«Les questions de la jeunesse ne relèvent pas seulement de la sphère privée et familiale ou du champ de l'éducation, de la formation et de l'apprentissage. C'est l'affaire de toute la société». Cet extrait du dernier discours du roi vient en effet d'être confirmé par le bilan de la caravane de l'emploi organisée cette année par Amal Job. En effet, tout le monde s'accorde aujourd'hui sur le fait que la réponse aux problématiques liées aux jeunes, parmi lesquelles l'emploi, est une question qui interpelle non seulement les pouvoirs publics, mais aussi le secteur privé et la société civile. Le bilan de la caravane a eu le mérite de faire ressortir les attentes de tous. C'est dans ce sens que les différentes parties prenantes aux débats régionaux organisés par Amal Job ont insisté sur le fait qu'au niveau des pouvoirs publics, l'accent devrait être mis sur les filières techniques et spécialisées au lieu des formations généralistes où le taux de chômage est de plus en plus élevé. En d'autres termes, nul besoin de continuer à former en masse des profils généralistes, puisque ces derniers sont ceux qui restent les plus exposés au chômage. Une orientation vers la spécialisation serait en effet une manière de répondre aux besoins du marché du travail, mais également de réduire le nombre de diplômés chômeurs. C'est en tout cas ce qu'ont préconisé les participants à la caravane de l'emploi. Pour ces derniers, les formations dispensées devraient aussi être axées sur des matières qui se réfèrent aux savoir-faire, notamment tout ce qui se rapporte aux formations complémentaires, qui ne sont souvent dispensées que dans les établissements d'enseignement privé. C'est le cas par exemple des formations liées au développement personnel, au management, à la communication ou encore à la gestion des conflits. Pour mieux cibler l'action, certains intervenants sont allés jusqu'à recommander aux pouvoirs publics d'entamer la création de différentes institutions et notamment des observatoires régionaux, ainsi que le renforcement des initiatives locales et régionales à l'insertion professionnelle. Les observatoires régionaux pourraient permettre une meilleure évaluation des potentialités et des filières d'emploi dans la région et éviter donc que les profils formés dans les régions ne se déplacent ailleurs pour être embauchés. C'est d'ailleurs là une recommandation qui a principalement été relevée dans les grands pôles économiques comme Casablanca. Une expérience dans ce sens a d'ailleurs déjà été réalisée dans l'Oriental et a permis de regrouper les acteurs du secteur privé et ceux de l'enseignement supérieur. Cette idée est d'ailleurs soutenue par le Conseil économique et social. Selon Amine Mounir Alaoui, membre du CES participant à l'étape casablancaise de la caravane, «l'idée est de créer des observatoires régionaux. Leur objectif est de mesurer les besoins des jeunes en termes d'emploi, mais également l'offre d'emploi et les orientations régionales dans les secteurs industriel et des services». Cette évaluation qui accompagnerait le projet de la régionalisation avancée, n'aura certes pas d'impact immédiat et direct sur l'employabilité des jeunes, mais permettra cependant d'avoir un minimum d'informations en vue de sa concrétisation. Au-delà des formations «classiques» Ceci dit, l'Etat ne peut clairement pas à lui seul mener le train de la formation. Il joue certes le rôle de locomotive, mais les autres acteurs, notamment le privé et les étudiants eux mêmes doivent suivre. C'est ainsi que l'on recense auprès d'Amal Job l'insistance sur le fait que «le monde professionnel en sa qualité de pourvoyeur d'emplois a lui aussi une grande part de responsabilité dans la problématique de l'insertion des jeunes». L'engagement des entreprises commence par l'accompagnement des étudiants lors de leur cursus scolaire, à travers la visite des structures pour mieux les orienter et établir un premier contact. Ensuite, les professionnels doivent se montrer plus pratiques, en octroyant des stages de formation encadrés, en bonne et due forme. C'est du moins la finalité à laquelle sont arrivés les intervenants à la caravane de l'emploi. En revanche, au niveau des étudiants, l'appel est surtout lancé pour l'identification et la valorisation de leurs atouts, pour apporter une valeur ajoutée à l'entreprise et à sa productivité. Ceci s'expliquerait principalement par la diversité des profils des candidats à l'emploi. Ces derniers sont par ailleurs tenus d'entretenir leur développement personnel et de ne pas hésiter à compléter leurs formations initiales respectives avec d'autres atouts valorisants, comme la maîtrise des langues étrangères ou des formations leur permettant de se recycler pour mieux répondre aux attentes du marché du travail. En effet, il n'est plus question de se contenter des formations dispensées par l'université ou l'école privée, mais de les accompagner également par un effort personnel de formation qui, in fine, peut créer la différence dans la sélection par l'entreprise des profils souhaités. C'est dire donc que la caravane de l'emploi a permis de dresser les responsabilités de chacune des parties, en vue de répondre à la problématique du chômage des jeunes. Un modèle à revoir Des assises de l'emploi pour revoir tous le modèle économique, c'est une idée qui a été fortement défendue lors de la caravane de l'emploi. Un diagnostic du modèle actuel est en effet devenu une nécessité pour mettre en place des actions concrètes afin de résoudre les problèmes de l'emploi au Maroc. Selon les participants à la caravane, il s'agit également de repenser le système d'accès aux stages par la mise en place de mesures d'encouragement pour les entreprises qui recrutent des jeunes ou emploient des stagiaires. Ceci permettrait en effet de mieux préparer les futurs diplômés à leur insertion sur le marché du travail. Revoir les contrats d'insertion proposés par l'ANAPEC, valoriser davantage les différentes filières de formation proposées par l'OFPPT et remédier au manque de communication autour de ces activités sont les recommandations urgentes à mettre en place.