Il y a une majorité silencieuse au sein de l'Istiqlal qui n'arrive plus à avaler sa langue. C'est le principal message qu'a voulu transmettre Mhamed El Khalifa, membre du comité exécutif du parti de l'Istiqlal, lors d'une conférence de presse donnée hier matin. Avec l'approche de la date du 22 septembre, qui devra dévoiler enfin le futur leader du parti de la balance, la voix de ce membre qui a choisi d'exprimer les profondes inquiétudes d'une large frange du parti qui n'arrive pas à se voir ni dans Abdelawahed El Fassi, ni dans Hamid Chabat. «J'ai demandé à ce qu'aucun membre charismatique du parti ne s'associe au lancement de cet appel dans lequel j'ai inséré aussi des solutions pour la prochaine étape, afin de traverser cette crise inédite de l'Istiqlal qui risque de briser son unité», indique Mhamed El Khalifa, auteur d'un document de 12 pages dans lequel il lance un appel à l'union durant cette étape où les istiqlaliens sont tiraillés entre deux tendances apparemment inconciliables. «Les deux candidats ont eu recours à des méthodes indignes pour leur campagne, ce qui a porté atteinte à l'esprit d'union parmi les membres du parti», avance El Khalifa. «Il y a une responsabilité collective qu'il faudra assumer pour sortir de cette «tragédie», car tout le monde s'est arrêté de penser à l'avenir du parti». Comme 1ere mesure urgente, El Khalifa propose de reporter la date de l'élection programmée le 22 septembre pour calmer les esprits, sans pour autant proposer de solution quant au désistement de l'un des deux candidats. L'ancien ministre au sein du gouvernement de l'alternance suggère toutefois de mettre un terme aux méthodes qui ont prévalu jusqu'à présent dans la campagne menée par les deux candidats. La nouvelle feuille de route «Il faudra d'abord que les listes des membres du conseil national soient connues, avant que Hamid Chabat et Abdewahed El Fassi ne retirent leur candidature», propose El Khalifa dans son document traçant les étapes de la sortie de crise. D'autres amendements sont proposés pour la révision des règles d'accession aux postes influents au sein du parti, ainsi que la transformation des instances dirigeantes du parti en un comité de veille à la veille du choix du futur SG. La durée de vie de ce comité de veille s'étendra au maximum jusqu'au 11 janvier 2013 et tiendra des réunions hebdomadaires pour pouvoir aboutir à une solution de consensus .La nouvelle feuille de route propose également de laisser ouverte la session du conseil national, pour soit arbitre dans toutes les décisions à prendre. Mhamed El Khalifa, Membre du comité exécutif du parti de l'Istiqlal «Pour l'instant, je ne me propose pas comme alternative» Les Echos quotidien : Sur quelles bases, l'appel écrit que vous avez rédigé est-il parti ? Mhamed El Khalifa : La tragédie que traverse le parti ne peut pas laisser indifférent l'ensemble des membres sincères, qui ont une réelle conscience de la place de l'Istiqlal dans la stabilité et le développement du pays. J'ai voulu être franc et ne pas faire dans la langue du bois. En même temps, je ne prétends pas être pour l'instant la troisième solution ni me proposer en alternative, car je n'ai pas de solution miracle. Par contre, j'appelle à ne pas faire du secrétariat général du parti un enjeu en soi. Il s'agit d'un titre honorifique et son titulaire doit toujours susciter le respect des membres du parti. Cela, les deux candidats ne peuvent plus actuellement l'assumer, à cause de la guerre qui s'est déclarée entre leurs partisans. Est-ce que la crise actuelle est inédite, à votre avis ? Absolument. C'est la crise la plus aiguë que traverse le parti depuis sa naissance. La question ne se résume pas dans la bataille entre deux candidats, ce n'est que l'arbre qui cache la forêt. C'est l'unité du parti qui est menacée. Je peux assurer que certains istiqlaliens ne sont connus qu'à travers leurs postes ministériels. Le changement des statuts et des règles d'adhésion du parti ont été fatals, que ce soit lors du mandat de Abbas El Fassi ou lors du 16e congrès, dont tout le monde a pu découvrir les inconvénients du changement des lois internes du parti, qui sont devenues taillées sur mesure pour certaines personnes. Est-ce que vous êtes pour la tenue de l'élection du nouveau SG le 22 septembre ? Le 22 septembre n'est pas une date sacrée. Je propose que les élections soient reportées, probablement jusqu'au 11 janvier prochain, avec la symbolique de cette date. De même, il va falloir que les membres du conseil national soient connus par les istiqlaliens, car il ne faut pas oublier que les nouveaux membres sont toujours non identifiés. Il ne faut pas non plus privilégier les prochaines élections pour précipiter les choses, car les istiqlaliens sont réellement dispersés.