L'idée de la mise en place d'établissements d'accueil au profit des mineurs marocains remonte à quelques années. En 2004, Consuelo Rumí, secrétaire d'Etat à l'immigration et l'émigration d'alors, avait annoncé la volonté de son gouvernement d'ouvrir des centres d'accueil pour mineurs, similaires à ceux qui existent dans plusieurs régions espagnoles, spécialement en Andalousie, sur les Îles Canaries et à Madrid. Au départ, l'idée est que ces maisons accueillent les enfants rapatriés d'Espagne et abandonnés par leurs familles. Une sorte de structure de réhabilitation pour ces délaissés. À cet effet, un mémorandum a été signé entre le Maroc et l'Espagne pour mettre sur pied ces entités. Toutefois, des ONG ont critiqué acerbement ce projet et l'Unicef a publié un rapport déconseillant la mise en place de ces entités. Rappelons aussi que la législature espagnole interdit le rapatriement des mineurs sans leur consentement et que par conséquent ces centres sont une enfreinte aux dispositions légales sur la protection des mineurs en Espagne. C'est pour ces raisons que les promoteurs de la délocalisation des structures d'accueil des mineurs marocains vers le Maroc ont recouru à l'astuce d'ouvrir les portes de ces maisons aux enfants défavorisés issus de la région où est situé l'établissement. L'idée avancée est de venir en aide à ces enfants, en mesure de se convertir en des candidats à l'immigration clandestine. Actuellement, seule la communauté de Madrid a ouvert un centre dit de réhabilitation de ces enfants, à 40km de Tanger. Dans cette même lignée, le gouvernement andalou avait annoncé, en grande pompe, la construction de pas moins de six centres entre la période allant de 2009 à 2012, dans le cadre de son Plan de développement transfrontalier. L'annonce a eu lieu lors d'une visite du président de la région, José Antonio Griñan, au royaume, en 2009. D'ailleurs, dans un élan d'enthousiasme, le chef de gouvernement régional a promis douze centres au lieu des 6 prévus. Aujourd'hui et après quelques années de retard, il semblerait que trois établissements ouvriront leurs portes prochainement dans les régions de Tanger, Assilah et Larache. Les travaux seront achevés d'ici deux mois au maximum et l'Entraide nationale a donné son feu vert pour la réception des équipements. L'initiative est dotée d'une enveloppe budgétaire de 2,1 millions d'euros. De surcroît, le gouvernement andalou consacrera une dotation additionnelle de 2,9 millions pour le volet de la formation des éducateurs et médiateurs sociaux. Sur ce registre, un atelier est prévu avant la fin de cette année pour arrêter les besoins en matière de formation du personnel éducatif. Cependant, tout porte à croire que ces annonces risquent de rester des vœux pieux, vu la délicate situation financière de la région, laquelle vient de réclamer le sauvetage financier de Madrid.