L'épopée prononcée, lundi dernier, par le souverain marocain Mohammed VI, à l'occasion du 59e anniversaire de la révolution du roi et du peuple, constitue une résurrection consentie à l'éducation et la formation des jeunes Marocains. Certes, le discours royal véhicule des messages «Hard» tous azimuts : volet politique, économique et social et même culturel et cognitif. Le propos de cette contribution est de décrypter et de se cantonner uniquement sur le message ultra-économique du discours du 20 août 2012 du souverain marocain et ses corollaires économiques sur le tissu productif marocain. La missive économique du discours royal met en exergue un vecteur crucial et vital pour le processus de croissance et de développement économique, en l'occurrence, l'éducation considérée, à notre sens, comme une courroie de transmission et de captation de l'investissement, source du développement économique et credo de toute politique économique du Maroc, quels que soit le sigle et la couleur du gouvernement. Cinq apostrophes économiques confirment notre assertion Primo, les dragons asiatiques de première et de seconde générations auraient-ils connu un rush du capital étranger sans une politique délibérée de l'Etat, étayée sur l'éducation des compétences locales à savoir la jeunesse du Sud-Est asiatique ? Secundo, sans investissement dans l'éducation et dans le jeunesse, la Chine aurait-elle eu voix au chapitre dans les relations économiques internationales en devenant la mecque des firmes multinationales (qui sont le levier important de l'investissement et du transfert technologique) et une des premières puissances mondiales, avec un taux de croissance qui atteignait, durant des années, les 2 chiffres ? Tertio, au regard des contraintes impitoyables du Just In Time, d'Efficient Consumer Response et de Quick Response, paradigmes actuels de l'économie internationale, les firmes transnationales ne dénichent-elles que des régions, des territoires dont le capital humain est «méga formé et éduqué» à même de répondre aux critères d'un marché extérieur intransigeant et inexorable, en termes de coûts, de qualité de produit et de délais de livraison ? Quarto, Les enquêtes du ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies relatives aux déterminants économiques de localisation des investisseurs et promoteurs économiques n'ont-elles pas conclues que l'échantillon questionné consent un rôle crucial à la qualité de la main-d'œuvre pour une décision d'investissement dans le tissu économique marocain ? Ultimo, les investigations de l'institution de Brettons Woods (Banque mondiale) n'ont pas mises en bouc émissaire le sévère déficit d'éducation de base comme frein à la productivité et par ricochet à l'investissement ? La modeste attraction du Maroc pour l'investissement peut être expliquée par les modulations et les métamorphoses opérées au niveau des déterminants économiques dans l'arène économique mondiale : Les investisseurs ne se dirigent pas là où la main-d'œuvre est moins onéreuse, mais là où la jeunesse est plus qualifiée et «mouillée» de connaissances et de know-How. L'attractivité de l'investissement et le développement économique ne s'érigent pas par la richesse et le PIB des ressources naturelles, mais par la richesse et la valeur ajoutée des ressources des jeunes formés et instruits. À-t-on besoin de sous-traiter études et consulting pour arriver à ce postulat patent et indubitable ? Avons-nous besoin de montagnes accouchant d'une petite souris et des bureaux d'études internationaux pour «piger» cet axiome économique ? Il me semble que nous avons besoin de nous regarder dans le miroir, de nous dire nos quatre vérités en face et de crier fort que l'essentiel est en nous pour découvrir les trésors du développement économique, les diamants de l'attractivité de l'investissement, de l'emploi et de la véritable richesse économique du Maroc. Ceci nous amène vers l'épître et le message du discours royal relatif aux vertus économiques de l'investissement dans l'éducation et la matière grise des jeunes Marocains. Quels sont les corollaires économiques de l'investissement dans l'éducation ? Quels sont les spillovers vertueux de la formation des jeunes Marocains ? Quelles sont les externalités positives à tirer de la formation des générations montantes du Maroc ? La réponse est que : Grâce à un meilleur ciblage d'une politique d'éducation-formation de jeunes Marocains du 3e millénaire en parfaite symbiose avec les mutations cognitives actuelles et futures, qui ne cessent de chambouler la donne économique, notre tissu industriel marocain récolterait et tirerait profit de plusieurs sphères économiques : Le Maroc deviendrait un site économique de prédilection pour des industries de pointe nécessitant un haut stock de connaissances et par ricochet la diffusion d'externalités économiques positives en termes de transfert de technologie et de développement des compétences autochtones, Les firmes multinationales et les investisseurs étrangers ne vont pas délocaliser leurs technologies au Maroc pour réexporter l'essentiel vers le marché extérieur, mais elles chercheraient un partenariat local et des joint-ventures, ce qui hisserait l'entreprise marocaine aux meilleurs standards internationaux : cela serait un succédané au financement de l'upgrade économique, une pérennisation de l'investissement productif et un ancrage territorial des grandes unités interterritoriales pour paraphraser l'économiste français et proche de l'école de François Perroux, Maurice Byé. Notre système éducatif sera rivé et arrimé à l'économie du savoir, ce qui aplanirait le gap et l'hiatus qui creusent la trilogie «Evolution technologique-besoins du monde économique-besoins du marché du travail». La concrétisation de ces séquences vertueuses passe inéluctablement par l'investissement dans le jeune Marocain afin qu'il secrète les «exponentiels» de l'investissement, de la productivité et de l'emploi. Si l'économiste Jean Bodin dans, les «Six livres de la république française», dissertait son célèbre aphorisme économique «Il n'est de richesse que d'hommes», j'épilogue mon propos «Il n'est de richesse que de jeunes Marocains éduqués, formés, épanouis» car, in fine, toi, oui toi jeune Marocain : «Rien de ce qui existe en ce monde n'est en dehors de toi. Cherche bien en toi-même ce que tu veux être puisque tu es tout. L'histoire entière du monde sommeille en chacun de nous».