteur privé et à libérer son potentiel. Cela dans la perspective de soutenir une croissance forte, résiliente et inclusive au Maroc. Avec ce premier rapport conjoint, la BAD, la BEI et la BERD mettent en exergue tout le potentiel du secteur privé marocain pour devenir un acteur incontournable du développement du royaume. Achraf Tarsim Responsable-pays du bureau de la Banque africaine de développement au Maroc «Ce rapport est la première collaboration du genre. Il balise la réflexion quant au rôle du secteur privé marocain dans la dynamique de croissance, de résilience et donc de relance économique. Cela pour contribuer à la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement du royaume et consacrer sa triple ambition de développement durable, de progrès social et d'émergence, que nous soutenons avec des opérations d'envergure». Khadim Mbaye / Les Inspirations ECO