La sécurité au travail est encore loin d'être une réalité dans la plupart des entreprises marocaines, notamment dans celles évoluant dans le domaine industriel et le BTP, considérés comme les plus dangereux et faisant le plus de victimes parmi les travailleurs. On parle encore de 65.000 accidents du travail par an au Maroc, dont 18.000 graves. Beaucoup plus, selon les experts, chefs d'entreprises et même les autorités publiques car ces chiffres ne tiennent compte que des bilans établis par les compagnies d'assurances. Le phénomène de la non déclaration des accidents fait rage et a pour conséquences l'inexistence de statistiques fiables à ce jour. Néanmoins, les entreprises continuent de ressentir l'impact de ces incidents sur leur trésorerie, ce qui affecte lourdement leur rentabilité. En effet, le coût moyen d'un seul accident du travail est estimé à 15.000 DH. Les coûts indirects, difficiles à chiffrer, seraient de 2 à 5 fois plus importants. Quant à l'impact sur l'économie nationale, on chiffre à 2% le manque à gagner sur le PIB. Ceci est suffisant pour tirer la sonnette d'alarme car la «situation est préoccupante», crient les experts en sécurité du travail. Situation alarmante, solutions improbables, les différents acteurs concernés par la question continuent de se renvoyer la balle. «C'est un problème de salariés, un problème culturel», estime Jamal Belahrach de la CGEM (patronat), qui accuse «les ouvriers de revendre les équipements de travail mis à leur disposition» et de mettre ainsi leur vie en péril. Du côté du ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle, on fait savoir que les textes régissant la sécurité au travail existent, mais que leur application fait défaut, surtout de la part des chefs d'entreprise. «Le Maroc dispose d'un cadre normatif plus ou moins cohérent, il nous suffit d'appliquer ses dispositions», indique Ahmed Bouharou, directeur de l'Emploi au ministère. D'autres problèmes liés à la multitude des interlocuteurs et des intervenants compliquent la situation, d'autant plus que le manque de coordination entre ces différents acteurs est pointé du doigt. Rien qu'au niveau gouvernemental, neuf départements ministériels sont concernés par la problématique de la prévention des risques dont le cadre règlementaire est méconnu de la plupart des responsables d'entreprise. Communiquer, sensibiliser Après le dramatique accident de l'usine Rosamor en avril 2008, avec ses 55 morts et 12 blessés, les pouvoirs publics s'étaient mobilisés dans le cadre de la stratégie nationale en matière de santé et de sécurité au travail. Ainsi, un projet de loi relatif à la santé et à la sécurité au travail a été élaboré. Cette loi, en attente d'adoption, devrait permettre de déterminer les responsabilités de chacun des acteurs dans l'entreprise en matière de santé et de sécurité au travail. L'Etat mise également sur l'accompagnement des entreprises dans leurs initiatives de modernisation. Cette démarche prend en compte aussi bien l'aspect managérial qu'industriel au sein de tout ce qui est lié à la sécurité et à la prévention des risques selon leurs activités. 3.000 entreprises devaient bénéficier de cet appui dans le cadre du programme Moussanada. D'autre part, le renforcement des contrôles sur les chantiers et installations industrielles est aussi attendu car la faiblesse de ces contrôles, due à l'insuffisance des ressources humaines, constitue à en croire les experts, l'un des principaux facteurs du non respect de la règlementation. Pour les ouvriers, il est surtout question de mettre l'accent sur la communication et la sensibilisation. Dans le royaume, rappelle Jamal Bellahrach, «un salarié sur deux est analphabète et 80% des sociétés sont des PME-PMI», ce qui n'est pas de nature à faciliter l'action des autorités ainsi que des compagnies d'assurance. Les petites et moyennes entreprises sont encore très difficiles à convaincre sur le respect de certaines dispositions sécuritaires et sur l'engagement avec les assureurs. Ces derniers exigent un certain nombre de dispositifs sécuritaires, à savoir, l'installation de détecteurs automatiques d'incendie, l'interdiction de fumer, l'achat d'extincteurs et de robinets d'incendie armés. Une manière de limiter les risques d'incendie, qui couvrent 60 à 70% des contrats entre les compagnies d'assurances et les entreprises. Notons que le montant des primes de ces contrats atteint les 8 MMDH, soit le tiers des 24 MMDH émis par le secteur des assurances au Maroc. Quant au taux de couverture des accidents du travail dans le royaume, il atteint à peine 3%. Anas Benmamoun, Directeur d'INGESMA. «Les partenaires sociaux doivent s'impliquer davantage» Le Maroc ne dispose pas encore de statistiques officielles sur les accidents du travail. Les études sur le sujet se font encore attendre. Le Maroc est en retard sur les indicateurs. Toutefois, le premier forum sur la prévention des risques professionnels (Preventima), qui s'est tenu le 27 septembre dernier à Casablanca, a été l'occasion d'avoir un aperçu sur le niveau de la prévention des risques professionnels dans les entreprises marocaines. Selon les chiffres divulgués par Abdeljalil El Kholti, directeur de l'Institut national des conditions de vie au travail, seules 25% des entreprises de plus de 50 salariés ont un service médical du travail autonome. Au Maroc, ajoute la même source, il n'existe pas encore de services inter-entreprises. Pire, moins de 17% des entreprises disposent d'un comité de sécurité et d'hygiène. Le nombre de médecins du travail reste insuffisant, avec seulement 900 praticiens sur l'ensemble du territoire. Globalement, «les conditions de travail sont peu sûres», observe le directeur de l'Institut national des conditions de vie au travail. Au niveau mondial, les accidents ou conditions du travail font 2. 200.000 morts par an, soit plus de 5.500 victimes par jour. 29% des maladies contractées sur les lieux de travail sont des cancers (600.000 victimes par an). Les infections transmissibles représentent 25% des cas de maladies recensés. Aux Etats-Unis, le coût des accidents du travail se chiffre à 190 milliards de dollars, en Allemagne, il atteint les 28 milliards d'euros et s'établit à 19 milliards d'euros en Grande Bretagne. Pour les entreprises, c'est le tiers de leurs bénéfices qui est englouti par les charges engendrées par les accidents de travail. Des chiffres alarmants Le Maroc ne dispose pas encore de statistiques officielles sur les accidents du travail. Les études sur le sujet se font encore attendre. Le Maroc est en retard sur les indicateurs. Toutefois, le premier forum sur la prévention des risques professionnels (Preventima), qui s'est tenu le 27 septembre dernier à Casablanca, a été l'occasion d'avoir un aperçu sur le niveau de la prévention des risques professionnels dans les entreprises marocaines. Selon les chiffres divulgués par Abdeljalil El Kholti, directeur de l'Institut national des conditions de vie au travail, seules 25% des entreprises de plus de 50 salariés ont un service médical du travail autonome. Au Maroc, ajoute la même source, il n'existe pas encore de services inter-entreprises. Pire, moins de 17% des entreprises disposent d'un comité de sécurité et d'hygiène. Le nombre de médecins du travail reste insuffisant, avec seulement 900 praticiens sur l'ensemble du territoire. Globalement, «les conditions de travail sont peu sûres», observe le directeur de l'Institut national des conditions de vie au travail. Au niveau mondial, les accidents ou conditions du travail font 2. 200.000 morts par an, soit plus de 5.500 victimes par jour. 29% des maladies contractées sur les lieux de travail sont des cancers (600.000 victimes par an). Les infections transmissibles représentent 25% des cas de maladies recensés. Aux Etats-Unis, le coût des accidents du travail se chiffre à 190 milliards de dollars, en Allemagne, il atteint les 28 milliards d'euros et s'établit à 19 milliards d'euros en Grande Bretagne. Pour les entreprises, c'est le tiers de leurs bénéfices qui est englouti par les charges engendrées par les accidents de travail.