Un retrait d'agrément pour une société de financement, une situation très peu fréquente qui suscite un d'intérêt certain. Dans ce cas, la menace pèse clairement sur la société de financement Diac Salaf. En effet, Bank Al-Maghrib a approuvé le «énième» report de la concrétisation du partenariat capitalistique de la société de financement avec un fonds d'investissement étranger. La deadline a été donc fixée au 31 décembre 2012. «Passé ce délai, les dispositions prévues par la loi bancaire en matière d'agrément seront appliquées», indique-t-on auprès du management de Diac Salaf. En d'autres termes, un retrait d‘agrément menant à une liquidation de la société sont fortement envisageables. Pour sa part, le CDVM a enfin décidé de sortir de son silence. Sur la reserve depuis le début de l'affaire quant au sort de la cotation du titre Diac, il tranche en dernier recours, et agite la menace d'une radiation définitive du titre de la cote. «À l'issue du délai du 31 décembre 2012, et dans le cas où aucune solution de recapitalisation n'aura été effectivement mise en place, la radiation de la valeur Diac Salaf de la cote de la Bourse des valeurs sera envisagée», précise le régulateur du marché dans un communiqué. Il invite par ailleurs, les investisseurs à être attentifs à toute communication sur l'évolution de la situation de la société émanant de l'émetteur ou des autorités de supervision. Rappelons à cet effet que Diac avait procédé à la signature effective d'un partenariat avec un fonds d'investissement généraliste londonien en date du 4 avril 2012. Le transfert des fonds à Diac était prévu entre le 5 et le 30 juin 2012 sous réserve de l'obtention des autorisations nécessaires. Toutefois, et en raison du contexte financier international et des différentes procédures spécifiques à la cession des actifs en Bourse du fonds, Diac aurait reporté la date limite d'exécution du partenariat du 30 juin au 31 juillet puis du 15 septembre au 31 décembre 2012. Parallèlement, Fininvest, l'actionnaire principal, s'est vu consentir par le fonds une garantie sous forme de nantissement sur ses participations, en vue de rassurer l'ensemble des parties prenantes quant à la bonne fin de l'opération. Ceci étant, les délais de négociation semblent serrés au vu de l'importance de l'assainissement à opérer. La société n'est plus rentable depuis 2007. Elle a cumulé environ 120 MDH de pertes sur les cinq derniers exercices. Pour la première partie de cette année, Diac affiche un repli de 1,4% de l'encours net de crédits à 121,5 MDH, parallèlement à des dettes interbancaires en hausse de 2,1% à 258,9 MDH. Quant au produit net bancaire, il ressort en forte dégradation passant de 321,6 KDH à un déficit de -1,5 MDH. Enfin, un déficit net de -6,7 MDH (contre -7,8 MDH en juin 2011), intégrant une reprise nette des dotations des provisions pour créances en souffrance de 725 KDH. De leur côté, les commissaires aux comptes rappellent que la perte du capital social en totalité depuis plusieurs exercices oblige à la convocation d'une assemblée générale extraordinaire -AGE-. Celle-ci devrait statuer sur la continuité des activités sociales. En bourse, le cours de l'action est passé de 167,9 DH en 2007 à 33,50 DH à fin 2011. La valeur est traitée actuellement à plus de 59 DH avec un plus bas niveau atteint en début d'année de 32 DH. Il est à noter qu'après plusieurs semaines de suspension, le titre Diac reprend sa cotation aujourd'hui. Cependant, bien des interrogations devront se poser quant au sort des actionnaires. Alors que les problèmes de Diac sont connus depuis plus de deux ans, les autorités de régulation ont souvent joué l'attentisme alors que la société était toujours cotée à la Bourse de Casablanca et partant ouverte à de nouveaux investisseurs. Si pour les plus initiés d'entres eux, le risque était limité, pour les petits porteurs par contre, cet attentisme leur a finalement été préjudiciable. Ne fallait-il pas réagir avant ? Fnac, l'autre cas Un autre cas de retrait d'agrément suscite l'intérêt. Il s'agit de la société de Financement nouveau à crédit (Fnac). Cette entité spécialisée actuellement dans l'octroi de crédits au personnel des sociétés de son groupe d'appartenance, ainsi que dans le recouvrement de créances, pourrait subir cette sanction et pour cause, la société de financement ne remplit plus les exigences de capital minimum, imposées par Bank Al-Maghrib. Selon le marché, les fonds propres de la Fnac s'élèvent actuellement à 7,2 MDH, bien inférieurs au minimum légal de 20 MDH. Cette insuffisance s'explique essentiellement par les pertes cumulées de la société qui sont estimées à 7,5 MDH dont 2,5 MDH au titre de la seule année 2011. Pour redresser la barre, Fnac a d'ores et déjà proposé un projet pour la relance de son activité. Ce dernier consiste à scinder la société en deux entités : une première à laquelle seront apportées les créances saines et une seconde qui se chargera du recouvrement. Néanmoins, cette option n'a pas convaincu la Banque centrale qui a émis des réserves quant à sa viabilité. Une affaire à suivre.