«Les avantages que procurent le positionnement géographique et la proximité des grands marchés ne peuvent être optimisés sans le développement des différents segments des activités de transport et de logistique de commerce», c'est la principale conclusion que vient d'établir le Centre marocain de conjoncture (CMC). Dans sa dernière lettre mensuelle, le centre d'analyse économique est revenu sur la dynamique du secteur du transport au Maroc et sur ses différents impacts sur l'économie nationale, à la lumière d'une étude portant sur «la stratégie intégrée du développement de l'infrastructure du transport au Maroc et ses retombées sur l'économie nationale». Selon le CMC, l'analyse des mutations que connaît le secteur au Maroc et au niveau international ainsi que la conjoncture actuelle, fait ressortir que «le développement de l'infrastructure de transport constitue le meilleur levier pour booster la croissance à un niveau suffisamment élevé pour permettre l'amélioration du niveau de vie de la population». Les experts du Centre ont ainsi relevé le fait que depuis le lancement des grands chantiers structurants, on a assisté au renforcement de la résilience de l'économie nationale aux chocs exogènes, naturels et externes. «À la différence de la période 1980-1997 qui fût caractérisée par la baisse du PIB à six reprises, concomitamment aux baisses enregistrées au niveau de la valeur ajoutée agricole et de l'investissement national depuis 1998, la croissance n'a jamais été négative malgré les contreperformances fréquentes enregistrées par le secteur primaire», illustre le CMC. Pour ce dernier, «cette résilience aux chocs s'explique par l'importance de l'investissement national, dont une grande partie est consacrée à l'infrastructure du transport». En 2012, le secteur s'adjugeait 36% du PIB avec une valeur de 333 MMDH contre à peine 18/20% durant la décennie des années 80. Dans son étude, le CMC a accordé un intérêt particulier au transport ferroviaire et notamment aux enjeux du lancement de l'extension de la ligne de chemin de fer, à partir de Marrakech en direction de Laâyoune et Dakhla. «Cette nouvelle initiative constituerait le meilleur levier pour élargir les frontières de la croissance au double plan spatial et social et sceller définitivement l'unité nationale», note le CMC qui revient sur le retard accusé par le Maroc sur le plan des infrastructures, depuis l'indépendance jusqu'au début des années 2000. L'étude a également mis en relief le développement spectaculaire des programmes routiers et autoroutiers, statuant sur le constat que le transport et les services logistiques comptent parmi les facteurs essentiels qui conditionnent les performances de production et le niveau de compétitivité. Pour le CMC, «l'intensification de la concurrence sur les marchés, tant au niveau interne qu'externe, impose de plus en plus la maîtrise des coûts relatifs aux flux des produits». L'économie toujours en panne Le CMC est aussi revenu sur la situation économique nationale pour l'année 2012 et les perspectives qui se profilent à l'horizon. Dans ce sillage, l'observatoire privé a alerté sur le risque de détérioration, et même d'une nette aggravation, des principaux équilibres macroéconomiques en 2012 et 2013. Pour le CMC, «la baisse des perspectives de croissance de 2012 qui ne dépasseraient pas dans le meilleur des cas les 3%, soit la moitié de celle enregistrée en 2011, est le signe annonciateur d'une basse conjoncture au Maroc». De telles perspectives de repli de l'activité économique ont amené le CMC, «à réévaluer l'appréciation et la notation attribuée à l'économie nationale et à attirer l'attention des responsables de la politique publique à agir vite, afin d'entreprendre des mesures contracycliques de nature à relancer la croissance au Maroc». Entre autres mesures sur le court terme, les experts du CMC persistent à recommencer l'amnistie fiscale. Pour le CMC, cette amnistie «ne signifie nullement l'abandon par l'Etat de ses créances, mais une mesure permettant au Trésor d'engranger des recettes fiscales et surtout d'apaiser les inquiétudes des opérateurs». À plus longue échéance, le CMC préconise «une nouvelle génération de réformes en phase avec les attentes de la population». En tout cas, a conclu le Centre dirigé par le député et économiste Habib Malki, «la prochaine loi de Finances pour l'exercice 2013 serait le cadre idéal pour la mise en place de telles mesures de relance».