La justice française a ordonné à Veolia de suspendre le lancement de son OPA sur Suez. Effet surprise réussi ! Le géant de l'eau et des déchets, Veolia, qui a déposé dimanche son offre sur Suez auprès de l'Autorité des marchés financiers, se trouve sommée de stopper net son OPA inamicale. La justice française est, en effet entrée en ligne, après avoir été saisie en urgence par Suez. Réuni dans la nuit, le tribunal de commerce de Nanterre a rendu son ordonnance dans laquelle il demande à Veolia de suspendre le lancement de toute OPA contre son concurrent, dans l'attente d'un débat au fond sur ses précédents engagements d'amicalité. Suez devra, de son côté, délivrer une assignation dite «à bref délai» à Veolia, en vue d'une première audience le 18 février, ajoute le tribunal de Nanterre. Cette audience sera suivie d'échanges d'écritures entre les parties, la procédure pouvant prendre de un à trois mois environ. Veolia, qui a acheté en octobre 29,9% du capital de son grand concurrent auprès de l'énergéticien Engie, a décidé dimanche de lancer son OPA sur le reste des actions, estimant que «ses tentatives répétées d'amicalité se sont toutes heurtées à l'opposition» de sa cible. Son conseil d'administration a décidé de lancer une offre publique d'achat au prix de 18 euros par action, sur les 70,1% du capital qu'il ne détient pas, soit une opération d'un montant de 7,9 milliards d'euros en numéraire. En fait, les visions des deux opérateurs divergent sur le cap à prendre. Veolia veut créer un «super champion français» du secteur, un «projet dans l'intérêt de la nation», selon son PDG Antoine Frérot. Mais la direction de Suez s'oppose au projet de fusion, synonyme selon elle de casse sociale et industrielle, si bien, qu'à la mi-janvier, elle avait annoncé une proposition alternative de reprise par les fonds Ardian et GIP, appelant Veolia à dialoguer. Antoine Frérot et le patron de Suez Betrand Camus se sont vus vendredi dernier, mais les deux positions semblaient peu conciliables, entre le projet de fusion de l'un et le projet de maintien de deux groupes indépendants de l'autre. D'ici au 18 février prochain, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, n'a pas tardé à réagir aux derniers rebondissements de ce dossier. Lundi, il a annoncé que le gendarme de la Bourse de Paris allait être saisi. «Cette offre n'est pas amicale et cela contrevient aux engagements qui ont été pris à plusieurs reprises par Veolia. Elle pose aussi des questions de transparence. Pourquoi est-ce que, subitement, cette offre a été déposée ? Donc nous allons saisir l'Autorité des marchés financiers dès ce matin», s'est interrogé Le Maire sur Europe 1. S.N avec Agence / Les Inspirations Eco