Les Nations Unies ont retenu comme thème officiel de la Journée Internationale des Forêts, «La restauration des forêts : une voie vers la reprise et le bien-être». À l'instar des autres pays du monde, le Maroc célèbre le 21 mars la Journée internationale des forêts, avec comme principal souci la mise en œuvre d'une stratégie de développement durable qui tend à revaloriser le rôle des forêts dans le développement. Pour cette année 2021, la tenue de cette journée mondiale intervient après le lancement des écosystèmes pour la période 2020-2030, en raison des enjeux actuels qui convergent vers une gestion saine et efficace des richesses forestières. «Les forêts continuent d'être abattues à un rythme alarmant dans le monde, principalement en raison de nos habitudes de consommation. 80 % de la déforestation est liée à l'expansion de l'agriculture, les terres étant défrichées au profit du pâturage des animaux et de la culture», indique le bilan réalisé par l'instance onusienne. Les forêts abritent 60.000 espèces d'arbres différentes, 80 % des espèces d'amphibiens, 75 % des espèces d'oiseaux et 68 % des espèces de mammifères de la planète, précise la même source. Parmi les indicateurs relevés par l'ONU, figure la réduction de la couverture des forêts, qui atteint actuellement un tiers de la surface de la planète et abritent la majeure partie de la biodiversité terrestre. «On ignore souvent à quel point elles sont vitales à nos vies, compte tenu de leur emplacement et de leur superficie comparativement à nos villes», souligne l'ONU à l'occasion de la célébration de cette journée mondiale. Néanmoins, les forêts demeurent des écosystèmes propices à la vie, abritant une multitude d'espèces de la flore et de la faune, qui favorise le stockage carbone nécessaire aux cycles hydrologiques, contribuant ainsi à la régulation des niveaux de température de la planète, insistent les experts onusiens. D'autres détails du diagnostic réalisé montrent également que les forêts fournissent de nombreux services éco-systémiques indispensables, que ce soit les ingrédients naturels entrant dans la composition de médicaments, le bois destiné à la construction de bâtiments et d'infrastructures, ou encore de l'eau propre et des sols fertiles. De plus, les forêts renforcent la biodiversité, la résilience climatique et ont un effet bénéfique sur la santé humaine. À chaque édition de la Journée internationale des forêts, les pays sont encouragés à déployer des efforts au niveau local, national et international en vue d'organiser des activités se rapportant aux forêts et aux arbres, notamment des campagnes de plantation d'arbres. Les priorités du Comité de pilotage de la stratégie nationale Au Maroc, la 3e réunion du Comité de pilotage de la stratégie «Forêts du Maroc 2020-2030» a permis de faire le point sur l'état d'avancement des programmes lancés. Les données du Comité montrent que le Département des Eaux et forêts a programmé 600.000 hectares de plantations forestières sur les douze régions, à raison de 50.000 hectares au début du programme pour atteindre 100.000 hectares à l'horizon 2030. Un programme de reboisement, issu de plans d'aménagement des différentes forêts marocaines qui feront l'objet de concertations avec les populations riveraines. Il comprendra l'arganier, le chêne liège, le chêne vert, le thuya, le cèdre, le caroubier, l'eucalyptus, les pins et d'autres essences forestières. «A ce titre, l'implication des populations locales dans le développement durable des forêts, à travers des incitations adéquates constitue un levier majeur apporté par la nouvelle stratégie», insiste-t-on auprès du Comité de pilotage. Un programme ambitieux a été mis en place pour internaliser et sécuriser l'activité semence à travers la mise à niveau des installations et des périmètres semenciers de toutes les espèces autochtones. L'état des lieux montre que le processus de modernisation de quatre laboratoires des stations de semences a été déjà lancé, avec une feuille de route qui se base sur l'institution d' un processus de certification des semences forestières, en collaboration avec l'ONSSA, ainsi que la signature d'une convention avec la SONACOS portant sur la mise en place d'un mécanisme de conservation/stockage des glands de chêne-liège. Pour rappel, ce sont 460 millions de plants qui seront produits à l'horizon 2030, avec une nouvelle approche qui est mise en place pour que les 54 pépinières d'espèces forestières du Département des Eaux et forêts soient progressivement confiées au secteur privé. Stratégie Forêts du Maroc. Ce qu'il faut savoir… La feuille de route nationale pour les forêts, lancée par le souverain en février 2020, s'appuie sur cinq orientations. D'abord, il s'agit de faire de la forêt un espace de développement qui consiste à changer le regard des usagers sur la forêt. Ensuite, une orientation durable pour faire respecter la ligne rouge des capacités forestières, puis participatif à travers l'engagement des usagers dans une gestion partagée pour atteindre les objectifs. Le quatrième défi est productif, et concerne la mobilisation de tout le potentiel offert grâce au partenariat privé pour soulager la pression d'une exploitation informelle des forêts. Cinquième orientation: celle de la biodiversité. Par ailleurs, la stratégie « Forêts du Maroc » est construite autour de cinq axes majeures pour sa mise en œuvre. Le premier axe porte sur la création d'un nouveau modèle basé sur une approche participative, avec la population comme premier partenaire. Cela passe à travers la création de plus de 200 organismes locaux de développement forestier, la contractualisation avec les usagers de la protection participative des 50.000 hectares d'arbres à planter annuellement, la création d'un nouveau corps de plus de 500 animateurs territoriaux pour jouer un rôle de médiation auprès de la population locale, en plus de la promotion d'amodiations de chasse auprès des associations et sociétés suivant le cahier de charges. Le deuxième axe concerne la gestion et le développement des espaces forestiers selon leur vocation en encourageant l'investissement privé sur une superficie de 120.000 hectares d'eucalyptus et de pin, ainsi que l'aménagement et la valorisation du réseau des dix parcs nationaux. Le troisième axe porte sur le développement et la modernisation des professions forestières. La numérisation des moyens de gestion du secteur, la modernisation et le développement des parcours techniques forestiers comptent aussi parmi les leviers retenus. Le quatrième axe porte sur la réforme institutionnelle du secteur à travers la création de l'Agence des Eaux et Forêts et l'Agence de la conservation de la nature. Il portera également sur l'adéquation du cadre juridique et la qualification des ressources humaines selon les spécificités des métiers et la création d'un pôle formation et recherche. Younes Bennajah / Les Inspirations Eco