Alors que beaucoup s'attendaient à un relâchement des mesures restrictives en vigueur à l'occasion de l'Aïd el-Fitr, les gestes barrières se sont durcis. Un énième rendez-vous manqué pour le secteur du tourisme. Le soulagement des acteurs de l'industrie hôtelière n'aura été que de courte durée. En avril dernier, lors du lancement du nouveau dispositif marketing de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) destiné au tourisme domestique, beaucoup d'opérateurs ont été séduits. Les plus optimistes tablaient déjà sur une reprise imminente de l'activité touristique, espérant ainsi très vite tourner le dos à plus d'une année de disette. Même enthousiasme ou presque dans les régions où les présidents des conseils régionaux du tourisme (CRT) multiplient les témoignages d'adhésion à la démarche engagée par l'ONMT. Mais voilà que l'Aïd el-Fitr est venu tout gâcher. En effet, si cette fête, qui marque la fin du mois de ramadan, est habituellement synonyme de joie et de retrouvailles pour de nombreux Marocains, elle a été cette année une source d'angoisse et d'inquiétude pour les opérateurs touristiques. Et pour cause! Le renforcement des mesures barrières dans le cadre de la lutte contre la propagation de la Covid-19 a occasionné de nombreuses annulations de réservation d'hôtel. Résultat : pour beaucoup d'hôteliers qui tablaient sur l'aïd pour amorcer une nouvelle phase de leur plan de relance touristique, c'est la douche froide. Si, dernièrement, il a été constaté une envie très forte de voyager chez les Marocains, effervescence marquée par une animation au niveau des réservations d'hôtel, il y a eu de nombreuses annulations à cause notamment de la limitation de la circulation entre les villes, regrette Nidal Lahlou, vice-président de la Fédération nationale de l'industrie hôtelière (FNIH). «Là ou on attendait un relâchement, nous avons eu droit à un renforcement des mesures barrières», regrette-t-il. Il faut dire que «les fausses annonces» dans la presse à propos, entre autres, de la mise sous cloche de Fès ont joué un grand rôle dans cette volte-face presque générale chez les clients marocains qui, d'habitude, profitent de cette fête pour s'offrir un séjour à l'hôtel. Alors que les professionnels du tourisme, très durement touchés par la crise liée à la Covid-19, attendaient avec impatience cette belle occasion pour recommencer à travailler et sauver le peu d'emplois qu'il reste dans le secteur, tout semble indiquer qu'ils sont loin d'être sortis de l'auberge. Pourtant, selon certains spécialistes, toutes les conditions sont plus ou moins réunies pour un nouveau départ effectif des activités économiques, notamment celle du tourisme. En effet, toutes les mesures sanitaires mises en place pour lutter contre la propagation de la pandémie de Covid-19 continuent de porter leurs fruits sur la courbe épidémiologique nationale, a indiqué, mardi dernier à Rabat, le chef de la division des maladies transmissibles à la direction de l'épidémiologie et de lutte contre les maladies au ministère de la Santé, Abdelkrim Meziane Bellefquih. Présentant le bilan bimensuel de la situation épidémiologique dans le royaume, le responsable a mis en exergue la baisse significative des cas d'infection à la Covid-19 dans le royaume (-19,5%) pour quatre semaines consécutives, soulignant que cette amélioration n'est que le fruit du respect des mesures sanitaires mises en place, notamment pendant le mois sacré de ramadan. Mieux encore, aujourd'hui, avec la réception de nouveaux vaccins anti-Covid lundi 10 mai, le royaume semble petit à petit se départir de la psychose liée à la pénurie de vaccins. Mais aujourd'hui, malgré un bilan rassurant de la gestion de la Covid-19, la tutelle continuer d'exhorter les citoyens à respecter les mesures restrictives, à poursuivre les efforts consentis et à prendre toutes les dispositions nécessaires afin d'endiguer la propagation de la pandémie dans notre pays. On le voit bien : si, pour le secteur touristique, des mesures d'urgence ont été prises, suivies d'un contrat-programme pour, d'abord, sauver les emplois et les entreprises, la relance n'est pas près d'arriver. Khadim Mbaye / Les Inspirations Eco