Les nouveaux espaces du département des arts de l'Islam du prestigieux Musée du Louvre sont enfin prêts. Ainsi, les arts de l'Islam cessent d'être une simple section de l'antiquité orientale au sein du musée pluricentenaire pour devenir un repère au même titre que «la pyramide du Louvre». Ces espaces qui ont été inaugurés mardi, en présence de la princesse Lalla Meryem, constituent une véritable prouesse architecturale rendant toute sa splendeur à la civilisation islamique dans toute sa diversité. De plus, si ce département est un projet qui a été lancé en 2003 par l'ex-président Jacques Chirac, son inauguration vient dans un contexte important où il est nécessaire de mettre en avant «la face lumineuse de la civilisation islamique», comme l'exprime Henri Loyrette : «Il était indispensable qu'une civilisation si importante, si intimement liée à l'ensemble des domaines couverts par le Louvre, touchant tant de siècles et de pays, ait enfin droit à des espaces dignes en qualité et en surface», souligne-t-il. Rendu possible grâce notamment à un généreux mécénat français et arabo-musulman, dont le roi Mohammed VI, ce huitième département dote le musée parisien d'espaces dignes d'exposer les collections de 15.000 pièces d'arts islamiques ainsi que de 3.500 autres objets provenant du Musée des arts décoratifs de Paris, car si le musée possédait l'une des plus belles collections au monde dans le domaine des arts de l'Islam, un dixième seulement des œuvres était présenté, faute de place. Prouesse architecturale Ainsi, ce projet imaginé en 2001 et lancé en 2003 a été un chantier colossal, dont le coût avoisine les 100 millions d'Euros, devenant ainsi la plus importante réalisation du Louvre après celle de la pyramide de verre et de métal conçue par l'architecte sino-américain Leoh Ming Pei, il y a 20 ans. Erigé en deux niveaux sur une superficie de 2.800m2, ce nouvel espace est considéré comme un «véritable défi architectural et même technique». Pour répondre à ce défi, les architectes Mario Bellini et Rudy Ricciotti ont «su trouver un subtil et élégant équilibre entre le classicisme de la cour du XVIIIe siècle et l'évocation des arts de l'Islam à travers une verrière ondulante, remarquablement novatrice, alliant le verre et le métal, qui prolonge l'aplomb des façades existantes de la cour Visconti», explique Loyrette. Le rez-de-cour est consacré ainsi aux œuvres datant du VIIe au XIe siècle, traitant des périodes «de la fondation à l'Empire» et de la «rupture à la recomposition du monde islamique». Le sous-sol, dit «parterre», contient, de son côté, les œuvres du XIe à la fin du XVIIIe siècle et notamment la prestigieuse collection de tapis. La première période est intitulée «Le deuxième souffle de l'Islam», tandis que la seconde retrace «Les trois empires modernes de l'Islam». Le Maroc au Louvre Dans cette diversité territoriale et historique, les œuvres provenant du Maroc occupent une place de choix dans le parcours de cette civilisation qui s'étend de l'Espagne à l'Inde et du VIIe au XIXe siècle. Au cours de son voyage au sein des différents volets de la création islamique, le visiteur des nouveaux espaces du Louvre pourra notamment découvrir des fragments des minbars de l'antique mosquée phare de Marrakech, la Koutoubia (2e quart du XIIe siècle), de la mosquée-université Al Qarawiyin (milieu du XIIe siècle) ou encore de la Medersa Bou Inaniya (milieu du XIVe siècle) de Fès. Il serait aussi tenté de s'arrêter près des «corbeaux de bois sculpté provenant de Fès et de Rabat et datés de l'époque Mérinide (XIVe siècle), selon Gwenaëlle Fellinger, directrice adjointe du département. Outre les créations artistiques d'origine marocaine, la collection met en vedette une panoplie de pièces issues d'une vaste aire géographique, dont une «aiguière d'al-Mughira» (Espagne, Cordoue, 968), une «tête de prince en stuc sculpté» (Iran, XIIIe siècle), un «baptistère de Saint Louis» (Syrie, second quart du XIVe siècle), et un «poignard à tête de cheval», Inde, XVIIe siècle. Au total, le nouveau département du Louvre réservé aux arts de l'Islam accueille sur une superficie de 2800 m2, des collections riches de plus de quinze mille objets, complétées par les 3.500 œuvres déposées par le Musée des arts décoratifs voisin. Ces œuvres qui témoignent de la diversité de l'inspiration et de la créativité des terres d'Islam sont mises en valeur dans des espaces «entièrement nouveaux et repensés», aménagés sur deux niveaux dans la cour Visconti, l'une des plus ornées du Palais du Louvre.