Veolia a annoncé le dépôt formel d'une OPA sur son rival Suez. Peu importe, désormais, que le conseil d'administration de Suez y soit hostile : Veolia a retiré sa promesse à ne s'engager que dans un projet amical. Le 5 octobre, après avoir acheté 29,9% de Suez à Engie contre l'avis du gouvernement, le groupe dirigé par Antoine Frérot en avait fait la promesse. Pour justifier son changement de stratégie, Veolia explique que « ses tentatives répétées d'amicalité se sont heurtées à l'opposition de Suez », ce qui l'amène à « modifier sa déclaration d'intention en ne requérant plus que l'offre soit soumise à l'accueil favorable du conseil d'administration de Suez ». Il cite aussi «les manœuvres et déclarations ambiguës de Suez, Ardian et GIP ». Les fonds Ardian et GIP ont envoyé à Suez une lettre d'intention le 17 janvier, soutenant « une solution amicale » pouvant déboucher sur une offre publique alternative à celle de Veolia. Depuis, les dirigeants de Suez et Veolia promettaient de se parler. Une seule réunion a eu lieu, ce vendredi, entre Bertrand Camus, le directeur général de Suez, et Antoine Frérot. Elle a débouché sur un constat d'échec, chacun ne souhaitant parler que de son projet. N'ayant pas l'intention de se rendre au second rendez-vous prévu ce mercredi, Antoine Frérot a lancé les hostilités dès dimanche… D'autant que le 3 février, le Tribunal judiciaire de Nanterre lui a redonné les droits de vote attachés à sa participation dans Suez. L'offre publique d'achat a été déposée à un prix de 18 euros par action, soit 7,9 milliards d'euros pour 70,1 % du capital. Le groupe dirigé par Bertrand Camus a jugé dimanche soir le dépôt de cette OPA « irrégulier et illégal ». «Veolia est dans l'impossibilité juridique de déposer une OPA», a souligné une porte-parole de Suez, dénonçant une «rupture de l'engagement d'amicalité» pris par Veolia. «Nous ne laisserons pas faire Veolia dans son entreprise de destruction», a déclaré de son côté l'intersyndicale de Suez (CGT, FO, CFDT, CFTC, CFE-CGC) dénonçant une «OPA hostile contre Suez et ses salariés», synonyme de «déclaration de guerre sans retour». Cette offensive hostile risque de fortement déplaire à Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, qui a plusieurs fois appelé les protagonistes à se parler pour trouver un accord. La bataille risque de durer.