Le Maroc met en place le premier portail national de signalement d'images et de vidéos d'abus sexuels sur des enfants, en partenariat avec la Fondation Internet Watch (IWF). L'initiative tombe à pic, à une période où les mesures de prévention dues à la pandémie de Covid-19 conduisent les enfants à passer plus de temps seuls devant les écrans. Les acteurs marocains de la lutte contre le fléau de la cyberviolence sexuelle reçoivent un renfort de taille avec le lancement du portail de reporting IWF au Maroc. Chaque année, des milliers de contenus de nature sexuelle sont diffusés ou partagés sur la toile, et ceux-ci ont des conséquences terribles et néfastes sur les enfants et la société. Selon un rapport du Haut-commissariat au plan (HCP), datant de décembre dernier, la cyberviolence touche principalement les citadins. Au Maroc, les violences sexuelles contre les enfants sont encore difficiles à identifier et à signaler en raison du tabou autour du sujet et en raison de son évolution et de son changement rapide, en particulier autour de l'évolution des technologies numériques. C'est dans ce contexte que la Fondation Internet Watch (IWF) s'est associée au Centre marocain de recherches polytechniques et d'innovation (CMRPI), avec un important soutien du Conseil de l'Europe et de l'Association Amane, pour lancer un tout nouveau portail permettant aux Marocains de signaler des images et des vidéos présumées d'abus sexuels sur des enfants sur Internet. L'urgence d'une telle initiative s'est fait sentir, d'autant plus que «les mesures de prévention dues à la pandémie de Covid-19 ont conduit les enfants à passer plus de temps seuls devant leurs écrans, augmentant le risque d'être exposés à la violence et à l'exploitation sexuelle en ligne», explique Ali Aghnaj, secrétaire général de l'Association meilleur avenir pour nos enfants (AMANE). La plateforme Hootsuite établit régulièrement la radioscopie des internautes au niveau mondial. Au Maroc, le taux de pénétration d'Internet en 2021 est passé à 74,4%, contre 69% une année auparavant. Ainsi, sur une population dépassant les 36,6 millions d'habitants, 27,23 millions de Marocains ont accès à Internet et sont donc exposés à ce type de contenus. Selon le même rapport, les Marocains passent en moyenne 3 heures 56, par jour, à utiliser Internet via le mobile. Le nouveau portail de reporting a été lancé le mardi 9 février. Celui-ci est disponible en français et en arabe (https://report.iwf.org.uk/ma) et est disponible sur la nouvelle page Web Espace Maroc Cyberconfiance (https://www.cyberconfiance.ma). «Ce portail donne aux gens un moyen sûr et anonyme de faire ce qu'il faut. Cela rendra Internet plus sûr au Maroc et nous aidera à éliminer les images d'abus sexuel d'enfants en ligne partout où il est partagé. Nous devons nous assurer que les gens, en particulier les enfants, sont en sécurité. Ce portail est absolument essentiel pour y parvenir», fait valoir Susie Hargreaves OBE, directrice générale d'IWF. Le portail constitue donc un moyen sûr, facilement accessible et efficace de contribution à l'éradication de ce fléau qui menace les enfants derrière leurs écrans. L'IWF est une organisation caritative internationale basée au Royaume-Uni chargée de trouver et de supprimer des images et des vidéos d'abus sexuels sur des enfants d'Internet. Son nouveau portail de rapports jouera un rôle crucial pour faire du Maroc un endroit plus sûr pour aller en ligne à un moment où de plus en plus d'enfants passent du temps en ligne. De son côté, le professeur Youssef Bentaleb, président du Centre marocain de recherche et d'innovation polytechnique (CMRPI) souligne la valeur ajoutée apportée par ce partenariat avec la Fondation Internet Watch. «C'est une occasion parfaite pour le Maroc de mettre en place le premier portail national de signalement d'images et de vidéos d'abus sexuels sur des enfants marocains. Ainsi, je tiens à féliciter l'IWF pour son action rapide sur les rapports reçus et la suppression des contenus de nature sexuelle qui ont des conséquences terribles et néfastes». Avec la mise en place du portail de reporting, le Maroc devient un pionnier dans la région. De plus, cela renforcera la prise de conscience parmi les familles marocaines que le bien-être des enfants en ligne nécessite l'engagement de toute la communauté, fait valoir Janice Richardson, experte internationale pour le Conseil de l'Europe. Mode d'emploi… Pour les porteurs de l'initiative, le lancement du portail de reporting IWF au Maroc constitue un moyen sûr, facilement accessible et efficace de contribuer à l'éradication de ce fléau qui menace les enfants derrière leurs écrans. Une fois signalées via le portail, les images et les vidéos sont évaluées par des analystes IWF formés au Royaume-Uni. S'ils contiennent des abus sexuels sur des enfants, ces contenus pourront être bloqués et supprimés d'Internet. Il s'agit du 45e portail IWF, le 22e à être lancé en Afrique et le 27e portail parrainé par le Fonds mondial. Les portails IWF sont actuellement disponibles en 17 langues (arabe, anglais, français, hindi, indonésien, kazakh, lingala, malais bahasa, mongol, népalais, pachto, portugais, espagnol, swahili, ukrainien, ourdou, wolof). Modeste Kouamé / Les Inspirations Eco