Au Maroc, et en ces temps de rentrée littéraire, il a souvent été question d'attendre le Salon international de l'édition et du livre (SIEL). Et si, à titre d'exemple, le magazine «Livres Hebdo» a annoncé 646 romans comme chiffre de la production éditoriale française publiée entre la mi-août et la mi-octobre, annonçant ainsi le début de la course aux prix littéraires, au Maroc, la rentrée reste essentiellement scolaire. Les libraires parlent même d'une baisse palpable des ventes en août comme c'est le cas du Carrefour des livres et des arts de Casablanca, avec une reprise prévue au mois de septembre. Une reprise qui est due – comme on peut s'en douter – au livre scolaire. Ainsi, la rentrée littéraire ne commence qu'aux alentours du mois de novembre pour durer jusqu'au SIEL au mois de février. Ce n'est que durant cette période que l'édition nationale s'active pour se préparer au rendez-vous avec le livre international, durant le salon. Néanmoins, 15 salons régionaux du livre sont prévus en cette période de rentrée, ainsi que diverses manifestations culturelles telles que des festivals et des conférences, apprend-t-on auprès de la Direction des livres, des bibliothèques et des archives au ministère de la Culture. Du côté des prix littéraires, et après le franc succès de ses deux précédentes éditions, le palace de la Mamounia prépare la troisième édition de son prix littéraire (www.lesechos.ma), le palace - qui se veut mécène de l'art et de la culture - a donc choisi la date du 29 septembre pour faire une promotion de la littérature marocaine francophone. Les écrivains du Maroc réédités En outre, et à l'occasion de son 50e anniversaire et de la tenue de son 18e congrès national, l'Union des écrivains du Maroc (UEM) vient d'éditer dix livres qui viendront étoffer les rayons des libraires durant cette période de rentrée. Un deuxième lot de publications sera édité avant la tenue du congrès, prévu les 7 et 8 septembre prochain. Parmi les livres réédités, on compte plusieurs essais en langue arabe comme, «La poésie arabe contemporaine au Maroc» de Hachim Raïssouni, ou «Le soufisme et les contes», de Khaled Akalaï, qui est une sorte d'identification du legs soufie dans le conte marocain. On compte aussi l'essai «L'intellectuel marocain : de l'organique au virtuel» de Abdeddine Hamrouch, «Discours des textes entre le roman arabe et le roman mondial» de Mohamed Douhou, ou encore «La passion de la pensée et de la vie» de Kamal Abdellatif. La rentrée marocaine de l'Hexagone Par ailleurs, du côté de la littérature francophone, la rentrée littéraire française comprend deux sorties marocaines. L'écrivain marocain Tahar Ben Jelloun revient ainsi en librairie avec «Le bonheur conjugal» chez Gallimard. Six mois à peine après son recueil de poèmes paru en mars dernier chez Gallimard toujours, «Que la blessure se ferme», Tahar Ben Jelloun revient pour cette rentrée avec ce nouveau roman qui narre l'histoire d'un couple au bord de la crise de nerfs. Une histoire de désillusion qui se passe à Casablanca au début des années 2000 et dont les protagonistes sont un peintre célèbre condamné à l'handicap et sa femme. Puis, le dernier roman d'Abdellah Taïa, «Infidèles» sorti aux éditions Le Seuil, narre le quotidien de Jallal et de sa mère, Slima, une prostituée marocaine que le jeune homme aide dans la recherche de ses clients. Taïa espère ainsi dépeindre «la quête spirituelle nourrie par l'humiliation de deux personnages marginalisés par la société, partis à la recherche d'un sens à donner à leur existence». Maalouf, Nothomb et les autres... Toujours du côté de la rentrée littéraire française, et selon le Figaro, on publie de moins en moins de premiers romans : seuls 69 nouveaux auteurs ont eu la chance d'être choisis par les maisons d'édition en 2012, alors qu'ils étaient, à titre de compraison, 121 en 2004. Bien sûr, chaque rentrée littéraire possède ses vedettes. Ainsi et pour cette rentrée, le grand romancier Amine Maalouf, récemment reçu à l'Académie française, est de retour cette rentrée avec «Les désorientés», chez Grasset. Signant ainsi son grand retour au roman, ce dernier qui s'inspire beaucoup de la jeunesse de l'écrivain. Amélie Nothomb par contre, réécrit son conte préféré : «Barbe Bleue», publiant ainsi son 21e roman. Que vaut donc ce «Barbe bleue» à la sauce 2012 ? Il passe avec succès, selon L'Express. Périple dans lequel l'héroïne, Saturnine, se demande quel secret terrifiant se cache dans la chambre noire dans laquelle son logeur et co-locataire lui a interdit de se rendre. Ce logeur est à lui seul un poème: pour renouveler Perrault, Nothomb a créé comme tueur d'épouses un archaïquissime personnage, comme elle seule sait les inventer. Athar Housni