La saison estivale, habituellement propice à l'achat de climatiseurs pour ceux qui n'en possèdent pas, se sera révélée cette année une mauvaise affaire pour les professionnels du secteur. Redouane Alioua, président de l'Association marocaine des professionnels du froid (AMPF) n'y va pas par quatre chemins et avoue que la tendance est fortement à la baisse. «Cette année la saison estivale a été très moyenne pour l'activité malgré les vagues de chaleur de ces derniers mois. Les Marocains se sont concentrés sur le ramadan et la rentrée», explique-t-il. «Les professionnels ont donc plutôt traité des réparations que des ventes», précise Redouane Alioua. En attendant les chiffres officiels, le président de l'AMPF table sur une baisse des ventes estimée entre 15 et 20% sur la seule période estivale. Tourisme et immobilier en crise ne sont bien sûr pas étrangers à ces résultats négatifs. «Certains chantiers en cours ont été arrêtés. Et l'on sait bien que si un maillon de la chaîne est touché, tout le reste l'est», continue Redouane Alioua. Même son de cloche auprès des fabricants de climatiseurs. «Honnêtement, le marché de la climatisation en 2012 a été très difficile. La demande globale au Maroc s'est vue réduite par rapport à 2011 en raison de la situation économique du pays, des difficultés que connaissent les secteurs immobilier et touristique, ainsi que la crise en Europe qui affecte les MRE et par conséquent les revenus de leur famille au Maroc», confirme ainsi Youssef Berrada, chef de division B2B et climatisation chez LG. En parallèle, les prix semblent repartir à la hausse. «Certes, les prix ont connu une baisse significative d'environ 15% à partir de 2006, grâce à l'augmentation de la demande. Néanmoins, ces deux dernières années, les prix des climatiseurs ont plutôt tendance à augmenter en raison de l'augmentation des coûts des matières premières et de production avec l'explosion du prix du baril de pétrole, mais aussi en raison d'un taux de change défavorable, avec un dollar américain de plus en plus fort, notamment en 2012», nous explique Youssef Berrada. Le secteur souffre également d'un manque de réglementation au Maroc. «Aujourd'hui, on peut importer n'importe quoi. Le marché marocain n'est pas assez régulé et le consommateur n'est pas averti. On trouve par exemple sur le marché des produits qui consomment beaucoup trop d'électricité», explique ainsi Redouane Alioua. Le Maroc est un marché très concurrentiel, selon Berrada, avec la présence de tous les acteurs majeurs de la climatisation. «Un nombre croissant de marques intègre le pays vu que le marché est en pleine croissance et que le taux d'équipement des Marocains reste toujours faible. On remarque de plus en plus de produits vendus sur le marché sous différentes appellations, et notamment des produits chinois qui sont en train d'attaquer le marché avec des prix réduits, en délaissant le volet qualité, et donc la santé des consommateurs», conclut Berrada. «Tout est à revoir. Et pour y parvenir, nous avons déjà rencontré le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies», poursuit-il. Les marchés publics, principaux acheteurs de climatiseurs dans le B2B, commencent d'ores et déjà à imposer des critères de classification énergétique. Il n'empêche que les importateurs ne suivent pas. Youssef Berrada,Chef de division B2B et climatisation chez LG. Les Echos quotidien : Combien d'unités de climatiseurs avez-vous vendu entre mai et août ? Youssef Berrada : Nous n'avons pas encore les données relatives au marché global, mais au niveau de LG Electronics, nous avons écoulé environ 40.000 unités sur la période estivale. Quelle est votre part de marché estimée ? Pour ce qui est de la part de marché, ce chiffre est fourni par un cabinet d'étude indépendant (GFK). Ce dernier nous place en leader sur le marché marocain avec plus de 35% de parts de marché. Que représente précisément la saison estivale pour vous par rapport au reste de l'année ? La climatisation est un marché plutôt saisonnier, surtout pour la climatisation résidentielle. Cette saison pèse entre 60 et 65% de notre chiffre d'affaires annuel. Comment le secteur de la climatisation arrive-t-il à se dynamiser ? Au Maroc, le marché lui-même est de plus en plus important avec une augmentation de la demande due à l'augmentation de la population, au changement de style de vie et d'habitat, mais aussi au changement climatique qui affecte le pays. Le développement se fait aussi sous d'autres axes. L'innovation joue un rôle très important, avec d'abord l'introduction de l'innovation en design. Il y a aussi l'innovation technologique avec des climatiseurs intégrant des filtres purificateurs d'air pour répondre à des besoins spécifiques, surtout pour les personnes souffrant d'allergies ou d'asthme et puis l'innovation concernant la puissance de refroidissement. La prochaine étape sera l'introduction sur le marché de produits dotés de la technologie Inverter permettant d'économiser jusqu'à 50% d'énergie.