La Bourse de Casablanca continue à recenser les dégâts des sociétés cotées. En effet, la conjoncture internationale poursuit ses dommages sur les performances des sociétés et n'épargne pratiquement aucun secteur à la cote. Après la sidérurgie, les BTP ou encore l'industrie gazière, c'est au tour du secteur des services informatiques, en l'occurrence la Société maghrébine de monétique (S2M), d'annoncer une alerte sur ses réalisations semestrielles. Fraîchement inscrit à la cote casablancaise (depuis le 27 décembre 2011), le spécialiste de solutions monétiques et de moyens de paiement affiche au terme du premier semestre 2012, un résultat net en baisse de 9,7% par rapport à la même période une année plus tôt. L'activité n'est toutefois pas affectée, comme en témoigne la progression annoncée du chiffre d'affaires de l'opérateur. Selon le management de S2M, les réalisations sont dues essentiellement à la conjonction de trois facteurs. Ainsi, le premier handicap et non des moindres se voit lié à l'impact de la conjoncture internationale sur les ventes de solutions à l'export. En effet, la demande extérieure a fortement reculé durant la première partie de 2012, tirant à la baisse les performances de la plupart des secteurs exposés à l'export. Le second facteur est constitué par la concurrence sur les ventes de moyens de paiement au niveau local. Constat : une pression relativement accrue s'est exercée sur les marges de la société, traduisant la baisse du résultat net semestriel. Enfin, le troisième facteur restrictif concerne le niveau de provisionnement des créances sur des pays fortement exposés à des crises politiques ou évoluant dans des conditions économiques singulières. Cependant, le management de S2M reste confiant quant aux perspectives de croissance et de consolidation des fondamentaux de la société pour cette année. Ainsi, il annonce que les résultats annuels de l'exercice 2012 devraient s'inscrire à la hausse par rapport à 2011, tout en restant inférieurs aux prévisions du Business Plan (BP). Pour rappel, le BP initial tel qu'il a été présenté lors de l'introduction de la société en Bourse prévoyait un chiffre d'affaires de près de 160 MDH pour 2012. Cela dit, la concordance avec les prévisions n'est toujours pas au rendez-vous. Pour 2011, le chiffre d'affaires s'était élevé à 138,6 MDH contre 145 MDH promis, le résultat d'exploitation était de 23,5 MDH, contre 27,7 et surtout un résultat net de 14,2 MDH, contre 19,6 supputés. Le même scénario risque de se reproduire cette année. En effet, le management de S2M avait justifié les contre-performances de 2011 par la crise mondiale et l'instabilité politique, particulièrement dans ses marchés traditionnels en Afrique et au Moyen-Orient. Cette situation a eu pour effet la baisse des commandes, ainsi que le ralentissement de certains projets. Cela a également poussé la société à opérer des provisionnements de créances d'exploitation dans les marchés jugés à risque. Malgré tout, S2M entend poursuivre la mise en œuvre de sa stratégie de développement de l'ensemble de ses activités, en capitalisant sur sa forte dimension régionale et internationale. En Bourse, le titre S2M n'échappe pas à la conjoncture. Introduite au cours de 325 DH, l'action de l'opérateur s'échange à 212 DH (cours de la séance du 03/09/2012). La contreperformance pour cette année s'élève à 33,75%, soit l'une des plus fortes sur le marché. D'ailleurs l'ensemble des sociétés du même secteur est sur le même trend. Pour 2011, le conseil d'administration a proposé la distribution d'un dividende de 19 dirhams, soit un montant de 15,2 MDH à partager entre les actionnaires de S2M, ce qui correspondant à un taux de distribution de 106,7 %. Ce niveau de dividende offre un rendement brut assez intéressant de 8,64 %. Abdelaziz Daddane, Président du directoire de S2M. Les Echos quotidien : Lorsqu'on évoque la notion de «profit warning», l'on a l'impression que la société est en mauvaise passe. Qu'en est-il de S2M ? Comment se comporte l'activité de l'opérateur ? Abdelaziz Daddane : Pas du tout. Les activités de S2M se portent bien et ne sont pas en manque d'espace. Certes, nous subissons de plein fouet les effets d'une conjoncture défavorable vu notre niveau d'exposition sur certains pays fortement impactés par la crise. Une situation qui s'est traduite par un certain tarissement sur la demande ainsi qu'une augmentation du niveau des provisions. Cela implique plus de pressions sur les marges. Par conséquent, la baisse est plus prononcée sur le résultat d'exploitation et de facto sur le résultat net. Cela dit, nous restons très attentifs à l'évolution de la conjoncture tout en mettant les moyens nécessaires pour y remédier. Justement, concernant la maîtrise de l'exposition face aux risques, quels sont les pays qu'il a été jugé nécessaire de provisionner ? En effet, le niveau des provisions diffère d'un pays à l'autre en fonction du degré d'exposition de chacun. Selon les estimations du management, il a été jugé raisonnable de porter des provisions sur des pays tels que la Syrie ou encore l'Iran. Deux marchés qui présentent des conditions politiques ou encore économiques particulières. Comment voyez-vous le comportement de l'activité et des performances de S2M pour l'année 2012 ? Il n'y a aucune inquiétude sur l'évolution de l'activité pour cette année. Nous prévoyons une bonne tenue de cette dernière dans le sens où le chiffre d'affaires poursuit son évolution par rapport à l'exercice précédent parallèlement au développement de l'activité. Pour cet agrégat, nous restons en ligne avec notre Business Plan initial. Concernant le résultat net 2012, il sera à son tour en progression par rapport à l'année précédente mais se voit toutefois légèrement en deçà des prévisions.