L'université Al Akhawayn se met au développement durable. En partenariat avec le centre écossais Pure Energy, spécialiste des énergies renouvelables, et Sahara Wind, programme de développement de l'éolien appuyé par l'OTAN, l'université d'Ifrane vient d'inaugurer le premier système en Afrique qui permet de stocker l'énergie éolienne sous forme d'hydrogène. Le projet, installé sur le campus même d'Al Akhawayn, permet le stockage de l'excès d'énergie éolienne, démontrant ainsi que les problèmes d'intermittence inhérents au vent et l'excès de génération d'énergie peuvent être résolus. Concrètement, Sahara Wind a participé au projet en coordonnant l'installation d'un parc éolien composé de 3 turbines. Quant au centre écossais Pure Energy, spécialiste des solutions de stockage d'énergie, ce dernier a été mandaté pour l'installation du système de stockage de l'énergie hydrogène permettant de stocker l'excès d'énergie produite par les turbines éoliennes. Ainsi stockée, l'énergie peut être réutilisée ultérieurement, lorsque le vent est insuffisant notamment, à travers différentes utilisations. Partenariat avec Maroc Telecom et Mauritel «Nous utilisons un électrolyser industriel qui permet de transformer l'électricité produite en excès par les turbines éoliennes en oxygène et hydrogène gazeux. Cet hydrogène est alors stocké et pourra être réutilisé en étant réinjecté vers une pile à combustible. Cette dernière est composée d'une membrane semi-perméable qui va bloquer le proton et donner une charge électrique normale. La pile à combustible peut par la suite être branchée sur le réseau de basse tension du campus d'Al Akhawayn ou alimenter les pylônes des réseaux télécoms», explique ainsi Khalid Benhamou, Dg de Sahara Wind. C'est d'ailleurs cette dernière solution qui a été choisie pour l'expérience d'Al Akhawayn, à la suite d'un partenariat conclu avec Maroc Telecom et sa filiale mauritanienne Mauritel. Ce partenariat inclut par ailleurs l'installation d'un système similaire à celui récemment inauguré par Al Akhawayn sur le campus de l'université de Nouakchott. Pour l'heure, le campus étant en rénovation, le système qui vient d'être livré attend la fin des travaux sur le campus pour être concrètement installé. «Les systèmes éolien et hydrogène seront utilisés pour l'enseignement et la recherche. Notre but est de renforcer notre portefeuille de recherche et développer un certain nombre d'applications hydrogènes telles que les piles à combustibles pour voitures, la cuisine ou encore le chauffage. Nous sommes donc ravis que l'installation des systèmes éolien et hydrogène ait réussie» déclare ainsi Khalid Loudiyi, professeur à l'université Al Akhawayn. Toutefois, cette expérience pilote, unique en son genre en Afrique, entre surtout dans le cadre du projet «Science pour la paix : Sahara Trade Winds to Hydrogen : Applied Research for Sustainable Energy Systems» (SFP) co-financé par l'OTAN. L'idée est de renforcer les capacités des ingénieurs pour développer des solutions de stockage d'énergie éolienne. «Le challenge de ce programme est essentiel. Il s'agit d'intégrer cette énergie renouvelable localement et d'accompagner la transition de l'utilisation des énergies fossiles vers les énergies renouvelables», résume Khalid Benhamou. Pour rappel, Sahara Wind, sorte de pendant éolien du mégaprojet solaire Desertec, prévoit d'installer au moins 5.000 MW et jusqu'à 10.000 MW de parcs éoliens dans la région atlantique du Sahara. Le programme SFP y contribue en mettant en place des plateformes de recherche appliquées au Maroc et à la Mauritanie en partenariat avec de gros utilisateurs industriels régionaux, tels que les opérateurs télécoms. À terme, Sahara Wind souhaite étendre ces projets pilotes de pars éoliens intégrés à des applications pilotes, toujours en partenariat avec des industriels. L'idée est de permettre l'export de l'excès de l'énergie produite depuis les sources renouvelables vers l'Europe et l'Afrique du Nord.